Le Journal de Montreal - Weekend
RASSEMBLER LES GÉNÉRATIONS
5 questions à Clémence Aboussouan, productrice des Temps fous
Clémence Aboussouan aime démarrer des projets, les façonner, former des équipes. Recherchiste puis productrice au contenu, elle a apporté sa touche à de nombreuses émissions, en variétés comme en magazines. Bonsoir, Bonsoir et En direct de l’univers figurent à son cv, tout comme Révolution, dont elle a connu les premiers balbutiements, et L’avenir nous appartient qui se démarquait par son optimisme et l’innovation des gens. La voici maintenant productrice de l’émission Les temps fous qu’anime Édith Cochrane, qui unit les générations, alimente les réflexions et donne lieu à de beaux échanges.
Comment les invités sont-ils choisis ?
Ce qui nous importe d’abord c’est qu’il y ait un écart important entre chacun. C’est un concept qui fait briller nos doyens et j’en suis fière parce que c’est rare qu’ils ont l’espace pour se raconter à la télé. Ils donnent de bons conseils de sages. Les plus jeunes sont avides de ces informations-là.
En quoi as-tu l’impression que les générations se ressemblent ?
C’est amusant de constater que les plus jeunes ont l’impression de défoncer des portes alors que les plus vieux ont souvent vécu quelque chose de similaire. Par exemple, Rosalie Bonenfant nous a parlé de l’amour libre. Pour les gens de 40 ans, c’est un discours qu’on entend moins. Mais pour Louise Deschâtelets, c’est du déjà vu. On constate qu’il y a un retour du balancier. C’est intéressant de se le rappeler avec des exemples concrets, du vécu. C’est très rassembleur. C’est intéressant aussi de voir l’évolution des modes à travers les objets. Est-ce que c’était plus sain de jouer avec un Tamagotchi que les écrans d’aujourd’hui ? Pierre Curzi nous racontait qu’enfant, il cassait la glace au printemps avec une petite hache. Aujourd’hui, ça serait impensable qu’un enfant ait accès à une hache. On voit qu’il y a une grosse évolution au niveau de tout ce qui touche la sécurité.
Les invités doivent-ils se soumettre à une longue entrevue pour déterminer le contenu de l’émission ?
Avec Rosalie Dumas, la productrice au contenu, on a mis toutes nos bonnes pratiques pour développer un questionnaire qu’on envoie aux invités. Il est très ciblé. On s’intéresse principalement aux jeux de leur jeunesse. Ensuite, on approfondit des angles et des histoires en préentrevues. Édith connaît aussi très bien la plupart des invités. Elle fait confiance à sa répartie qui est une arme incroyable. Puis nous avons d’excellents accessoiristes qui nous trouvent les objets pour faire revivre les souvenirs d’époque et créer les discussions. Certains objets viennent aussi des invités.
C’est la première fois qu’Édith anime seule un grand plateau. Comment la décrirais-tu comme animatrice ?
Édith espérait ce genre de projet et je pense qu’on s’est trouvé. Elle s’est rapidement impliquée dans le déploiement du concept pour qu’il lui ressemble. Elle est très impliquée dans le choix des invités aussi. C’est une travaillante, une première de classe. Elle a une excellente mémoire, prépare bien ses entrevues en amont et sait faire briller ses invités. C’est une femme très à l’écoute, rassembleuse. On voit une belle vague d’affection de la part du public. Tout le côté vélo, c’est elle. C’est l’ADN d’Édith. C’est comme ça qu’elle se déplace dans les rues de Montréal. Ça a inspiré les concepteurs et le réalisateur, Jean-François Blais. La bicyclette comme la roue ont contribué à créer un univers unique. Le vélo, la roue qui tourne, le temps, l’horloge. C’est très symbolique. Ça permet de s’amuser comme avec le segment sur la ligne du temps. Édith avait aussi un désir d’être entourée de femmes, d’avoir un house band. On avait envie d’une rencontre entre générations grâce à la musique. Le Quatuor à cordes Esca peut jouer tous les styles. Sur le plateau, il assure une autre forme d’énergie, rend les gens heureux.
On dit que notre culture se perd, que les jeunes ne s’y intéressent plus. Avez-vous le mandat de nous cultiver ?
Ce n’est pas un mandat, mais on a envie de faire revivre des référents culturels. Entendre Micheline Lanctôt parler de la crise d’Octobre, ça prend un autre sens parce que c’est à travers son vécu, ça devient palpable. Je me souviens, quand on a testé la ligne du temps au bureau, chacun se rappelait où il était pour les différents événements énoncés. Par exemple, lors du 11 Septembre, je me suis revue dans ma classe. On se disait que le public allait lui aussi se sentir interpellé.
√ Les temps fous, vendredi 21 h ou sur video.telequebec.tv