Le Journal de Montreal - Weekend
PAUL NEWMAN S’EST TOUJOURS REPROCHÉ LA MORT DE SON FILS
Nul doute, tout le monde aimait, Paul Newman, l’acteur charismatique aux yeux bleus qui faisait pâlir d’envie la plupart des acteurs hollywoodiens. Pourtant, lui se trouvait moche, en plus de souffrir du symptôme de l’imposteur en tant qu’acteur, et ce, malgré la soixantaine de rôles qu’il a interprétés durant ses 53 ans de carrière. Souffrant d’une dépendance à l’alcool, la célèbre icône du cinéma s’est reproché la disparition de son fils mort d’une surdose. C’est ce que l’on apprend dans un nouveau livre, où ses mémoires sont révélées.
« Je me suis longtemps cru une sous-merde », révèle l’acteur dans cette biographie qui est pratiquement une autobiographie. Car Paul Newman avait enregistré ses propos lors de nombreux entretiens menés par son ami, le scénariste Stewart Stern, entre 1986 et 1991. Newman souhaitait à cette époque publier son autobiographie. Cependant, à 66 ans, après cinq ans de témoignages enregistrés, il met fin aux entretiens ne voulant plus de biographie.
C’est que l’acteur s’était montré très franc révélant ses vulnérabilités, confessant ses infidélités et laissant paraître sa faible estime de lui. En relisant certains extraits, il décide donc de renoncer à l’idée de se révéler au grand jour. Cependant, plusieurs années après son décès en 2008, Stewart Stern, avec la complicité de sa famille, décide de publier les transcriptions de Newman.
ÉMOTIONS ET ÉTATS D’ÂME
Dans cet ouvrage, on parle peu de sa carrière, de ses films ou de ses personnages. On évoque plutôt les états d’âme de l’acteur et de ses émotions à fleur de peau.
« Je ne crois pas que les gens trop sensibles soient armés pour ce monde », exprime l’acteur.
Son enfance difficile est également évoquée. Né en 1925, il grandit dans la banlieue de Cleveland. Il entretient une relation difficile avec sa mère qui le traite comme un objet de beauté. Quant à son père qui tient un magasin de sport, il le trouve sévère et rigide. Il considère ses parents déséquilibrés.
Dès son enfance, il montre un vif intérêt pour le théâtre.
Durant son adolescence, il joue au théâtre dans ses temps libres et amorce des études en art qui sont interrompues par la Seconde Guerre mondiale et son enrôlement dans la US Navy.
À son retour, il va étudier à l’Actors Studio à New York après avoir obtenu son baccalauréat ès arts en théâtre.
Conscient de sa beauté, on ne cesse de le lui rappeler, Paul Newman en vient à croire qu’il ne vaut rien comme acteur et qu’il décroche des rôles uniquement pour son physique et s’estime être un imposteur face à ses pairs et même son public. Il dénigre continuellement ses performances d’acteur. Pour en rajouter, il est dix fois sélectionné aux Oscars, sans gagner. Ce n’est qu’en 1987 à 62 ans que son talent est reconnu alors qu’il remporte l’Oscar du meilleur acteur pour le film La couleur de l’argent qui se veut la suite du film L’arnaqueur, sorti en 1961.
L’acteur a aussi été très affecté par la mort de son fils. « Je n’ai certainement pas su exceller comme parent », clame Newman.
C’est que son fils aîné Scott a été emporté par une overdose en 1978 à l’âge de 38 ans.
« Ce chagrin et cette culpabilité ne cicatriseront jamais », confie l’acteur qui sera dévasté à tout jamais.
COURSE AUTOMOBILE
C’est en personnifiant un pilote de course pour le film Virages, en 1968, que sa passion pour la course automobile survient. Quelques années plus tard, il veut entrer dans la compétition et, malgré ses 52 ans, il se démarque en décrochant une 5e place. Un an plus tard, en 1978, il formera sa propre écurie, Newman/Haas Racing.
Newman mettra fin à sa carrière d’acteur en 2007.
Il meurt d’un cancer du poumon en 2008, à l’âge de 83 ans à sa résidence de Westport dans le Connecticut.
Il laisse dans le deuil sa femme, l’actrice Joanne Woodward avec qui il a été marié pendant 50 ans et avec qui il a eu trois filles.
Paul Newman a eu trois autres enfants d’une précédente union, dont Scott décédé à 38 ans.