Le Journal de Montreal - Weekend

STÉPHAN BUREAU CONTINUERA DE PRENDRE DES RISQUES

Connu pour ses grandes entrevues à la télévision et à la radio, Stéphan Bureau se réjouit de la liberté que le balado Contact lui procure et des risques que ce projet lui permet de prendre.

- ALEXANDRE CAPUTO

« J’étais tenté d’avoir une tribune où je n’avais pas à demander la permission avant de recevoir quelqu’un », explique Stéphan Bureau, rencontré par Le Journal dans le cadre du premier anniversai­re de son balado, Contact.

Au cours de la dernière année, M. Bureau a reçu en entrevue plusieurs personnali­tés qui amenaient des points de vue peu ou pas du tout véhiculés dans les médias de masse, concernant des sujets d’actualité. Le poète, auteur et traducteur aux origines russes, André Markowicz, qui soutenait que l’Occident n’est pas assez radical dans ses démarches pour contrer l’invasion russe en Ukraine, en a été un bon exemple.

« C’est le principe [du balado] ; s’exposer à des points de vue parfois divergents et à des penseurs qui ne sont pas présents dans les grands médias », mentionne celui qui compte plus de 40 ans d’expérience dans le domaine de l’informatio­n. « Je constate qu’il y a des points de vue qui sont de moins en moins audibles, dans des organisati­ons de plus en plus frileuses à la controvers­e », note-t-il, en précisant qu’être en accord avec ses invités est loin de lui être nécessaire.

Ce genre de controvers­e, M. Bureau l’a connu. En 2021, après une entrevue réalisée avec le docteur Didier Raoult, reconnu pour ses propos controvers­és concernant les traitement­s de la COVID-19, il avait été blâmé par l’ombudsman de Radio-Canada, Pierre Champoux. C’est à la suite d’une plainte déposée par une journalist­e scientifiq­ue qui a écouté l’entrevue que ce dernier a jugé que l’animateur avait enfreint les normes et pratiques journalist­iques de Radio-Canada, en ne confrontan­t pas assez son invité sur l’exactitude de ses propos.

FAIRE CONFIANCE AU JUGEMENT DES GENS

« Tu ne commets pas un crime en exposant les gens à une pensée, aussi provocatri­ce soit-elle », soutient M. Bureau, qui estime que les médias et la société en général craignent d’être bousculés, ou dérangés, dans leurs croyances établies.

Selon lui, le monde de l’informatio­n ne devrait pas trier « en amont ce qui peut être lu ou entendu » sous le prétexte que les gens ne seraient pas capables d’exercer leur jugement.

« Penser, pour moi, c’est prendre le risque de changer d’idée, et c’est surtout d’éviter de se conforter dans ce qui est doux et agréable [...] je n’ai pas envie de pratiquer mon métier en m’assurant tout le temps de ne pas prendre de risques », mentionne-t-il.

UN SOUHAIT POUR 2024

De toutes les personnali­tés aux idéologies et aux points de vue qui sortent des sentiers battus, c’est avec le chef du Parti conservate­ur du Canada, Pierre Poilievre, que Stéphan Bureau souhaitera­it discuter en 2024.

L’animateur de Contact garde espoir, même si M. Poilievre a décliné toutes ses demandes d’entrevues au cours de la dernière année.

« J’aurais des questions sur ses motivation­s personnell­es », explique M. Bureau. « Je serais curieux de savoir qui il est vraiment, j’ai l’impression qu’il est toujours à se définir caricatura­lement [...] j’aimerais le confronter sur ses opinions et son programme politique, pour aller au bout de ses idées et voir de quel bois il se chauffe. »

Le balado Contact est disponible sur YouTube et sur le site internet de QUB radio.

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BALADO CONTACT
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