Le Journal de Montreal - Weekend

CE QUE NOÉ LIRA AIME LIRE

Alors qu’on peut la voir dans la deuxième saison de L’empereur, la comédienne Noé Lira nous dit ce qu’elle a aimé lire au cours de ces dernières années.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Vous vous souvenez d’un roman que vous n’avez littéralem­ent pas été capable de lâcher du début à la fin ?

Je pense tout de suite à un roman de Khaled Hosseini qui s’intitule Les cerfs-volants de Kaboul. Avec ce livrelà, j’ai pleuré pour la première fois en lisant des mots. Il y a quelque chose de bouleversa­nt dans cette histoire d’amitié marquée par la trahison. Et si elle se déroule dans les années 1970, ce qui y est raconté est encore vraiment présent avec tout ce qui se passe du côté de la bande de Gaza.

Plus récemment, avec quel autre roman avez-vous vécu la même chose ?

Nauetakuan, un silence pour un bruit, le premier roman de Natasha Kanapé Fontaine. Il y a dans ce livre une imagerie tellement impression­nante. L’histoire est très axée sur la recherche d’identité, sur le retour aux sources, le retour au territoire. J’ai trouvé ça touchant, envoûtant. J’ai beaucoup aimé.

Jusqu’à présent, quels livres ont été pour vous d’énormes coups de coeur ?

√ La femme qui fuit d’Anaïs BarbeauLav­alette. L’autrice a engagé une détective privée pour retracer le parcours d’une grand-mère qu’elle n’a pas connue. Un vrai bijou sur la filiation, la liberté.

√ Par-delà les frontières du corps ,un essai de Silvia Federici. On le sait, nos corps sont transformé­s physiqueme­nt par notre mode de vie. L’autrice fait comme un portrait de l’histoire de nos corps. Elle nous explique comment les événements pivots de notre société (la révolution industriel­le, le développem­ent interplané­taire, etc.) ont amené toutes ces transforma­tions. Elle nous explique aussi comment se réappropri­er notre corps. Un livre fascinant.

√ La vie habitable de Véronique Côté. C’est un texte d’une beauté renversant­e et d’une vérité désarmante. L’autrice part de la prémisse qu’on a besoin de la poésie dans notre vie, au même titre qu’on a besoin d’eau. Elle parle de comment le sens du beau vient modifier l’expérience, de comment la poésie rend la vie habitable. √ Les luttes fécondes : libérer le désir en amour et en politique de Catherine Dorion. Cet essai parle d’engagement, d’amour, de politique. Quelle est notre relation au désir d’aimer ou de se tenir debout ? Qu’est-ce qui nous dit qu’on ne peut pas inventer d’autres modèles, ouvrir d’autres horizons ? C’est un livre qui vient déboulonne­r plein de choses, autant en amour qu’en politique. Je l’ai trouvé inspirant.

√ Je termine avec une pièce de théâtre, Le langue-à-langue des chiens de roche de Daniel Danis. Elle a été écrite en 1998, et elle est fantastiqu­e ! C’est elle qui m’a fait réaliser qu’on pouvait jouer autant avec les mots et que la langue pouvait aussi être évocatrice. On y suit le parcours d’une jeune fille qui est très seule. Une pièce symbolique, dont la langue est faite pour être dite.

Quelle a été votre toute dernière belle découverte ?

À propos d’amour de Bell Hooks, une autrice afro-américaine féministe. Son postulat ? Et si l’amour n’était pas un sentiment, mais un acte. Elle parle donc de toutes les formes d’amour (l’amour de soi, l’amour de Dieu, etc.), et demande si l’amour était un choix, comment est-ce que ça bougerait ces relations-là. On tient pour acquis qu’on sait aimer, mais ça ne veut pas dire qu’on s’y prend bien…

Vous pouvez nous parler d’un livre qui vous a aidée dans la vie ?

Oui, il y a un livre qui m’a vraiment été utile : Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés. À travers les contes et les légendes, cette autrice étatsunien­ne ouvre la voie pour qu’on puisse se reconnecte­r à la femme sauvage, instinctiv­e, qui nous habite toutes. J’ai lu ce livre-là à un moment où j’étais très perdue et il m’a aidée à retrouver ma route.

Vous vous rappelez le tout, tout premier roman que vous avez vraiment aimé ?

Ça a été Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas. Je devais avoir dans les 12 ans quand j’ai découvert cette épopée enlevante. Accroupie, avec le faisceau de lumière en dessous de la porte, je la dévorais le soir. J’ai ressenti la douleur d’Edmond Dantès, j’ai assisté à la transforma­tion de ce personnage. Pour moi, c’était comme un film. Je voulais absolument savoir ce qui allait arriver ensuite !

Qu’est-ce que vous avez l’intention de lire cet hiver ?

Très certaineme­nt de la poésie et des essais. Il faut que j’aille bientôt dans une librairie. J’ai envie de découvrir plus de plumes latino-américaine­s. Je vais aussi sûrement lire Dis merci de Camille Paré-Poirier, dont je pense que c’est le premier roman. Elle aborde le thème de la maladie, mais du point de vue d’une enfant.

Et en ce moment, que lisez-vous ?

Kanatuut, un recueil de nouvelles de Natasha Kanapé Fontaine. Je suis fan, quoi !

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