Le Journal de Montreal - Weekend
ÉLIXIR SUCRÉ
On sait donc que la sève de l’érable à sucre était connue des Autochtones des forêts de l’est de l’Amérique bien avant l’arrivée des premiers colons européens. L’explorateur malouin Jacques Cartier a laissé un témoignage dans lequel il nous parle d’un arbre qui produit une sève aussi bonne au goût que le vin. Marc Lescarbot, en 1606, explique que les Premières Nations distillent l’eau d’érable avec des pierres chaudes.
On sait que les Autochtones se transmettaient anciennement leurs connaissances de façon orale. Il n’existe donc aucune trace écrite pour situer dans le temps le moment de la découverte de l’eau de l’érable à sucre. On pense qu’ils ont développé, au fil du temps, d’ingénieuses techniques pour extraire, puis transformer cette eau en une sève de l’érable qui ressemblerait au sirop que nous connaissons. Chaque clan possédait un petit espace couvert près de son habitation pour distiller la précieuse ressource. C’est aux femmes que revenait la responsabilité de la collecte et du traitement de l’eau d’érable. Elles utilisaient des coquillages ou des pierres tranchantes pour entailler l’écorce des érables pour en faire sortir l’eau au printemps. Cette sève était recueillie dans des bassines faites d’argile ou d’écorce. On se servait de roches très chaudes pour faire évaporer l’eau déposée dans des récipients (de pierre ou d’argile). Cette eau d’érable bouillie et réduite était entre autres utilisée dans la médecine traditionnelle, mais servait probablement peu souvent à agrémenter des recettes parce que selon ce qu’on comprend de leur alimentation, les Premières Nations n’avaient pas nécessairement la dent bien sucrée. On sait par contre que le précieux sirop pouvait être produit en quantité importante et avait l’avantage de bien se conserver à longueur d’année.