LE TRAGIQUE RÉCIT D’UNE FEMME FORCÉE DE DONNER SON ENFANT

À temps pour le printemps, Marthe Laverdière, l’horticultrice, humoriste et romancière, propose à ses fans une nouvelle série historique se déroulant dans les collines de Bellechasse : La

Delle. Dans le premier tome, Alvenia, elle s’est inspirée de souvenirs, de confidences et d’histoires extraordinaires entendus dans ses serres et dans son comté. Dans un texte à saveur humoristique, elle aborde un thème très dur : celui des femmes à qui on enlevait un enfant, il n’y a pas si longtemps. Pour les convenances. Pour la religion. Pour le principe.

Dans ce nouvel opus se déroulant au tournant du 20e siècle, Marthe Laverdière s’est inspirée de confidences pour créer son héroïne, Alvenia.

Cette jeune femme à l’esprit vif est née dans l’arrière-pays. Elle a bien envie de vivre sa vie à sa manière, malgré un père riche, misogyne et violent qui règne sur une mère soumise qui se plie à toutes ses exigences. Marthe Laverdière met le territoire et l’histoire de Bellechasse de l’avant dans son nouveau roman.

« Je trouve qu’on est la craque de fesse entre Montmagny et la Beauce, dit-elle. Bellechasse n’a pas pris sa place. Je me promène à la grandeur du Québec et il y a beaucoup de places où les gens ne savent même pas que ça existe ! »

Elle trouve ça drôle. « Pourtant, on est un comté qui est développé. On a une belle histoire aussi… mais ça n’a pas sorti. » Marthe Laverdière, justement, ajoute que lorsqu’elle écrit, elle s’inspire d’histoires entendues dans son coin.

« Je me dis qu’il y a des belles histoires. Il y a du vécu. C’est l’fun d’aller creuser là, de voir comment ils vivaient, ces gens-là. Les manigances. Les ci, les ça qu’il y avait là. J’aime bien ça. »

Certaines histoires locales impliquant des femmes et des enfants l’ont beaucoup émue. « J’ai le goût de raconter la vie des gens qui sont passés avant moi. La Delle, c’est réellement un combat de la femme. Alvenia est une fille de tête. Une fille qui a du guts. Elle tombe en amour et va tomber enceinte avec le fils du notaire. Quand son père s’en rend compte, il lui dit : tu vas aller accoucher à Québec chez les soeurs, mais c’est ton frère qui va l’adopter, parce qu’il est stérile. »

Mais Alvenia veut garder l’enfant. « Son père est misogyne au boutte. Il n’aime pas les femmes. Il n’aime pas sa femme. Il profite amplement de tout ce qui est féminin. Elle va développer un côté très combatif et va en perdre son côté bonne personne. »

« Au fil des tomes, on aime Alvenia. À un moment donné, on la hait, et à la fin, on la comprend. Elle va réussir à placer son fils dans une maison voisine de la sienne, en gage, tout en payant, mais personne ne va savoir que c’est son fils. »

« C’ÉTAIT UN TRAFIC D’ENFANTS »

Marthe Laverdière trouve que cette histoire est « un beau clin d’oeil à toutes les femmes qui ont été obligées de donner leur enfant ».

« Souvent, quand on parle de ça, on voit soit la niaiseuse qui n’était pas capable de l’élever, ou bedon celle qui était contente de s’en débarrasser. Mais il y avait toute une trame de fond à travers ça. La famille avait un gros poids. Et disons-le : c’était un trafic d’enfants. »

« Les enfants qui étaient placés dans des crèches, ça faisait l’affaire de bien du monde. Il y en a qui étaient pour les couples anglais… Je pense qu’on n’a jamais regardé s’il y avait des femmes qui se sont battues et qui ont réussi à les garder, peu importe la façon. Il y en a qui se sont arrangées pour en faire plus que ça… et Alvenia va être une de celles-là. »

■ Marthe Laverdière est horticultrice depuis une trentaine d’années.

■ Elle est aussi humoriste et romancière.

■ Elle a publié plusieurs grands succès de librairie, dont Jardiner avec Marthe.

■ Elle animera une nouvelle émission horticole sur les ondes de TVA au début de l’été.

■ Le deuxième tome de La Delle paraîtra à l’automne 2024.

■ Marthe Laverdière tient à préciser que les droits d’auteur du livre seront versés à la Fondation Marthe Laverdière, pour les enfants handicapés.