Le Journal de Montreal - Weekend
« QUAND UN AMI A DES ÉTOILES DANS LES YEUX, TU VEUX TE LIVRER »
Cinq questions à Mireille Blouin, productrice au contenu de Pour une fois
Dès le début de sa carrière, Mireille Blouin a gravité sur des émissions de variétés qui lui ont permis d’avoir une excellente connaissance de notre milieu culturel. La fureur, Les dieux de la danse et Ouvrez les guillemets figurent à son cv. La petite séduction lui a donné l’occasion de nourrir son intérêt pour l’être humain. Ces dernières années, elle a veillé sur le contenu de C’est juste de la télé. Grâce à Pour une fois ,ellese trouve vraiment sur son X. Chaque semaine, une personnalité a le privilège de se faire interviewer par quatre invités mystères qui nous la révèlent sous un nouveau jour. Des rencontres chaleureuses et souvent surprenantes qui nous montrent la vraie nature des gens.
Pour une fois connaît un beau succès à Télé-Québec. Comment l’expliques-tu ?
Je remarque que des fois, une question super simple va amener un bijou. Les interviewés comme les intervieweurs sont vraiment généreux. Habituellement dans un talkshow, tu as fait une pré-entrevue pour préparer ton animateur.
Bien qu’il pose les questions, il connaît généralement les réponses. Dans notre cas, c’est différent. C’est un talkshow renversé, sans animateur, avec des gens curieux qui ont envie de poser des questions selon l’intérêt qu’ils ont envers l’interviewé. Quand quelqu’un a des étoiles dans les yeux en te rencontrant, tu veux te livrer. Quand un ami te demande comment tu vas, tu ne peux qu’être vrai.
Comment sont choisis les 4 intervieweurs ?
On booke d’abord l’invité. On fait une courte pré-entrevue pour savoir qui il admire, ses champs d’intérêt, les personnes qui l’entourent. De notre côté, on fouille pour savoir qui est fan de l’invité, quel ami pourrait le surprendre. Je ne savais pas qu’Eric Bruneau et Hubert Proulx était à ce point amis. Ils ont même été colocs. Des fois, on prend une tangente mentorat. On se demande avec qui on aurait envie d’entendre notre invité jaser. Qui va nous donner des frissons. On espère créer des étincelles entre les invités.
Comment est-ce possible de garder tout secret quand arrive le moment du tournage ?
Le plateau est bien fait. Les intervieweurs arrivent avant. On leur fait faire le tour du plateau pour qu’ils voient où ils feront leur entrevue. Puis ils s’installent au sous-sol. Quand l’invité arrive, on démarre l’enregistrement et on ne fait pas d’arrêt. On prépare chaque émission dans le plus grand secret. Même les agents ne savent rien. Les invités doivent accepter de s’abandonner. Nous avons eu jusqu’à maintenant 22 invités et 110 intervieweurs et la surprise a toujours été conservée. Même le stationnement ne se fait pas à la même place pour éviter que l’invité reconnaisse une voiture. Certains vivent ça comme un surprise party, d’autres comme une blind date. Même le public n’est au courant de rien. Tous veulent vivre l’expérience à 100 %.
Comment prépares-tu tout ce beau monde ?
On leur remet un dossier sur l’invité. Libre à eux de s’en servir ou de se préparer autrement. Ils veulent généralement savoir ce qu’on ne sait pas. En faisant le booking, on s’assure d’avoir des intervieweurs issus de différents univers afin que les angles soient différents dès le départ. Il arrive que la 4e personne s’ajuste aussi selon ce qui a été entendu précédemment. Interviewer est un art. Je lève mon chapeau à tous ceux qui se présentent. Ils sont sans filet. C’est intéressant de voir l’interviewé être stressé de ne pas être en contrôle, stressé d’être un bon invité. Il veut mettre à l’aise ses intervieweurs. Les intervieweurs veulent bien faire.
Certains se demandent si l’invité va les reconnaître. Ce fut le cas pour Mylène Paquette avec Pierre-Yves Lord. Pierre Bruneau qui a interviewé les plus grands politiciens n’avait jamais posé de question à Marjo. Même chose pour Anne-Marie Dussault qui ressentait un certain stress à l’idée d’interviewer Jean-François Breau. Guy Cormier s’est entretenu avec Louis Morisette, Richard Séguin avec Louis-José Houde.
Qu’est-ce qui fait qu’à la fin d’un show tu te dis : mission accomplie ?
Quand il y a des étincelles sur le plateau. Quand une question a été posée au bon moment, une question de coeur. Quand les invités, qui se retrouvent les yeux dans les yeux, sont vrais. Hélène Bourgeois-Leclerc a dit que c’était comme se dézipper jusqu’en bas et avoir le goût de tout dire. Guy Jodoin a beaucoup pleuré. Lui qui connaît tout le monde grâce à Sucré Salé et au Tricheur, il s’est retrouvé face au Dr Stanley Vollant et c’est un moment magique. On se met à chaque émission le défi d’étonner, de toucher, de rendre heureux, d’être fier.
√ Pour une fois, samedi 20 h à Télé-Québec