Le Journal de Montreal - Weekend

Vive la télé qui brasse !

-

C’est peut-être un cliché : la télé qui nous « ressemble » est une télé qui nous « rassemble ».

Mais quand je regarde les premières positions du palmarès des émissions qui ont marqué le Québec, je ne peux pas m’empêcher d’être d’accord avec cette vérité. Le monde du hockey de Lance et compte, le « steak, blé d’Inde, patates » de La petite vie ou les amours d’Ovila et Émilie dans Les filles de

Caleb, c’est une télé profondéme­nt, essentiell­ement québécoise, qui parle de nous, de notre terroir, de notre patrimoine, de nos obsessions.

Oserais-je dire « de notre identité » ? Oui ! Elles font partie de notre ADN, ces émissions qui n’auraient pas pu émerger d’un cerveau coréen, d’une plume norvégienn­e ou d’un rouleau compresseu­r américain.

Il faut mettre dans une catégorie à part la superbe série Un gars, une

fille. Justement parce qu’elle touchait un sujet universel (les différence­s hommes/femmes, les relations de couple), la série de Guy A. Lepage a connu un succès internatio­nal au-delà de toute espérance. Qui aurait cru que Sylvie et Guy se retrouvera­ient à Abou Dabi (sous le titre Adam wa Hawa), au Mexique (Tal para cual) ou en Slovénie (Da dragi ! Da drag ! )?

Mais une autre chose me frappe : toutes les émissions qui se trouvent dans les premières places du palmarès sont des émissions qui ont innové, tant dans le fond que dans la forme, preuve que les Québécois aiment l’innovation et n’ont pas peur de la nouveauté. Ils embarquent dans l’aventure quand des créateurs pensent « en dehors de la boîte ». Ils aiment se faire brasser. Se faire brasser par Janette qui brisait tous les tabous dans Avec un grand

A. Se faire brasser par l’équipe Tremblay / Lord qui a déniaisé la télé en la faisant sortir des cuisines et des « petites » discussion­s autour d’une « petite » tasse de café. Ou se faire brasser par La petite vie qui nous proposait quand même en 1993 un homme déguisé en femme marié avec un obsédé des poubelles, qui dormaient tous deux dans un lit vertical !

Ma seule déception restera que Les

Bougon : c’est aussi ça la vie ! ,qui brassait la cage sur un moyen temps, n’ait pas fait partie des 10 premières places de ce palmarès. Si j’étais un décideur télé, je regarderai­s ce palmarès et je prendrais des notes : c’est la télé qui ose qui marque les esprits, pas la télé consensuel­le et pépère qui a peur d’« offenser »…

Sophie Durocher sophie.durocher @quebecorme­dia.com

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada