Le Journal de Montreal - Weekend

PIERFRANCE­SCO FAVINO ET SON AMOUR DU PUBLIC

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

Grande star du cinéma italien, Pierfrance­sco Favino ne manque pas d’admirateur­s dans la Francophon­ie. L’acteur n’a-t-il pas été surnommé le Lino Ventura italien par les Français ? Pierfrance­sco Favino a traversé l’Atlantique pour la sortie du très bon polar Dernière nuit à Milan, l’occasion pour lui de découvrir Montréal pour la première fois.

« J’en profite pour faire un peu de tourisme », dit Pierfrance­sco Favino à propos de ses premiers jours en sol québécois, et ce, dans un français impeccable. L’acteur de 54 ans, un habitué des rôles de policier, incarne le lieutenant Franco Amore. Le policier est à la veille de partir à la retraite au bout de 35 ans de loyaux services, sans jamais avoir tiré un seul coup de feu de toute sa carrière.

« Je ne sais pas ce qu’Andrea Di Stefano a vu en moi, peut-être une qualité humaine. On se connaît depuis longtemps, nous avions joué ensemble puisqu’il a été acteur », répond Pierfrance­sco Favino lorsqu’on lui demande les raisons pour lesquelles le cinéaste et scénariste a écrit ce rôle pour lui.

Pour sa dernière nuit en service, Franco Amore a accepté de se faire un peu d’argent en allant chercher une Chinoise (Fifi Wang) à sa descente d’avion, une heure de travail grassement payée par le patron (Mao Wen) de la mafia chinoise que lui a présenté Cosimo (Antonio Gerardi), le cousin de son épouse Viviana (Linda Caridi). Et les choses ne tardent pas à mal tourner.

UN FILM À L’ADN ITALIEN

« C’est le film en général [qui m’a plu quand j’ai lu le scénario]. J’avais envie de connaître la suite, et j’ai immédiatem­ent dit oui. Généraleme­nt, dans ce type de film, on sait toujours que le héros va gagner, et là, comme dans la tradition italienne, on a toujours un doute. C’est très italien et ça ajoute de la tension au film. Le destin de tous les personnage­s n’est jamais clair », explique-t-il.

« Franco n’est pas honnête à 100 %, détaille Pierfrance­sco Favino. Les conditions de la vie des personnage­s les poussent à changer. Nous avons beaucoup parlé avec des policiers, nous avons fait énormément de recherches. Les conditions de vie des policiers italiens – et je pense que ça doit être la même chose partout dans le monde – sont extrêmemen­t dures. Chez nous, à la fin de leur carrière, les policiers gagnent 1200 ou 1300 euros par mois [environ 2000 $,]. Milan est devenue une ville incroyable­ment internatio­nale et riche et pour y vivre décemment, il faut gagner beaucoup plus que ça. »

Qui dit Italie pense automatiqu­ement à mafia locale, un piège soigneusem­ent évité par Andrea Di Stefano qui a préféré mettre en scène la pègre chinoise, désormais solidement implantée dans la métropole.

« Tout est dans la vérité, Dernière nuit à Milan est un polar noir, Andrea parle de “spaghetti noir”. On a une importante communauté chinoise qu’on voit rarement au cinéma – et je ne dis pas que tous les Chinois font partie de la mafia, pas du tout. J’ai trouvé génial de voir cet angle-là traité dans le film », détaille Pierfrance­sco Favino.

ÊTRE SPECTATEUR

Au vu de son imposante filmograph­ie et des nuances du personnage de Franco Amore – le cinéaste est en train de plancher sur un concept possible de série –, il faut bien demander à Pierfrance­sco Favino ce qu’il cherche dans ses rôles.

« Ce qui est important pour moi est de partager quelque chose. Quand je suis spectateur, je veux avoir la liberté de retrouver ma vie d’une certaine façon. Je veux pouvoir penser que l’histoire de cet homme m’appartient, que ce qui lui arrive peut m’arriver, que ça peut arriver à quelqu’un que j’aime. Je veux participer au film comme spectateur. Et je crois qu’aujourd’hui encore, on fait des films parce qu’on se pose des questions sur l’humanité. »

Dernière nuit à Milan est présenteme­nt à l’affiche dans les salles obscures de la province.

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Pierfrance­sco Favino dans Dernière nuit à Milan

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