Le Journal de Montreal - Weekend
LES HÉROS N’ONT PAS DE SEXE
Les films du producteur Lorenzo di Bonaventura « pèsent » plus de 7 milliards $ au box-office. Et avec Madame Web, mettant en vedette Dakota Johnson et Tahar Rahim, il se jette à l’eau puisqu’il s’agit d’un Marvel consacré à une superhéroïne. Entrevue…
« Bien sûr que j’étais inquiet en voyant le box-office des Marvel », a répondu candidement Lorenzo di Bonaventura, la semaine dernière, lors d’une entrevue avec l’Agence QMI avant la sortie de Madame Web.
« Nous sommes conscients que le public semble fatigué des superhéros. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de proposer quelque chose de différent aux spectateurs et c’est ce que nous nous sommes attachés à leur offrir. Nous espérons, bien sûr, que le public verra nos efforts et que les gens réaliseront que Madame Web n’est pas un long métrage Marvel comme les autres, on y accorde une grande importance aux personnages et on montre leur vulnérabilité », a-t-il ajouté.
Lorenzo di Bonaventura avait raison de se poser des questions, car, comme Les Marvel, Madame Web s’articule autour d’une superhéroïne, en l’occurrence Cassandra Webb (Dakota Johnson). Dans ce nouveau long métrage dérivé de l’univers de l’homme-araignée et dont les studios Sony possèdent les droits, Cassandra doit protéger trois jeunes femmes que le méchant Sims (Tahar Rahim) essaye de tuer. Mais, contrairement au film Les Marvel, Madame Web comporte nettement moins de scènes d’action à grand déploiement, le budget global étant de 100 M$, soit moitié moins que celui des Marvel.
DES FEMMES, ET ALORS ?
Lorenzo di Bonaventura est un habitué des superproductions à la testostérone dans le tapis, de Transformers à G.I. Joe. Pourquoi, soudainement, ce producteur a-t-il misé sur un film… de superhéroïne ? Il rit lorsqu’on lui pose la question.
« Dieu merci, je me mets aux films à majorité féminine, s’est-il exclamé. Au cours de ma carrière, j’ai principalement travaillé avec les studios Warner Bros. et nous étions très attachés au box-office international. Les films qui se vendaient le mieux à l’international étaient des films “masculins” et je suis tombé dans ce travers. Ça me fait du bien de produire un film comme Madame Web avec des personnages féminins très forts. »
« Quand nous avons fait Salt [film sorti en 2010 de Phillip Noyce avec Angelina Jolie, Liev Schreiber, Chiwetel Ejiofor, NDLR], les attentes au niveau du genre du personnage principal étaient folles », rappelant que le personnage d’agente secrète incarné par Angelina Jolie était, dans le scénario original… un homme.
« Je n’ai jamais pensé que les héros avaient un genre prédéterminé, a souligné Lorenzo di Bonaventura. Ce sont des héros, point. Les réactions qu’on attend d’une femme dans une situation donnée sont, pour moi, les réactions d’un héros. Pas les réactions d’une femme, ni même celles d’un homme. Et ce qui était intéressant dans Salt c’est que ce sont les réactions des autres personnages qui changent lorsque l’héroïne est une femme et non un homme. »
« J’ai donc particulièrement aimé pouvoir me pencher à nouveau sur ce questionnement dans Madame Web, d’autant que nous avions, non pas une, mais quatre femmes à l’écran. »
De surcroît, Madame Web, sorti le jour de la Saint-Valentin, ne comporte aucune histoire d’amour bien qu’il s’adresse à un public féminin… un autre fait peu commun !
« Espérons que les femmes choisiront Madame Web lors de leur soirée romantique alors. Je crois d’ailleurs que l’un des pires travers d’Hollywood est de penser qu’il faut une histoire d’amour pour attirer les femmes cinéphiles. »
Madame Web tisse sa toile présentement dans les salles obscures.