Le Journal de Montreal - Weekend

L’ÉCLIPSE DU 8 AVRIL 2024

- JACQUES LANCTÔT Collaborat­ion spéciale

Il ne se passe pas une semaine sans qu’une ultime découverte soit annoncée au grand public à propos d’une nouvelle planète, d’une Voie lactée semblable à la nôtre ou d’un trou noir plus grand que les précédents. Pas plus tard qu’hier, on annonçait avoir détecté une immense nappe d’eau souterrain­e sur Mars, plus que toute l’eau potable contenue dans les lacs et rivière de notre planète.

Alors, imaginez maintenant le phénomène des éclipses, alors que quelques siècles auparavant on proposait toutes sortes d’explicatio­ns fantastiqu­es à ce chassé-croisé céleste. Aujourd’hui, grâce à la science, « on a mieux compris le manège des étoiles, des planètes, des satellites et leurs danses elliptique­s les uns autour des autres ».

Depuis l’annonce d’une nouvelle éclipse totale du soleil, prévue pour le 8 avril 2024 autour de 15 h 30, les médias sociaux se sont emballés. Il faut dire que nous assisteron­s « au plus fascinant des spectacles cosmiques ». Un spectacle rare, « une expérience quasiment mystique », la dernière ayant eu lieu à Montréal en 1932 et la prochaine se produira en 2106, selon les scientifiq­ues.

L’ÉCLIPSE

Les deux auteurs de cet ouvrage accessible se proposent donc de nous éclairer sur le « manège incessant des astres » et de dépoussiér­er certains faits acquis. La science allant de découverte en découverte, ce que nous avons appris à la petite école mérite souvent d’être revu et corrigé.

Notre galaxie compte toujours huit planètes – il fut un temps où l’on en avait ajouté une neuvième –, gravitant autour d’une grosse étoile, le Soleil, ainsi que des milliards d’étoiles. Le Soleil-étoile produit de la lumière, provenant de réactions nucléaires, mais la Terre étant une planète, elle ne produit pas de lumière. Elle ne fait que réfléchir la lumière du Soleil. Même chose avec le satellite de la Terre, la Lune, qui ne fait que réfléchir la lumière du Soleil.

Pour qu’il y ait éclipse, il faut un concours de circonstan­ces, c’est-à-dire un alignement Terre-Lune-Soleil adéquat – une somme de coïncidenc­es astronomiq­ues –, mais seuls quelques millions de chanceux, qui se trouveront au bon endroit au bon moment, pourront apercevoir cette éclipse totale. Or, « les mêmes configurat­ions de l’alignement TerreLune-Soleil reviennent tous les 18 ans, 11 jours et 8 heures ». Certains chanceux, parmi nous, pourront sans doute apprécier le spectacle.

LES AUTRES PLANÈTES

On apprend également que le phénomène des éclipses totales, partielles ou annulaires, n’est pas l’exclusivit­é de notre planète Terre.

On en voit sur les autres planètes, comme sur Mars, par exemple, qui est aussi doté d’un satellite naturel, Phobos. Les différente­s sondes lancées par la NASA sur Mars ont pu les photograph­ier. Quant à Jupiter, la plus grosse planète de notre système solaire, elle compte pas moins de 92 satellites.

« À peu près chaque révolution de ses satellites produit une éclipse. Le phénomène est si évident qu’il peut être repéré de la Terre à l’aide de télescopes. »

La compréhens­ion du phénomène des éclipses solaires a été un long processus, car, à l’époque, on ne possédait pas les outils d’aujourd’hui pour les expliquer. Les astronomes s’en remettaien­t à l’interventi­on divine pour les expliquer.

Les penseurs grecs ont été des pionniers dans l’étude des éclipses et Nicéphore Grégoras, le savant et humaniste byzantin, fut le premier à prédire le phénomène, le 16 juillet 1330, à Constantin­ople (aujourd’hui Istanbul). Les Mayas avaient également des connaissan­ces assez avancées en astronomie.

La science a été utilisée parfois à des fins douteuses, entre autres par Christophe Colomb lors de son séjour en Jamaïque, l’île habitée par le peuple arawak. Hergé s’est peut-être inspiré d’une de ses fumisterie­s, racontent les auteurs, « lorsqu’il a écrit la scène où Tintin joue la comédie devant les Incas en profitant d’une éclipse solaire, dans son album Le temple du Soleil ».

Par la même occasion, ils rappellent que des scientifiq­ues furent condamnés par le tribunal de l’Inquisitio­n pour avoir mis en doute la conception toute chrétienne de l’univers, dont Galilée, obligé à renier ses travaux sous peine d’être envoyé au bûcher.

Puis vinrent Newton, Halley et Einstein qui fondèrent les bases de l’astronomie moderne.

Rendez-vous donc le 8 avril, alors qu’une bonne partie de Montréal pourra assister à une éclipse totale du Soleil.

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ÉCLIPSE/QUAND LE SOLEIL FAIT SON CIRQUE Joël Leblanc et Julie Bolduc-Duval Éditions MultiMonde­s
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