Le Journal de Montreal - Weekend
DES TRACES PEU RASSURANTES
Lors d’une visite dans une communauté inuit, mon hôte m’informe que son frère part à la chasse sur la banquise et qu’il doit aller lui porter de l’équipement. Comme photographe de reportage, j’y vois une opportunité monstre. Je surmonte donc ma gêne et lui lance tout bonnement, « crois-tu que je pourrais l’accompagner ? » Mon hôte me regarde un peu perplexe. « Tu sais, c’est une expédition de chasse, c’est comme dire, un peu imprévisible. » Selon son expérience, la probabilité que je rentre coucher dans le confort de mon « hôtel » reste plutôt faible. Ce risque, je suis prêt à le prendre, alors j’accepte l’invitation avec un grand enthousiasme ! Après quelques heures à circuler sur une banquise craquelée en ce printemps hâtif, intérieurement, je commence à regretter mon initiative. On s’aventure de plus en plus loin sur la baie d’Ungava et nos principaux outils se résument à une vieille motoneige et une ancienne carabine toute rouillée. Nous n’avons que peu de réserve de nourriture, aucune tente, ni de réserve de carburant sur le traîneau. Je me demande même à quel moment on manquera d’essence. J’adresse mes préoccupations à mon guide, mais ça ne semble pas l’inquiéter. Mon stress monte à son paroxysme lorsque nous croisons les traces d’un ours polaire que j’imagine monstrueux. Le guide m’explique que dans la blancheur de la banquise, il est presque impossible de le repérer avant qu’il ne soit à nos côtés. Tout pour me rassurer et souhaiter que l’on revienne dormir à la communauté !
Appareil : Canon EOS 6D Objectif : EF 24-70mm Exposition : 1/1000s à F5,6 ISO: 100