Le Journal de Montreal - Weekend
COMPRENDRE LES MARQUEURS D’ESTIME DE SOI
Presque 20 ans après la publication de ses best-sellers L’estime de soi et Imparfaits,
libres et heureux, le psychiatre français Christophe André explore à nouveau l’estime de soi dans son nouveau livre,
S’estimer et s’oublier. Ce livre à savourer tranquillement, et à garder sur la table de chevet pour y revenir quotidiennement, invite tout un chacun à trouver le juste équilibre en matière d’estime de soi. L’auteur, connu dans le monde entier, présente des réflexions, mais aussi des exercices concrets pour se sentir mieux avec soi-même, s’estimer, mais aussi porter son regard et son attention sur ce qui nous entoure.
« J’avais déjà écrit deux livres sur l’estime de soi ; c’est un de mes grands thèmes professionnels, avec la méditation et l’anxiété », explique Christophe André, en entrevue téléphonique.
« Je voulais compléter parce que de nouvelles données scientifiques étaient arrivées, depuis une dizaine d’années. Comme beaucoup de gens, j’étais frappé par les changements sociologiques, ce qu’on appelle l’épidémie de narcissisme, l’impression qu’il y a davantage d’égoïsme chez beaucoup de personnes. »
Dans ce troisième livre, Christophe André rappelle une donnée importante : ce qui permet de reconnaître que quelqu’un a une bonne estime de soi, c’est lorsque cette personne n’est pas trop centrée sur elle-même.
« LÂCHER L’AFFAIRE »
Être trop centré sur soi-même signifie qu’il y a de l’insécurité.
« Cela signifie que je ne suis pas en règle avec moi, je n’ai pas fait le travail de pacification intérieure. »
« Ce dont on s’est aperçu, c’est que le marqueur de la bonne estime de soi, c’était l’oubli de soi. Tout ce qui nous aide à penser à autre chose qu’à nous, comme s’intéresser aux autres, s’immerger dans la nature, méditer, être tourné vers autre chose que son petit nombril, son petit ego, fait du bien à l’estime de soi. »
Christophe André dit qu’il est très important de s’estimer, d’avoir un bon rapport avec soi, mais qu’à un moment donné, il faut « lâcher l’affaire ».
« Pourquoi c’est important de s’estimer ? Ce n’est pas pour se regarder tous les matins dans la glace et se dire : qu’est-ce que je suis bien ! Qu’est-ce que je suis super ! C’est justement pour ne plus avoir à focaliser sur soi et se tourner vers des choses encore plus intéressantes que soi. C’est-à-dire les autres, la vie, le monde, etc. »
LE MANQUE D’ESTIME DE SOI
Sur le plan relationnel, le marqueur de manque d’estime de soi, c’est le fait qu’on se demande tout le temps ce que les autres pensent de nous, explique l’auteur.
« On est toujours dans l’inquiétude de ne pas être à la hauteur, de ne pas être accepté par les autres. »
« Sur le plan psychologique, c’est toutes ces pensées où on n’est jamais content de soi, où on ne se trouve jamais à la hauteur et où on a tendance à se faire du mal, s’autocritiquer, être trop sévère envers soi. À se punir, s’en vouloir soi-même. »
Sur le plan de l’action, la mésestime de soi pousse à ne pas oser faire les choses, à ne pas oser aller vers quelqu’un, à ne pas se proposer pour une promotion au travail, par exemple.
EN RÈGLE AVEC SOI, SANS ÊTRE PARFAIT
« À l’inverse, les gens qui ont une bonne estime d’eux-mêmes sont en règle avec eux, sans être parfaits. »
« Si j’ai une bonne estime de moimême, je sais bien que je ne suis pas parfait, qu’il y a plein de choses qu’il faut que je fasse progresser, mais je suis capable de me dire : voilà, tu es de bonne foi, tu fais de ton mieux, donc respecte-toi. Ce qui va bien, savoure-le. Ce qui va mal, transforme-le. Et puis tu n’as pas à avoir honte de toi : tous les humains sont imparfaits. »