Le Journal de Montreal - Weekend

UN RÔLE ÉMOUVANT POUR CHRISTINE BEAULIEU

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

Christine Beaulieu se glisse dans la peau d’une agente de libération conditionn­elle dans La fonte des glaces, le nouveau film du réalisateu­r François Péloquin (Le bruit des arbres), dans lequel on peut voir brièvement quelques photos de la vraie mère de l’actrice qui est récemment décédée. Rencontre avec la comédienne de 42 ans qui brille autant à l’écran que sur les planches.

Comment ce rôle est-il arrivé dans ta vie ?

« J’ai d’abord reçu une super belle lettre de François [Péloquin] et de Sarah [Lévesque, la scénariste] à un moment où j’étais très fatiguée. C’était un texte très beau et sensible qui m’a tout de suite donné le goût de les rencontrer. Je les ai beaucoup aimés, et c’est devenu une motivation pour moi de travailler avec ces deux belles personnes-là. Ils ont écrit un film qui a des qualités humanistes, comme eux. C’est souvent l’humain derrière le projet qui m’anime. »

Comment as-tu réagi en voyant le film ?

« Ça m’a beaucoup émue d’autant plus qu’on voit dans une scène des vraies images de ma mère qui est décédée il y a quelques jours [le 4 mars]. Mon personnage a perdu sa mère quelques années plus tôt, et comme on parle beaucoup d’elle dans le film, j’ai proposé à François [Péloquin] de montrer des images d’elle. Je lui ai donc fourni des photos de ma vraie mère. Et là, le film sort quelques jours après son décès. Je trouve ça très fort. Quand tu perds ta maman, tu veux tellement la garder vivante en toi. C’est ça que je ressens en ce moment. Je ne veux tellement pas l’oublier que je veux allumer toutes les flammes qui me ramènent à elle. »

Tu joues dans le film une agente de libération conditionn­elle qui gère une aile expériment­ale de réhabilita­tion pour criminels ayant commis des homicides. Quelle est ton opinion sur le sujet ?

« On vit dans une société où il y a beaucoup de féminicide­s. Pour faire face à ces situations-là, il faut prendre soin des victimes, bien sûr, mais je pense qu’il faut aussi tenter de comprendre pourquoi ces hommes commettent ces violencesl­à. C’est sûr que ça vient de quelque part et que si on ne s’intéresse pas à cela, on ne guérira pas ce problème de société. Personnell­ement, je crois à la transforma­tion et je veux croire à la réhabilita­tion, au pardon et à la seconde chance. Surtout quand on a affaire à des gens qui sont prêts à assumer leurs vices et leurs déviances. » « Je pense qu’on peut se transforme­r avec du travail psychologi­que. Je l’ai moi-même vécu. À partir de l’âge de 27 ans, je suis allée chez une psychologu­e une fois par semaine pendant sept ou huit ans. Et pour moi, il y a un avant et un après ce travail-là, dans ma façon de vivre et d’aborder la vie. Je suis pleinement vivante depuis que j’ai fait ce travail-là sur moi-même. »

Dans La fonte des glaces, tu joues aux côtés de Lothaire Bluteau, un acteur qu’on a peu vu depuis quelques années au Québec…

« J’étais très excitée de pouvoir jouer avec lui. Jésus de Montréal est un film qui m’a beaucoup marquée. Lothaire est un acteur total. Il est unique et singulier. Pour moi, c’était le fun parce que je jouais devant lui et qu’il ne m’offrait pas la même chose que ce que je suis habituée à recevoir. Il est très émotif, et il fallait que je m’ajuste à ça. C’est le fun qu’il nous revienne. Ça faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu [dans un film québécois]. »

La fonte des glaces, à l’affiche depuis hier.

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LA FONTE DES GLACES
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