Le Journal de Montreal - Weekend

UN OSCAR EN FORME D’APOTHÉOSE POUR HAYAO MIYAZAKI

TOKYO | (AFP) C’est un prix en forme d’apothéose pour Hayao Miyazaki, le patriarche de l’animation japonaise : Le garçon et le héron, son dernier film, a décroché dimanche dernier l’Oscar du meilleur film d’animation, comme déjà son Voyage de Chihiro en 2

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De quoi peut-être encourager le maître de 83 ans du légendaire studio Ghibli à ne pas encore prendre sa retraite artistique, qu’il avait déjà annoncée avant de revenir à sa table à dessin pour ce projet.

Dix années se sont cependant écoulées entre la sortie de ce dernier film et son précédent opus, Le vent se lève.

Cultivant la discrétion, Miyazaki était absent de la cérémonie des Oscars à Hollywood et n’est pas non plus apparu à une conférence de presse de Ghibli lundi à Tokyo, laissant Toshio Suzuki, un autre responsabl­e du studio, s’exprimer à sa place.

Hayao Miyazaki a accueilli sa nouvelle victoire aux Oscars avec retenue, pour dissimuler sa joie : il était « normal » et a simplement déclaré que c’était « bien » d’avoir gagné, selon M. Suzuki, qui l’a eu au téléphone.

« Je ne pense pas que ce sera facile [pour lui] de faire un nouveau long-métrage », a encore estimé M. Suzuki. Mais « Miyazaki a fait des courts-métrages d’animation par le passé, donc j’aimerais qu’il aille de nouveau dans cette voie à présent », a-t-il ajouté.

« Il dit que sa vue est devenue mauvaise et que ses bras ne fonctionne­nt plus. Mais si vous me demandiez ce que je pense, je vous dirais qu’il exagère ! » a glissé M. Suzuki en s’esclaffant. « Pour moi, il a l’air plein d’énergie ».

SOUVENIRS D’ENFANCE

Avec Le garçon et le héron, Hayao Miyazaki, artisan perfection­niste qui a contribué à donner ses lettres de noblesse à l’animation, prouve qu’il a gardé tout son talent et ses techniques 2D à l’ancienne, à l’heure du triomphe des images de synthèse.

Le film est empreint d’onirisme et de magie, comme souvent chez Miyazaki, et contient des éléments autobiogra­phiques comme dans Le vent se lève, en se déroulant à l’époque traumatisa­nte de son enfance, la Seconde Guerre mondiale.

Après la mort de sa mère dans un incendie à Tokyo, Mahito, un jeune garçon, déménage à la campagne avec son père et sa belle-mère, qui n’est autre que la tante de l’enfant.

Dans ce nouvel environnem­ent compliqué pour lui, Mahito rencontre un héron cendré qui va l’inciter à plonger dans un monde parallèle, peuplé d’un bestiaire fantastiqu­e et effrayant, dans lequel le garçon va découvrir des secrets de son histoire familiale et faire des choix cruciaux.

« Cet univers provient pour l’essentiel de mes souvenirs », avait confié l’an dernier Miyazaki, expliquant que lui aussi avait vécu enfant dans une grande maison de campagne pour fuir les bombardeme­nts pendant la guerre.

« La vérité sur la vie n’est pas quelque chose de lumineux, ou de juste. Cela contient tout, y compris une part de grotesque », a-t-il aussi déclaré. « Il était temps de créer une oeuvre en extrayant des choses tapies au plus profond de moimême ».

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LE GARÇON ET LE HÉRON

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