Le Journal de Montreal - Weekend

LES LIVRES QU’ELLE AIME

À partir d’aujourd’hui – et ce, jusqu’au 9 avril –, on peut voir jouer la comédienne Marie-Hélène Thibault dans la célèbre pièce de Tennessee Williams, La ménagerie de verre. Grande lectrice, elle nous parle des livres qui ne l’ont pas laissée de marbre.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Quel a été votre tout premier gros, gros coup de coeur littéraire ?

Ça a été La petite maison dans la prairie de Laura Ingalls Wilder. J’ai lu le premier tome vers l’âge de 11 ans et ensuite, j’ai lu tous les autres ! J’ai eu un incroyable coup de foudre pour cette histoire qui est loin d’être aussi bonbon que celle qu’on a pu voir dans la série télé. Entre 1932 et 1943, Laura Ingalls Wilder a écrit neuf livres qui racontent sa petite enfance et la vie des pionniers américains de la fin du XIXe siècle. La ville de De Smet, dans le Dakota du Sud, a été créée par ces gens-là malgré les périodes de gel, les blizzards et les catastroph­es en tous genres.

Et le tout dernier ?

C’est Là où je me terre de Caroline Dawson. Je l’ai lu il y a quelque temps, mais là, je le relis parce que je le travaille avec mes étudiants à l’École nationale de théâtre. Je leur enseigne la lecture avec cette super belle écriture, qui raconte une partie de la vie de l’auteure, dont la famille a fui le Chili dans les années 1980. Le livre mélange une vraie connaissan­ce du Québec et de la langue, avec une observatio­n sociologiq­ue d’une grande acuité par rapport aux sentiments de ces nouveaux arrivants.

À part celui-là, quels romans avezvous franchemen­t adorés au cours de ces dernières années ?

√ L’année de la pensée magique de Joan Didion. C’est un livre très autobiogra­phique, presque un journal, que Joan Didion a commencé à écrire après le décès de son mari. Ses réflexions sur la mort sont vraiment intéressan­tes.

√ Le vrai lieu d’Annie Ernaux, une auteure féministe importante que je découvre. Cet ouvrage réunit différents entretiens qui expliquent d’où elle vient, où elle a choisi d’habiter et ce qui influence qui on est comme écrivain. Ça m’a donné le goût de lire tous ses livres.

√ La course de Rose de Dawn Dumont, une auteure qui vient de la Saskatchew­an. Il y a là-dedans un portrait de famille surprenant. Après avoir traversé quelques dures épreuves, Rose, la mère, va décider de se mettre à courir même si elle ne l’a pas fait depuis des années. Le récit est incroyable­ment beau. Je tiens à souligner la très belle traduction de Daniel Grenier, qui m’a donné le goût de lire tous ses trucs à lui ! √ Symptômes de Catherine Ocelot, une auteure de Québec qui vit à Montréal. C’est plein de questions existentie­lles et il y a beaucoup d’histoires de femmes (sur nos corps, sur ce qu’on peut vivre…). J’ai été complèteme­nt bouleversé­e, ce livre m’a touchée.

√ Chauffer le dehors de Marie-Andrée Gill. C’est de la poésie qui mélange la nature et l’intime. Je l’ai lu il y a deux ans, quand j’ai décidé de lire de la poésie le matin au lieu de lire les nouvelles. Et j’ai adoré ça. J’ai trouvé qu’il était facile de rentrer dans cet univers.

Le fait de jouer dans La ménagerie de verre vous a-t-il incité à lire d’autres livres de Tennessee Williams ?

Un tramway nommé Désir, La chatte sur un toit brûlant… Je suis retournée dans ces livres-là. Cela dit, toutes les biographie­s de Tennessee Williams mentionnen­t à quel point La ménagerie de verre est autobiogra­phique. Le personnage de la mère est par exemple beaucoup inspiré de sa mère.

La pièce a été traduite par Fanny Britt et elle a dit que l’auteur avait une connaissan­ce des femmes assez troublante­s.

Est-ce qu’il y a un livre ou un roman auquel vous revenez régulièrem­ent depuis des années ?

Oui, c’est l’essai Le monde est à toi de Martine Delvaux, qui offre une réflexion sur la façon d’élever sa fille quand on est féministe. J’ai lu ça, et je l’ai fait lire à ma fille. Il y a un grand amour de la jeunesse là-dedans qui est tellement formidable à entendre quand on compare à tout ce qui se dit maintenant contre la jeunesse. C’est vraiment beau.

Quel est le livre que vous avez toujours voulu lire, mais que vous n’avez jamais réussi à terminer ?

J’ai souvent essayé de lire La formation de l’acteur du Russe Constantin Stanislavs­ki, qui est comme un grand maître de l’acting. Il travaillai­t avec Tchekhov et voulait trouver une façon plus naturelle de jouer. Mais il y a quelque chose là-dedans qui est très maniéré. Ça s’est sclérosé en vieillissa­nt, et je ne me suis jamais rendue au bout. Par contre, j’ai lu d’autres livres sur le jeu d’acteur !

Que lisez-vous présenteme­nt ?

Le livre de Madeleine Thien qui s’appelle Nous n’étions rien. C’est un portrait de la Chine de maintenant, une espèce de saga qui commence à Shanghai pendant la Révolution culturelle. Je lis aussi un essai intitulé La Chine et le nouveau désordre mondial de Joanna Chiu, une journalist­e qui est allée en Chine pour se réappropri­er cette culture-là.

Quel est le prochain roman que vous vous promettez de lire ?

En fait, j’en ai deux. Que notre joie demeure de Kevin Lambert, que j’ai très hâte de lire. Et aussi Bien faire et se tenir en joie de Stéphane Crête, un recueil de textes qu’il a écrit pour toutes sortes d’événements.

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