Le Journal de Montreal - Weekend

SE RESSOURCER LOIN DES RÉSEAUX SOCIAUX

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Écrivain d’exception, Robert Lalonde partage dans son nouveau livre ses souvenirs d’enfance, une période de sa vie qui occupe une grande importance dans son oeuvre. Par fines touches, dans On est de son enfance, il ouvre le grand livre de ses souvenirs et se rappelle les moments importants qui ont forgé sa personnali­té. Il montre aussi toutes les beautés de la nature et invite ses lecteurs à être attentifs à ce qu’elle a de plus beau à leur offrir. Parce que ça fait du bien.

Les carnets de Robert Lalonde sont toujours évocateurs, toujours pertinents. Et cette fois, ils parlent beaucoup de l’enfance.

« C’est comme si, rendu à mon grand âge, je retrouvais beaucoup l’enfance. C’est curieux : c’est quelque chose qu’on ne prévoit pas », commente-t-il en entrevue. « Je reviens beaucoup à la nature, à mes sens, à l’espèce de liberté, de vagabondag­e et d’innocence que l’enfance peut permettre. Alors j’ai voulu témoigner de cela un peu, en rapprochan­t mon présent de mon enfance. »

DES SOUVENIRS PRÉGNANTS

Robert Lalonde a le sentiment que l’homme qu’il est aujourd’hui est toujours fidèle au jeune Robert, qui a grandi à Oka.

« J’ai gardé ça. Quand on a été en grande partie initié à la nature, surtout par la communauté mohawk de mon enfance – une partie de ma famille –, s’établit un peu cette espèce de rapport avec la nature, comme étant un endroit où on entre en soi-même. »

« Pour moi, ce n’est pas tellement une question de découverte ou d’exploratio­n : c’est une question de retrouver une présence au monde qui ne dépende pas de tout ce qui nous entoure quotidienn­ement. »

L’écrivain fait référence à l’omniprésen­ce des écrans, des réseaux sociaux.

« On peut toujours ben quitter les réseaux sociaux un bon deux heures dans une journée et puis s’en trouver mieux ! Je te parle en revenant d’une promenade qui m’a complèteme­nt enlevé tous les soucis que j’avais depuis le matin avec toutes sortes d’affaires », ajoute-t-il.

« Ma vie intense comme comédien à Montréal, et tout, m’en privait des fois. Mais là, je n’ai plus aucune raison de ne pas y aller. »

Robert Lalonde a été étonné, en commençant ce livre, de voir comment toutes les scènes de son enfance lui revenaient.

« Comment j’étais, comment même j’ai eu du plaisir à fuguer... Toutes les sensations qu’on vit, enfant, quand on est dans un village où tout le monde est les uns sur les autres, où il y a beaucoup de jasage, de mensonges, de calomnies et d’affaires comme ça. Tout ce que je fuyais, je continue de le fuir. Je continue de m’éloigner de ça le plus possible. »

LÂCHER LES ÉCRANS

Robert Lalonde voulait donner le désir aux gens qui vont le lire d’aller se ressourcer ailleurs que sur les réseaux sociaux.

« Il y a bien des gens qui décrochent de plus en plus, qui en ont assez de tout ça, qui se désabonnen­t de toutes sortes d’affaires parce qu’ils considèren­t qu’ils ne vivent plus. Ils sont tout le temps à la remorque d’opinions et de situations à gauche et à droite. »

« Je dis toujours qu’à force de blâmer – avec raison, par ailleurs – le tourment qu’on fait à la Terre en ce moment, il y a une partie de nous qui oublie totalement d’entrer en communicat­ion avec cette nature-là. C’est comme si cette belle nature-là, on ne la célébrait plus que virtuellem­ent, sur les écrans. »

Robert Lalonde observe que les sens sont vite trompés.

« Les gens ont peur de s’aventurer dans la forêt parce que ça se peut qu’ils rencontren­t des bêtes. Ils sont angoissés dans la nature alors qu’ils sont parfaiteme­nt rassurés devant les écrans… Ça devrait être le contraire ! »

En librairie le 5 mars.

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