Le Journal de Montreal - Weekend
SUR FOND HISTORIQUE
Fort du succès remporté par le premier tome de sa série Si tu vois mon pays, Joseph Facal entraîne à nouveau ses lecteurs dans un drame historique aux nombreux rebondissements dans le deuxième tome, Le châtiment. Le roman à la trame historique méticuleusement documentée montre à la fois la lutte sans merci entre un jeune médecin montréalais et un criminel notoire et tout le contexte entourant la construction d’importants canaux à Beauharnois et Lachine pour améliorer le transport par voie maritime.
Dans le second et dernier volet de cette histoire très dense, on retrouve Baptiste Lefrançois, le jeune médecin, qui n’a aucunement envie de renoncer à la belle Julie. Malheureusement, elle a épousé Thomas Sauvageau, un malfrat de première catégorie. Prêt à tout risquer pour que leur amour s’épanouisse, Baptiste organise un plan audacieux pour s’enfuir avec elle.
Pendant ce temps, à Paris, Alexis connaît des revers de fortune et décide de revenir à Montréal. Il retrouve son frère, Baptiste, et Jeanne, qui fait son chemin dans un monde des affaires encore dominé par les hommes.
« À la fin du tome 1, le personnage principal, Baptiste, a décidé de plonger et de vivre son histoire d’amour dangereuse avec Julie. Les deux savent qu’ils jouent un jeu dangereux et très risqué. Le mari de Julie, entre-temps devenu une figure majeure du crime organisé, a décidé qu’il ne les laisserait pas faire ! commente Joseph Facal, en entrevue. Le tome 2 débute à ce moment-là. »
En parallèle, le jeune frère de Baptiste, que celui-ci a perdu de vue, est maintenant en France où il fait son chemin dans le monde du théâtre et de la littérature. « Il va s’apercevoir que la gloire et le succès peuvent être quelque chose d’éphémère », révèle l’auteur.
D’IMMENSES CHANTIERS
Joseph Facal rappelle dans le roman l’importance des travaux entourant la construction des canaux à Beauharnois et Lachine.
« Je dois vous dire que les grèves au canal de Beauharnois et au canal de Lachine sont des événements que j’ai beaucoup fouillés, bien que les sources soient finalement assez minces. Ce que je raconte sur les grèves, les violences et l’appel à l’armée britannique est rigoureusement documenté.
« Évidemment, ce que j’ai inventé, c’est Thomas, qui, dans un désir de devenir respectable et de blanchir son argent, devient l’un des contracteurs du chantier. C’est totalement imaginaire. Mais les incidents violents avec mort, tout ça est rigoureusement vrai », précise-t-il.
À cette époque, le chemin de fer n’avait pas encore pris toute la place et le commerce sur de longues distances se faisait par bateau.
« Tous les cours d’eau qui entourent l’île de Montréal et qui sont problématiques à naviguer, en raison des rapides, nécessitent la construction de canaux pour faciliter la navigation. À cette époque-là, évidemment, ces canaux étaient construits au pic et à la pelle, dans des conditions absolument inhumaines. »
DÉPEINDRE TOUS LES MILIEUX
Joseph Facal rappelle que son roman fait au total 1200 pages.
« J’avais l’ambition – je ne sais pas si j’ai réussi –, au-delà de l’histoire d’amour qui est le noeud de base, de dépeindre toute une époque et tous les milieux. Je ne voulais pas une histoire qui se passerait exclusivement chez les bourgeois de la ville ou exclusivement chez les paysans de la campagne. Je voulais, par une série de tableaux successifs, dresser le portrait de toute une société.
« On est à un moment où l’industrialisation commence, où les machines à vapeur permettent d’augmenter la production, où l’on cherche à conquérir des marchés plus éloignés. Donc, le transport devient un enjeu absolument vital, d’où l’importance de ces canaux qui ont une histoire absolument fascinante. On l’a aujourd’hui un peu oubliée. »