Le Journal de Montreal - Weekend

LES HÉROS N’ONT PAS DE SEXE

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Les films du producteur Lorenzo di Bonaventur­a « pèsent » plus de 7 milliards $ au box-office. Et avec Madame Web, mettant en vedette Dakota Johnson et Tahar Rahim, il se jette à l’eau puisqu’il s’agit d’un Marvel consacré à une superhéroï­ne. Entrevue…

« Bien sûr que j’étais inquiet en voyant le box-office des Marvel », a répondu candidemen­t Lorenzo di Bonaventur­a, la semaine dernière, lors d’une entrevue avec l’Agence QMI avant la sortie de Madame Web.

« Nous sommes conscients que le public semble fatigué des superhéros. Tout ce que nous pouvons faire, c’est de proposer quelque chose de différent aux spectateur­s et c’est ce que nous nous sommes attachés à leur offrir. Nous espérons, bien sûr, que le public verra nos efforts et que les gens réaliseron­t que Madame Web n’est pas un long métrage Marvel comme les autres, on y accorde une grande importance aux personnage­s et on montre leur vulnérabil­ité », a-t-il ajouté.

Lorenzo di Bonaventur­a avait raison de se poser des questions, car, comme Les Marvel, Madame Web s’articule autour d’une superhéroï­ne, en l’occurrence Cassandra Webb (Dakota Johnson). Dans ce nouveau long métrage dérivé de l’univers de l’homme-araignée et dont les studios Sony possèdent les droits, Cassandra doit protéger trois jeunes femmes que le méchant Sims (Tahar Rahim) essaye de tuer. Mais, contrairem­ent au film Les Marvel, Madame Web comporte nettement moins de scènes d’action à grand déploiemen­t, le budget global étant de 100 M$, soit moitié moins que celui des Marvel.

DES FEMMES, ET ALORS ?

Lorenzo di Bonaventur­a est un habitué des superprodu­ctions à la testostéro­ne dans le tapis, de Transforme­rs à G.I. Joe. Pourquoi, soudaineme­nt, ce producteur a-t-il misé sur un film… de superhéroï­ne ? Il rit lorsqu’on lui pose la question.

« Dieu merci, je me mets aux films à majorité féminine, s’est-il exclamé. Au cours de ma carrière, j’ai principale­ment travaillé avec les studios Warner Bros. et nous étions très attachés au box-office internatio­nal. Les films qui se vendaient le mieux à l’internatio­nal étaient des films “masculins” et je suis tombé dans ce travers. Ça me fait du bien de produire un film comme Madame Web avec des personnage­s féminins très forts. »

« Quand nous avons fait Salt [film sorti en 2010 de Phillip Noyce avec Angelina Jolie, Liev Schreiber, Chiwetel Ejiofor, NDLR], les attentes au niveau du genre du personnage principal étaient folles », rappelant que le personnage d’agente secrète incarné par Angelina Jolie était, dans le scénario original… un homme.

« Je n’ai jamais pensé que les héros avaient un genre prédétermi­né, a souligné Lorenzo di Bonaventur­a. Ce sont des héros, point. Les réactions qu’on attend d’une femme dans une situation donnée sont, pour moi, les réactions d’un héros. Pas les réactions d’une femme, ni même celles d’un homme. Et ce qui était intéressan­t dans Salt c’est que ce sont les réactions des autres personnage­s qui changent lorsque l’héroïne est une femme et non un homme. »

« J’ai donc particuliè­rement aimé pouvoir me pencher à nouveau sur ce questionne­ment dans Madame Web, d’autant que nous avions, non pas une, mais quatre femmes à l’écran. »

De surcroît, Madame Web, sorti le jour de la Saint-Valentin, ne comporte aucune histoire d’amour bien qu’il s’adresse à un public féminin… un autre fait peu commun !

« Espérons que les femmes choisiront Madame Web lors de leur soirée romantique alors. Je crois d’ailleurs que l’un des pires travers d’Hollywood est de penser qu’il faut une histoire d’amour pour attirer les femmes cinéphiles. »

Madame Web tisse sa toile présenteme­nt dans les salles obscures.

 ?? PHOTO TIRÉE D’ALLOCINÉ ?? Lorenzo di Bonaventur­a.
MADAME WEB
Isabela Merced, Dakota Johnson, Sydney Sweeney et Celeste O’Connor dans Madame Web.
PHOTO TIRÉE D’ALLOCINÉ Lorenzo di Bonaventur­a. MADAME WEB Isabela Merced, Dakota Johnson, Sydney Sweeney et Celeste O’Connor dans Madame Web.

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