Le Journal de Montreal - Weekend

UN BONHEUR DE LECTURE

Avec La vie heureuse, l’écrivain français David Foenkinos nous raconte une jubilatoir­e histoire dans laquelle on découvre que la mort peut parfois apporter beaucoup de positif à nos vies.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Il y a quelques années, après la sortie de l’un de ses livres, David Foenkinos a été amené à aller à Séoul, en Corée du Sud. Si c’est un pays qu’on connaît bien pour sa musique K-pop, son kimchi et ses nombreuses multinatio­nales, on ne sait pas toujours que c’est aussi l’un des endroits du monde où l’on se suicide le plus. Ni qu’on y trouve des centres dont la spécialité est d’organiser de fausses funéraille­s… afin de permettre aux gens de reprendre goût à leur vie.

« Quand j’ai appris l’existence de ces centres, j’ai trouvé ça vraiment incroyable, explique David Foenkinos, qu’on a joint chez lui, à Paris. L’idée que la mort puisse être quelque chose de bénéfique m’a immédiatem­ent parlé et j’ai commencé à me renseigner, à regarder des documentai­res et à voir à quel point ces faux enterremen­ts faisaient du bien à ceux qui l’essayaient. Ils parlaient de seconde vie, de renaissanc­e, affirmaien­t que ça les avait apaisés. J’ai donc vu ce rituel un peu étrange comme quelque chose de pas du tout morbide, comme une sorte de thérapie de bien-être très positive. Seulement voilà. J’avais envie d’écrire autour de ça, mais j’ai mis du temps à trouver la façon de le faire parce que je me suis dit que je n’allais quand même pas rédiger 300 pages là-dessus ! »

LA MORT DANS L’ÂME

David Foenkinos a alors repensé au film Quand Harry rencontre Sally.

« Je l’ai parfois dit ailleurs, c’est ma référence, et j’ai eu très envie de raconter l’histoire d’un couple sur une longue période, ajoute-t-il. J’aimais bien l’idée qu’on puisse se croiser à 20 ans, se manquer à 30 ans et se retrouver à 40 ans, sans forcément se comprendre. Je voulais un long chemin de chassé-croisé entre un homme et une femme. Mais avec, au coeur de leur histoire, ce curieux rituel coréen. » Fraîchemen­t arrivé en librairie, La

vie heureuse met donc en scène Éric Kherson, un quadra originaire de Bretagne travaillan­t depuis plus de 20 ans au sein du groupe Décathlon. Est-ce qu’il est heureux ? Non, pas vraiment. Sa femme l’a quitté, il ne voit presque plus son fils et sur le plan carrière, ça fait un moment qu’il a la désagréabl­e impression de tourner en rond.

En lui proposant de venir travailler à ses côtés sans délai, Amélie Mortiers, une ancienne camarade de lycée, ne pouvait donc pas mieux tomber. À titre de nouvelle directrice de cabinet du secrétaire d’État au ministère du Commerce extérieur, elle a besoin de quelqu’un comme Éric pour l’aider à convaincre d’importants chefs d’entreprise de faire affaire avec la France.

Voilà donc pourquoi, fin janvier 2020, Éric partira avec Amélie en Corée du Sud. Samsung a l’intention d’ouvrir une usine de trottinett­es connectées en Europe et si tout va comme sur des roulettes, la France pourrait l’emporter sur l’Allemagne et la Roumanie.

Seule ombre au tableau ? Éric trouvera la mort sur son chemin et ensuite, plus jamais il ne sera le même…

UN BAUME POUR LE COEUR

La magie de ce roman, c’est qu’il donne réellement envie de vivre et de trouver son bonheur sans avoir peur de passer à autre chose.

« En fait, c’est le sujet principal de La vie heureuse, précise David Foenkinos. Il interroge le désir de changer de vie, ou en tout cas le désir d’aller chercher son épanouisse­ment, et il amène à se poser la question de savoir ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Et c’est vrai que dans toutes les situations difficiles, on est amené à s’interroger sur l’importance des choses. J’évoque à un moment donné le covid et la vague énorme du mouvement #quitmyjob. Quand on est en fragilité, on a tendance à se demander où est-ce qu’on doit être. Donc, c’est vrai que tous mes personnage­s sont traversés par le désir de se questionne­r sur leur propre épanouisse­ment. Je ne dis pas qu’en lisant le livre on atteint la vie heureuse, loin de là, mais en tout cas, on essaie de se poser des questions. Je pense avoir mis dans ce livre une forme d’énergie, d’espoir en fait. On peut peut-être traverser la mélancolie, la désillusio­n, mais il y a presque toujours un chemin qui tend vers du meilleur. »

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LA VIE HEUREUSE David Foenkinos Éditions Gallimard 208 pages
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PHOTO FOURNIE PAR LES ÉDITIONS GALLIMARD
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