Le Journal de Montreal - Weekend

LE ROMAN QUE TOUT LE MONDE A EN VUE

Les yeux de Mona, de l’écrivain français Thomas Schlesser, rencontre un succès phénoménal. On vous en dit un peu plus sur ce roman-phénomène.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

De temps à autre, il arrive qu’un roman sorte du lot et se transforme d’un coup en véritable bestseller internatio­nal. Quelques exemples ? Cent ans de solitude, Le monde de Sophie ,lasériedes Harry Potter ou Da Vinci Code. Et si ça continue comme ça, on pourra aussi bientôt mentionner Les yeux de Mona ,le premier roman du Français Thomas Schlesser : avant même d’être publié en français, il était déjà traduit dans plus d’une vingtaine de pays ! Un engouement qui a d’ailleurs totalement pris de court l’auteur. « C’était très, très inattendu, confirme Thomas Schlesser, qui est aussi directeur de la Fondation Hartung-Bergman, à Antibes. Je ne m’attendais pas à ce que ce roman plaise. En revanche, mon éditeur y a cru tout de suite. Il affirmait que c’était un livre fondamenta­l, un livre qui allait répondre à une attente de l’époque. »

De fait, rares sont les romans qui se penchent sur le lien entre grands-parents et petits-enfants.

« J’ai donc l’impression que Les yeux de Mona vient combler une sorte de vide », ajoute Thomas Schlesser.

Mais il y a plus. Sans que ce soit ni fastidieux ni didactique, il nous invite à découvrir, en compagnie de la petite Mona, 52 créations artistique­s de la Renaissanc­e à nos jours. Et là, on se régale.

DE GRANDS CHEFS-D’OEUVRE EXPLIQUÉS

Cette petite Mona a 10 ans et dès la première page, elle va vivre un événement assez traumatisa­nt : autour d’elle, tout deviendra noir d’un coup. Durant plus d’une heure, elle ne verra absolument plus rien. Les médecins consultés ne parvenant pas à déterminer l’origine de cette crise de cécité, une ombre va ainsi planer : à plus ou moins brève échéance, Mona pourrait bien perdre définitive­ment la vue. C’est là que va entrer en scène Henry Vuillemin, le grand-père adoré de Mona. Amateur d’art passionné, il décidera de montrer à sa petite-fille « ce que le monde a produit de plus profond et de plus beau ». Comme ça, si elle devait réellement devenir aveugle, au moins aura-t-elle vu l’essentiel. Pendant 52 semaines, Mona ira ainsi au musée tous les mercredis après-midi avec son Dadé. Des visites au cours desquelles elle contempler­a chaque fois une oeuvre différente pour ensuite écouter tout ce que son grand-père a à dire à son sujet, qu’elle soit signée Botticelli, Rembrandt, Watteau, Goya, Manet, Mondrian, Pollock ou Basquiat.

« L’élément déclencheu­r de cette histoire a été un événement douloureux de ma vie, le non-avènement d’un enfant », explique Thomas Schlesser.

« Dans la foulée de cette épreuve un peu pénible, j’ai ressenti le besoin de m’inventer une sorte de petite fille idéale, et cette petite fille idéale, c’est Mona. Elle est drôle, sympathiqu­e, très humble, curieuse et espiègle, et elle a aussi plein de fragilités. Bref, c’est un peu l’enfant que j’aurais voulu avoir. »

« Maintenant, l’idée qu’elle serait menacée de devenir aveugle et que son grand-père l’amènerait dans les musées pour lui faire découvrir la beauté du monde et l’ancrer dans sa mémoire, ça a surgi d’un coup. Ce n’est pas quelque chose que j’ai élaboré petit à petit. »

« Ce que j’ai en revanche élaboré pendant 10 ans, ça a été les différents arcs scénaristi­ques qui composent le livre. Ça a été très long, parce que ça tressait ensemble plusieurs histoires avec une histoire de l’art. »

LEÇONS DE VIE

Au fil des semaines, Mona recevra ainsi de son Dadé plein de leçons portant sur l’histoire de l’art. Mais pas que.

« Il va en effet lui montrer qu’en chaque oeuvre il y a ce que j’appelle un précipité moral, une leçon existentie­lle, précise Thomas Schlesser. Quand on fait très attention, on s’aperçoit que chacune de ces leçons, Mona va l’appliquer de manière plus ou moins directe dans le début du chapitre qui succède. Exemple : devant La Joconde , la leçon est “souris à la vie”. Dans le chapitre qui suit, il y aura un moment de tension entre Mona et son père, et pour débloquer la situation, Mona se dira : “Je vais sourire”. »

« Dans tous les chapitres, il y a donc une sorte de ressaisie de ces leçons qui fait avancer le récit, conclut Thomas Schlesser. Et ce que j’ai voulu, c’est faire la démonstrat­ion que, à la fois dans les petits faits du quotidien comme dans les grands enjeux de la vie, l’art est au service de notre existence. »

 ?? PHOTO FOURNIE PAR ROBERTO FRANKENBER­GÈNAL ?? LES YEUX DE MONA Thomas Schlesser Éditions Albin Michel 496 pages
PHOTO FOURNIE PAR ROBERTO FRANKENBER­GÈNAL LES YEUX DE MONA Thomas Schlesser Éditions Albin Michel 496 pages
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada