Le Journal de Montreal - Weekend
COMPRENDRE L’ÉCLIPSE SOLAIRE TOTALE
Le 8 avril 2024 en après-midi, le sud du Québec sera plongé dans l’obscurité en raison d’une éclipse solaire totale, un phénomène rare qui se manifeste uniquement en un lieu précis, tous les 375 ans. Julie Bolduc-Duval, diplômée en astronomie, et Joël Leblanc, journaliste scientifique, offrent aux lecteurs curieux un livre qui fait le tour de la question et fournit des informations pratiques pour observer cet événement spécial en toute sécurité : Éclipse : quand le soleil fait son cirque.
Leur livre est conçu comme un outil qui vise à démocratiser la compréhension des éclipses. Encore en 2017, aux États-Unis, des élèves ont été contraints de rester confinés en classe, privés de cette occasion inouïe d’observer un événement que certains ont jugé trop dangereux.
Les auteurs démystifient les éclipses dans leur livre. Ils racontent les nombreuses découvertes scientifiques, les croyances erronées à ce sujet, les observations des scientifiques au fil des siècles. Ils rappellent que les Européens ont étudié le phénomène… mais qu’il a aussi été remarqué en Chine, en Irak, et même en Amérique du Nord, notamment par les populations autochtones.
Leur livre est pertinent, intéressant, très bien vulgarisé. Tout est clairement expliqué pour comprendre le phénomène et connaître toute l’histoire des éclipses au fil des siècles.
INFORMER LA POPULATION
« Notre but était vraiment de démocratiser l’éclipse, pour que tout le monde soit au courant. C’est tellement un événement extraordinaire ! » commente l’astronome Julie Bolduc-Duval, en entrevue.
Elle a appris beaucoup en travaillant sur ce projet.
« Ce qui m’a fascinée, c’est à quel point ça nous a pris du temps à comprendre c’est quoi les éclipses et pouvoir les prévoir. Mais dès qu’on a su ce que c’était, on les a utilisées pour mieux comprendre notre monde. »
L’astronome diplômée de l’Université de Victoria, en Colombie-Britannique, rappelle que l’éclipse solaire totale du 8 avril est un événement rare.
« J’ai vécu celle de 2017 et déjà, je travaillais en communication scientifique. Je me disais : il faut que je prépare les écoles de l’est du Canada à vivre ce moment-là ! » s’exclame la scientifique, qui travaille depuis trois ans sur ce dossier.
« Il faut que tout le monde réalise à quel point ça va être extraordinaire, comme moment. Moi, je vais m’en souvenir toute ma vie ! J’espère tellement que tout le monde va pouvoir le vivre en 2024 et qu’il va faire beau… mais ça, c’est une variable qu’on ne contrôle pas. On va voir la noirceur en plein jour : c’est quand même quelque chose d’intéressant à vivre ! »
CONNAISSANCES AUTOCHTONES
La scientifique explique qu’une vidéo sortira bientôt, au sujet des connaissances autochtones sur les éclipses, avec l’astrophysicienne innue Laurie Rousseau-Nepton. Cette vidéo apportera un complément aux explications fournies dans le livre Éclipse.
« Les éclipses, ça faisait peur : c’était comme un monstre qui dévorait le soleil. Dans le cas des Premières Nations, cependant, c’était quelque chose de positif : c’était vu comme un rapprochement entre un homme et une femme », indique-t-elle.
« Souvent, le Soleil, c’est l’homme, et la Lune, c’est la femme, ou vice versa, selon les cultures. C’était quelque chose de positif : on leur laissait leur intimité et il ne fallait pas regarder. L’enjeu de ne pas se brûler les yeux était intégré dans l’histoire. Je trouve ça génial ! C’est une autre façon d’apporter des connaissances. »
L’ENJEU DE SÉCURITÉ
Par ailleurs, Julie rappelle que la chose la plus importante, sur le plan de la sécurité, est de retenir qu’il ne faut jamais regarder le soleil directement, à l’oeil nu.
« Il ne faut pas que l’enjeu de sécurité prenne toute la place, parce que c’est un événement extraordinaire qu’on veut que les gens aient une chance de vivre. Ça arrive une fois dans une vie ! »