Le Journal de Montreal - Weekend

« JE NE POGNAIS PAS AU DÉBUT »

- MAXIME DEMERS

Connu pour son rôle mythique dans le film culte Jésus de Montréal, Lothaire Bluteau n’avait pas mis les pieds sur un plateau de tournage québécois depuis des années quand il s’est laissé tenter par un des rôles principaux du film La fonte des glaces. Ce n’est pas parce qu’il boudait le Québec, bien au contraire ! « Maudit que j’aime ça, jouer en français », confie d’ailleurs l’acteur de 66 ans en entrevue.

Il faut dire que Lothaire Bluteau n’a pas eu souvent l’occasion de jouer dans sa langue maternelle depuis qu’il a quitté le Québec il y a une trentaine d’années pour aller faire carrière aux ÉtatsUnis et en Europe. Dès que le succès de Jésus de Montréal (de Denys Arcand) lui a ouvert les portes à l’étranger, en 1989, Lothaire Bluteau a saisi l’occasion pour aller tenter sa chance ailleurs.

Pendant toutes ces années, l’acteur s’est donc laissé guider par les projets qui l’attiraient aux quatre coins du monde, naviguant entre les grandes production­s internatio­nales (les séries Vikings, 24, Les Tudors) et les petits films d’auteur indépendan­ts.

« On ne sait jamais où la vie va nous mener, observe-t-il, philosophe, lors d’une entrevue accordée au Journal plus tôt cette semaine.

« Comme là, en ce moment, je n’ai aucune idée où je vais aller après. Mais c’est comme ça que j’ai vécu toute ma vie. Maintenant que je suis une vieille chose, je m’aperçois que la vie te pousse, parfois, dans la bonne place. S’il n’y a pas de résistance, c’est parce que c’est le bon chemin. »

Lothaire Bluteau dit recevoir assez d’offres pour choisir seulement les projets qui l’allument vraiment. C’est donc parce qu’il a eu un coup de coeur pour le scénario de La fonte des glaces qu’il a accepté de jouer dans ce second long métrage du réalisateu­r François Péloquin (Le bruit des arbres), coécrit avec Sarah Lévesque.

« Avant d’accepter un projet, je me demande toujours si je suis capable de proposer quelque chose qui va convenir au réalisateu­r et si on voit le personnage de la même façon », explique Bluteau.

« Mais ce personnage-là, je l’ai pogné au bout de deux jours. J’ai trouvé son ton, ses mensonges, son air… J’ai dit à François [Péloquin] : OK, on l’essaye. C’était le fun, en plus, de jouer ça dans la langue de mon enfance. Je viens du Lac-Saint-Jean alors ça m’a permis de trouver assez rapidement le bon range pour le personnage. »

UN PARCOURS ATYPIQUE

Lothaire Bluteau vit présenteme­nt à Los Angeles, mais il n’exclut pas la possibilit­é de déménager à Londres, une ville qui, dit-il, lui ressemble plus.

Quand on lui demande s’il est fier de son parcours, l’acteur des films Robe noire et Le confession­nal prend une longue pause avant de répondre.

« Je ne sais pas si je suis fier, mais je peux dire que j’ai eu l’audace de le faire », tranche-t-il.

« Je n’ai jamais prévu de faire ça. Je ne pognais pas au début. Et j’étais écoeuré de ne pas pogner. Les gens me disent souvent : tu avais 18 ans quand tu as fait Jésus de Montréal. Mais c’est faux ! J’en avais 33 ! Et j’ai commencé dans ce métier-là à 19 ans, alors ç’a été long avant que ça marche. Il y a eu des creux et des moments où je doutais beaucoup. »

« Je pense que j’ai eu le courage de continuer à être curieux. Quand tu te mets à pogner, on t’offre tout. Mais j’ai toujours eu le courage de dire : c’est pas ça que je veux faire. Mais le prix pour ça, c’est que tu recommence­s à zéro à chaque fois. Ce n’est pas parce que tu es bon dans un film que tu vas être bon dans le suivant… »

√ Le film La fonte des glaces prend l’affiche le 22 mars.

 ?? ??
 ?? PHOTO FOURNIE PAR LAURENCE GRANDBOIS BERNARD ?? Christine Beaulieu et Lothaire Bluteau dans La fonte des glaces.
PHOTO FOURNIE PAR LAURENCE GRANDBOIS BERNARD Christine Beaulieu et Lothaire Bluteau dans La fonte des glaces.
 ?? ??
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada