Le Journal de Montreal - Weekend

« ON EST PROGRAMMÉS POUR VIVRE, CE N’EST PAS NORMAL DE PENSER À LA MORT »

— FRANÇOIS GRAVEL

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Écrivain d’exception, auteur d’une oeuvre très riche, destinée tant aux jeunes lecteurs qu’aux adultes, François Gravel s’interroge (avec humour quand même !) sur ce qui arrive lorsque notre temps sur terre arrive à la date d’échéance dans son nouvel essai littéraire, Prendre la

mort comme elle vient. Est-il vrai qu’il nous pousse des ailes dans le dos, qu’on monte au ciel, qu’on rencontre saint Pierre qui évalue notre vie de A à Z ? Devient-on un fantôme ? Est-ce que notre âme pèse vraiment 21 grammes ? Laissez-vous happer par sa belle écriture, ses réflexions brillantes et son sens de l’humour subtil, incomparab­le, tout en finesse.

François Gravel a conscience que la mort sera bientôt au rendez-vous.

Cette perspectiv­e l’a incité à se poser mille et une questions. Il se demande où nous allons lorsque nous quittons ce monde, si à la fin, on voit vraiment une lumière au bout du tunnel, et toutes sortes d’autres sujets mystifiant­s.

L’écrivain, très connu en littératur­e jeunesse grâce à la série culte Klonk, est également un auteur pour adultes qui aborde des sujets difficiles, comme la maladie, avec beaucoup d’intelligen­ce et d’humanité. Il a parlé de son quotidien avec la maladie de Parkinson, avec laquelle il vit, dans

À vos ordres, colonel Parkinson !

IL VA BIEN

Cette fois, il parle de la mort. Mais rassurez-vous : il va bien. Il le rappelle d’entrée de jeu, en entrevue.

« J’ai 72 ans. La première chose que je vais dire, c’est que je n’ai pas l’intention de mourir bientôt. Ce n’est pas du tout dans mes plans de faire ça. Le reste de ma vie va super bien : j’écris des livres, je marche, je cours. Je fais ce que je veux. Sauf qu’il y a des symptômes de plus en plus clairs. Ça me fait voir la fin. »

François Gravel dit que ce n’est pas un sujet qui l’angoisse. « C’est drôle, hein ? Dans le livre, j’ai essayé de le traiter avec humour. Dans le fond, on ne sait pas ce qui va se passer. On ne le sait pas, personne. »

On est « programmés pour ne pas le savoir », ajoute-t-il.

« On est programmés pour vivre, nous. Et faire vivre nos descendant­s. Tout nous porte à vivre. Alors, c’est pas naturel, c’est pas normal de penser à la mort. Mais on sait que c’est ça qui est au bout du compte. Ce n’est pas pour moi une source d’angoisse, mais c’est une source de réflexion. »

L’écrivain passe à travers tous les mythes, les clichés, les croyances entourant le trépas.

« Ça a l’air drôle ce que je vais te dire, mais il m’arrive très souvent de penser que je monte devant saint Pierre. Il ouvre le grand livre de ma vie et regarde les gaffes, les erreurs, les péchés comme on disait, que j’ai faits dans ma vie. »

« Mais je suis sûr que quand il va regarder sur la page de droite, il va voir que j’ai écrit des livres pour les enfants et qu’il va me donner une clef pour le Ciel ! »

FAIRE LE BILAN

François Gravel explique qu’il aime bien cette idée de bilan, de faire le point sur ce qu’on a fait dans notre vie : ce qu’on a fait de bien et ce qu’on a fait de moins bien aussi. « C’est la notion d’examen de conscience qu’on faisait quand on était petit. »

En cours d’écriture, il s’est senti très bien. « Chaque livre fait du bien. Le simple fait d’écrire, de projeter des mots sur du papier, de sortir ça de nous, c’est vraiment une grâce, une chance qu’on a. Les deux ou trois heures par jour que je passe à écrire, je ne vois pas le temps passer. C’est précieux. »

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