Le Journal de Montreal - Weekend

VEUT CHANTER EN FRANÇAIS

Maintenant qu’elle a remporté son premier prix Grammy, vécu sa première controvers­e politique et que les États-Unis l’acclament, la Montréalai­se Allison Russell a un nouvel objectif en tête : chanter en français.

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

L’autrice-compositri­ce-interprète, qui est établie à Nashville depuis vingt ans, souhaite même amorcer dès l’an prochain le travail de recherche qu’elle estime essentiel en vue de composer non pas un, mais une série d’albums en français.

« C’est dans mes plans. Je veux faire toute une immersion dans la francophon­ie, au Québec, en France, en Afrique. Mon père biologique vient de Grenade, qui était une colonie française avant d’être prise par les Anglais. Comme le Québec. C’est un grand projet. Je dois étudier, faire beaucoup de recherche et je veux apporter ma famille avec moi », indique Allison Russell, avec qui

Le Journal s’est entretenu récemment.

Même si elle a quitté Montréal il y a belle lurette, Allison Russell a toujours été fière de ses racines francophon­es. Dans ses deux premiers albums acclamés aux États-Unis, Outside Child et The Returner, elle glisse souvent des mots en français dans ses chansons.

« Tout le monde adore le son de la langue française, c’est tellement musical. Les Anglais disent toujours que c’est très sexy, même s’ils ne comprennen­t pas », dit en riant celle qui a même profité de son passage sur le plateau de la populaire émission CBS Mornings, mercredi matin, pour signaler qu’elle avait participé à Tout le monde en parle, au Québec.

PIEDS NUS AUX GRAMMYS

Nommée huit fois aux Grammys depuis 2022, Allison Russell a remporté son premier gramophone doré lors de la cérémonie d’après-midi du gala musical américain, le 4 février, grâce à sa chanson Eve Was Black.

« J’étais bouleversé­e, c’était surréel. Ce n’était pas possible qu’ils disent Allison Russell et Eve Was Black », confie l’artiste québécoise, qui est même montée sur scène pieds nus pour cueillir son trophée.

« Nous étions dans un autre immeuble que le Crypto.com Arena pour répéter notre numéro avec Joni Mitchell en soirée. On ne savait pas si on pouvait se rendre à temps à la première cérémonie. C’était fou, on courait dans des tunnels souterrain­s et je n’avais pas mes souliers », relatet-elle.

BLOQUÉE PAR LES RÉPUBLICAI­NS

Quelques jours plus tard, elle s’est retrouvée au coeur d’une controvers­e quand des élus républicai­ns du Tennessee ont bloqué une motion, présentée par des élus démocrates, pour saluer sa victoire aux Grammys.

Une motion similaire visant à rendre hommage au groupe Paramore a pourtant été acceptée.

« Pourquoi ? Parce que je suis noire, parce que je suis queer ? », s’interroge Allison Russell, qui est aussi connue pour son combat contre les lois anti-LGBTQ votées par le Parti républicai­n.

L’affaire a fait les manchettes aux États-Unis et Hayley Williams, chanteuse de Paramore, a refusé la motion en guise de soutien à Allison Russell.

« Notre esprit communauta­ire les effraye », dit-elle en parlant des républicai­ns. « Il faut qu’on prenne soin les uns des autres. Ça me donne de l’espoir de voir Hayley dire publiqueme­nt qu’elle ne va pas faire partie de leur système. Je l’apprécie tellement. »

■ Allison Russell s’en vient au Québec. Une tournée canadienne la mènera au Studio TD de Montréal et à l’Impérial Bell, à Québec, les 15 et 16 mars.

■ Elle est en lice pour trois prix Juno, qui seront remis les 23 et 24 mars : auteur-compositeu­r de l’année, album roots contempora­in et vidéoclip.

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