Le Journal de Montreal - Weekend

UNE GRANDE QUÊTE IDENTITAIR­E

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Autrice de Voyage léger et de L’angoisse du poisson rouge, deux romans remarquabl­es, Mélissa Verreault offre cette année un nouveau roman intimiste dans lequel elle brouille les frontières entre la réalité et la fiction. La nébuleuse de la Tarentule se promène entre les souvenirs traumatisa­nts du personnage principal, Mélisa, qui doit démêler les fragments de son existence pour retrouver une paix intérieure et un chemin moins tortueux pour avancer dans la vie.

Mélisa ne comprend pas trop ce qui lui arrive : elle est plongée dans une réalité où ses perception­s à elle semblent échapper à la compréhens­ion des autres. Ses souvenirs d’enfance, par exemple, divergent complèteme­nt de ceux qui sont évoqués par ses parents.

Un beau jour, un amour d’adolescenc­e qui l’avait durement rejetée refait surface et lui déclare sa flamme. Mélisa tire sur le fil des souvenirs, qui reviennent par bribes. Elle devra s’y retrouver, faire le ménage dans toutes ses pensées et se définir pour être capable d’avancer.

Mélissa Verreault, écrivaine imaginativ­e et originale, avait des choses à dire.

« C’est un projet qui m’habite depuis plusieurs années et c’est assurément mon projet le plus personnel », ditelle en entrevue. « On peut le deviner quand on voit que le personnage a un prénom très similaire au mien et des caractéris­tiques qui sont similaires aux miennes. »

À PROPOS D’IDENTITÉ

Au-delà de ces aspects, elle avait envie de réfléchir à la notion d’identité, par exemple, la sienne par rapport à un personnage. Mais aussi examiner la notion d’identité, au sens large. Dans sa réflexion, toutes sortes d’éléments sont entrés en ligne de compte, comme les relations interperso­nnelles, incluant dans cela l’amour, l’amitié, les relations parents-enfants. Mais aussi le sexe, la religion, les rapports de pouvoir qui peuvent s’installer dans l’un comme dans l’autre. L’argent. Le manque d’argent.

« J’ai réalisé aussi que la banlieue, c’était une partie de mon identité très forte et pas nécessaire­ment une partie que j’aimais. C’est une partie blessée, en fait. »

« J’ai eu envie d’aller plonger là-dedans, pas pour aller gratter mes bobos, parce que ça ne m’intéresse pas de faire mon autopsycha­nalyse sur la place publique, mais plus pour voir ce qu’il y a d’universel là-dedans et peut-être aussi de génération­nel. »

VÉCU… OU PAS

L’identité, ajoute Mélissa Verreault, est aussi attachée à un lieu : celui où on a grandi et où on a choisi de vivre par la suite.

« Ça fait beaucoup de matière que j’ai voulu explorer par le truchement d’anecdotes. » « Je voulais que ce soit exposé et exploré par l’entremise de faits peut-être vécus, peut-être pas… C’est le jeu. On n’aura pas de réponse et c’est là où on peut vraiment avoir du plaisir. »

■ Mélissa Verreault est titulaire d’une maîtrise en création littéraire de l’UQAM.

■ Elle est écrivaine et traductric­e.

■ Elle a publié Voyage léger et L’angoisse du poisson rouge, entre autres.

■ Elle a aussi participé au collectif Dans le ventre.

■ Elle est mère de triplées.

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400 pages
LA NÉBULEUSE DE LA TARENTULE Mélissa Verreault Éditions XYZ 400 pages

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