« J’AI FAIT MON ALBUM EN PENSANT AU QUÉBEC »

Dans un monde où les producteurs de musique seraient reconnus à leur juste valeur au Québec, le DJ montréalais Domeno serait une grande vedette établie et il aurait sûrement déjà remporté quelques Félix.

Vous l’aurez compris, ce n’est pas le cas. D’un strict point de vue comptable, sa feuille de route est pourtant éloquente.

Depuis 2017, ses chansons ont atteint la première position des palmarès radio à huit reprises. Dix fois, ses titres ont été inclus dans le top 40 canadien du magazine Billboard.

Sa chanson Alleys, interprétée par Steve Veilleux de Kaïn, lui a permis de devenir le premier DJ québécois à obtenir un numéro 1 au top 100 BDS, l’outil de mesure de la musique à la radio.

Or, à moins d’être féru de musique électronique, Domeno demeure un parfait inconnu aux yeux du grand public. « Si j’étais un chanteur et que j’avais fait Alleys, après cinq semaines numéro 1, c’est sûr que j’aurais fait les gros plateaux de télévision. […] Je ne sais pas pourquoi, mais au Québec, on fait jouer les David Guetta et les Tiësto, mais un Domeno, on ne sait pas comment en parler », énonce le DJ, en entrevue au Journal.

EN FRANÇAIS

Ce manque d’intérêt l’étonne d’autant plus qu’il est un produit local qui a fait le choix de créer de la musique en français, pour les Québécois. Lancé le 2 février, son premier album, Maestro, fait ainsi appel aux voix de Corneille, Eli Rose, Imposs, Marc Dupré et plusieurs autres artistes d’ici.

« J’ai fait mon album en pensant au Québec », ditil quand on lui demande s’il vise d’autres marchés.

« J’adore avoir du monde qui s’exprime différemment en français sur mon album. Le français de Corneille n’est pas le même que celui d’Imposs », affirme cet artiste qui se plaît à démystifier son travail de producteur.

CORNEILLE DANS SON UNIVERS

Domeno explique ainsi qu’il va jusqu’à composer ses mélodies en fonction de l’interprète à qui il souhaite les confier. Il donne l’exemple de Corneille, qui chante la pièce Solo sur l’album.

« J’étais devant mon ordinateur et je me demandais comment ça sonne une toune de Corneille. Comment je l’amène dans le monde électronique de Domeno ? » La réponse : « C’est sûr qu’il va y avoir des influences R&B. Ça va être plus lent, mais en restant entraînant. »

Même s’il fait de la musique pour le Québec, Domeno ne dit pas non aux offres d’ailleurs. Il a déjà offert des performances de DJ à l’étranger, notamment aux États-Unis, en Espagne et aux Pays-Bas.

La semaine prochaine, il ira à Miami pour assurer l’animation musicale de la première avec tapis rouge du spectacle Echo, du Cirque du Soleil. « Je trouve ça cool qu’une compagnie montréalaise choisisse un DJ montréalais pour leur première aux États-Unis », se réjouit-il.

Il ne manque plus qu’il devienne une étoile reconnue dans son patelin.

L’album Maestro est sur toutes les plateformes.

DOMENO