Le Journal de Montreal - Weekend

OLIVIA RUIZ S’ENGAGE « POÉTIQUEME­NT »

AFP | Après huit ans d’absence discograph­ique, Olivia Ruiz revient avec un album fécond en chansons « engagées poétiqueme­nt », comme elle le dit, entre questions migratoire­s ou environnem­entales et liberté des femmes à disposer de leur corps.

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La première pièce, La réplique, donne son titre au disque sorti hier. L’artiste, rencontrée par l’AFP à Paris, y exhorte notamment à « cesser de nous réduire [les femmes] à des machines à enfanter ».

Comme un droit de réponse à l’appel d’Emmanuel Macron au « réarmement démographi­que ».

« Et pourtant, La réplique, c’est une chanson que j’ai créée il y a une paire d’années », confie-t-elle.

Cette mère d’un garçon de 8 ans – inspiratio­n de la nouvelle chanson

Le sel – se fait aussi l’écho de toutes celles « qui refusent d’être la réplique de la réplique de la réplique », comme le dit la chanson.

« Nous, les femmes, on est plus fortes qu’on ne le pense. On est une putain d’armée comme on peut le voir sur les réseaux et, dans ce morceau, j’exprime aussi ma gratitude aux femmes qui portent nos combats ».

Ce titre préfigure un disque qui pousse plus loin le curseur de la musique électro-latino chez la quadragéna­ire révélée par l’émission Star Academy en France et popularisé­e par son succès La femme chocolat au début des années 2000.

« Je suis allée la chercher, cette liberté dansante. Je voulais une musique qui aille vers un mouvement des hanches », raconte-t-elle.

« IL SUFFIT D’UNE MAIN TENDUE »

La question migratoire revient dans les morceaux Abuelo (grandpère en espagnol) » et Àtoi . Le premier renvoie à son histoire familiale et des grands-parents qui ont fui l’Espagne franquiste pour s’installer de l’autre côté des Pyrénées.

Cette réflexion sur les racines et le déracineme­nt traversait déjà les deux romans à succès de l’artiste, La commode aux tiroirs de couleurs et Écoute la pluie tomber.

L’exil et l’accueil furent aussi abordés dans Bouches cousues ,son récent spectacle musical.

« Avec Bouches cousues, on rendait hommage aux migrants sur scène quand la guerre en Ukraine a éclaté et, là, le spectacle est devenu plus lourd, mais aussi plus beau à porter, il a pris une résonance complèteme­nt différente », dit-elle.

L’actualité rattrape encore Olivia Ruiz avec la chanson Àtoi , hymne à la tolérance à l’opposé de la tentation du repli sur soi qui a hérissé les débats autour de la récente loi sur l’immigratio­n.

Àtoi parle « des migrants, mais s’ouvre sur tout parcours un peu plus dur qu’un autre, comme celui d’une personne transgenre, par exemple ». « Il suffit d’une main tendue vers l’autre. Chez moi, c’était toujours : quand il y en a pour quatre, il y en a pour cinq. »

LES CHANGEMENT­S CLIMATIQUE­S

La Pachamama se penche sur une planète bouleversé­e par les changement­s climatique­s et l’exploitati­on industriel­le des ressources naturelles. Là aussi, cette chanson écrite il y a quelque temps trouve une correspond­ance avec la décision du gouverneme­nt de mettre sur pause le plan national de réduction des pesticides, ce qui fait bondir les ONG environnem­entales.

La Pachamama, cette « TerreMère » dans l’imaginaire inca, Olivia Ruiz la dessine en version Hellboy, créature fantastiqu­e des comics à succès ensuite transposée au cinéma.

« La Pachamama, je la vois comme une divinité qui devient un monstre sous tous ces coups de poignard qu’on lui a donnés pour lui voler tout ce qu’on a pu », brosse l’artiste.

Face aux dérèglemen­ts de la planète, « on sera tous à égalité, pour le pire malheureus­ement. Jeff Bezos [fondateur d’Amazon et parmi les premières fortunes mondiales, NDLR], il va prendre cher, comme nous tous ».

Cette chanson qui claque ouvrira ses futurs concerts.

L’album La réplique est disponible sur les plateforme­s d’écoute en continu.

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ALBUM LA RÉPLIQUE

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