Le Journal de Montreal - Weekend
L’ART DE COMMUNIQUER AVEC BIENVEILLANCE
Formateur certifié en communication non violente (CNV), le conseiller d’orientation, psychopédagogue et andragogue belge Pierre Muanda explique de quelle manière chacun peut penser, réagir, agir et surtout s’exprimer de manière bienveillante dans son nouveau livre, Si quelqu’un te parle avec des flammes, réponds-lui avec de l’eau. L’auteur, d’origine africaine, fait également de très intéressants rapprochements avec les traditions de son pays, comme l’arbre à palabres, qui propose comme la CNV des stratégies gagnant-gagnant.
La communication non violente (CNV), développée par Marshall B. Rosenberg, est un art de vivre qui prend racine dans les aspirations les plus profondes de l’humain et dans la prise de conscience des valeurs.
Cette méthode propose de penser et d’agir autrement lorsqu’on est confronté à des propos irritants, qui peuvent générer de la négativité.
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En entrevue téléphonique, Pierre Muanda explique à quel point la communication non violente a changé sa vie. Il a vraiment à coeur de la faire connaître au plus grand nombre.
« Ce qui me convainc que c’est tellement important part de ce que moi, j’ai vécu. Au moment où j’ai découvert la CNV, on était dans une situation de tension et de guerres. On était étudiant et on a rapporté sur les sites universitaires les tensions que nous vivions dans nos pays d’origine. Et ça, c’est quelque chose ! Ce que les autorités académiques ont trouvé comme stratégie, c’était de nous faire faire des formations en communication non violente. »
« On a boudé ça », se souvient-il. « On a boudé cette proposition au départ parce qu’on se disait : est-ce que réellement ça va donner un impact ? On a commencé la formation et nous étions entre étudiants ennemis. À un moment donné, on a commencé à approfondir, à découvrir la puissance des besoins par rapport aux sentiments qu’on avait, à la haine qu’on entretenait. »
Il s’est produit un déclic intense. « Finalement, on a découvert qu’on avait les mêmes besoins ! Je ne sais même pas décrire ce qui s’est passé : c’est un truc presque spirituel. »
« La seule chose dont je me souviens, c’est qu’on était dans les bras des uns et des autres, en train de pleurer. On est des êtres humains. On a les mêmes besoins et on ne gagne rien avec la violence. La violence appelle la violence. »
À la suite de ce qu’il a vécu luimême, Pierre Muanda est devenu convaincu que c’était un truc qui fonctionnait vraiment.
« Au point que les ennemis d’hier sont devenus des partenaires. Des frères et des soeurs. On a créé une association pour aller semer des graines de paix. C’est ce qui m’a convaincu. »
Pierre Muanda ajoute qu’il est né dans une famille pauvre d’un village de la République démocratique du Congo et a grandi dans la tradition africaine, avant de déménager en ville puis de partir vers l’Europe.
« Ça m’a remis en lien avec mes traditions, à la fois ma culture traditionnelle et mes vertus spirituelles. Dans la CNV, j’ai trouvé des stratégies pour mieux le vivre. »
« Tu peux dire la même chose, mais dans la bienveillance. J’ai été convaincu qu’il fallait emmener la CNV chez mes compatriotes. Ils en ont besoin. Il y a beaucoup de violence et ça, je suis sûr que ça va aider. La CNV peut vraiment nous aider à la changer la manière de voir les choses, à changer de paradigme. Une autre manière de voir. »
L’ARBRE À PALABRES
Pierre Muanda fait des rapprochements avec les manières traditionnelles de prendre la parole et de gérer des conflits dans sa culture.
« Dans ma tradition, l’arbre à palabres, ça a toujours été une approche de résolution de conflits, gagnant-gagnant. La CNV, c’est ça aussi qu’elle veut : on ne cherche pas qui a gagné, qui a tort. »
■ Pierre Muanda est formateur certifié en CNV.
■ Il enseigne en Europe et en Afrique depuis plusieurs années.
■ Il est conseiller d’orientation scolaire et professionnelle, psychopédagogue et andragogue.
■ Il habite en Belgique.
■ Il est disponible pour faire des conférences sur la CNV.