Le Journal de Montreal - Weekend
QUAND UNE ROMANCIÈRE À SUCCÈS EST ACCUSÉE DE MEURTRE
Cinéaste, scénariste et romancier exceptionnel, René Manzor plonge ses lecteurs dans un thriller très dur, rempli de rebondissements et de revirements imprévisibles, allant des hauts plateaux du Vercors jusqu’au fin fond de la jungle en Colombie.
L’ombre des innocents, son nouveau roman, met en scène une romancière à succès accusée de meurtre. Son ADN est retrouvé sur l’arme du crime… et elle n’a pas d’autre choix que de s’enfuir pour trouver le vrai coupable et se disculper.
Cette histoire aux strates multiples débute à Paris dans les bureaux d’un éditeur. Au moment où la célèbre romancière Marion Scriba décrit son prochain polar, la police surgit et procède à son arrestation. La mère de famille est accusée d’un meurtre fortement médiatisé et on a retrouvé son ADN sur l’arme du crime.
Placée en garde à vue, Marion Scriba clame son innocence. Mais qui peut contester une preuve avec de l’ADN ? Marion ne voit qu’une solution : s’échapper, trouver le coupable et prouver sa propre innocence à elle.
Un agent d’Europol qui a pris sa retraite plusieurs années auparavant, Wim Haag, est rappelé pour participer à l’enquête. Il trouve qu’il y a quelque chose qui cloche : cette femme à la vie bien rangée, qui écrit des histoires, a beaucoup d’instinct dans sa fuite…
L’ADN, LA REINE DES PREUVES
René Manzor a écrit un suspense super bien ficelé et très documenté.
« L’élément déclencheur pour l’écriture du roman, ç’a été l’affaire D’Outreau, une erreur judiciaire monumentale où on a accusé toute une série de personnes d’actes pédophiles. En fait, tout ça était faux. J’ai eu le sentiment de m’être fait embarquer, d’avoir cru à la culpabilité des gens », explique-t-il en entrevue.
« Je me suis dit : si aujourd’hui un truc comme ça arrivait, qu’est-ce qui pourrait jeter quelqu’un au centre de toutes les haines ? C’est l’ADN. Parce que l’ADN, c’est la reine des preuves. Aujourd’hui, on condamne avec l’ADN. C’est une preuve plus forte pour un jury, à la limite, qu’un témoignage ou un alibi. »
René Manzor s’est mis à étudier en quoi l’ADN était la reine des preuves.
« En étudiant avec des spécialistes, je me suis aperçu que ce n’est pas une empreinte génétique qu’on faisait : c’est un profil. Et donc, quelque part, pour établir ce profil, on se basait sur l’expertise de 13 marqueurs. L’ADN est formidable pour disculper quelqu’un, parce qu’il suffit qu’un des 13 marqueurs ne soit pas le bon. Mais deux individus différents peuvent présenter les 13 marqueurs identiques. »
En fouillant davantage, René Manzor a découvert que les études ont démontré que le pourcentage d’erreur était de 1 %.
« Donc une personne sur cent pourrait être accusée, bien qu’innocente. Je me suis dit : attends… si un avion sur 100 s’écrasait, tu prendrais l’avion ? »
ON VEUT UNE COUPABLE…
Il a décidé de mettre en place une intrigue où une mère de famille, qui a trois enfants, va être accusée d’un crime qu’elle n’a pas commis.
« Il y a une telle pression médiatique et presque politique pour trouver la coupable qu’on va presque trop vite. On veut quelqu’un. On veut une coupable. Le propre avocat de l’héroïne va lui conseiller de plaider coupable parce que la reine des preuves a parlé. »
Marion Scriba n’aura plus qu’une solution : s’évader. « Et d’un coup, il y a une traque qui commence. Une double traque : elle cherche le vrai coupable, et en même temps, elle est traquée par cet agent d’Europol rappelé sur cette enquête. Ce qui va être intéressant, c’est de voir comment cette femme, qui est romancière, va se servir de son imagination, finalement, pour essayer d’échapper à celui qui la poursuit. »