Le Journal de Montreal - Weekend
EXPLORER ISTANBUL DANS LES PAS DES LOCAUX
Lorsqu’on la découvre pour la première fois, on s’attarde souvent dans les quartiers touristiques de Sultanahmet et de Galata. Au-delà de Sainte-Sophie, de la Mosquée bleue et du Grand Bazar, Istanbul regorge toutefois de quartiers vibrants où il fait bon de déambuler pour tâter le pouls d’une bouillonnante mégapole où s’emmêlent le passé et l’avenir.
Une incursion au Musée de l’innocence me permet tôt en matinée de plonger entre réalité et fiction à même l’imaginaire d’un grand écrivain turc. Tiré du livre d’Orhan Pamuk, cet étonnant musée présente des objets évoquant une histoire d’amour jalonnant le livre. Le fictif permet ici de mettre de l’avant une insolite exposition qui retrace le portrait sociologique d’une époque et nous fait plonger au coeur de la bourgeoisie des années 70-80. Impossible de ne pas s’étonner devant un curieux mur de 4213 mégots de cigarettes !
Direction ensuite vers le nouveau quartier Galataport qui accueille les croisiéristes. C’est toutefois le tout nouveau bâtiment abritant le musée d’art contemporain, le Istanbul Modern, qui m’appelle. Très belle réalisation du réputé architecte Renzo Piano, il donne directement sur le Bosphore, qu’on peut admirer de près depuis l’intérieur grâce sa vaste fenestration, et il présente plusieurs collections d’artistes turcs et internationaux actuels.
Après m’être risquée pour un plat typiquement local, un populaire sandwich d’intestins d’agneau au goût assez (trop) prononcé, j’opte pour prendre un vapör avec une bande de Stambouliotes et quelques touristes jusqu’au quartier d’Ortaköy. Depuis le Bosphore, on peut admirer quelques yalis, ces grandes maisons en bois emblématiques construites au bord de l’eau, avant d’apercevoir la magnifique mosquée baroque qui avance dans l’eau.
Après une brève escale, question de goûter au kumpir, la spécialité locale qui consiste en une immense pomme de terre cuite au four et farcie d’à peu près tout ce que vous pouvez imaginer (fromage, boulgour, thon, tomates, olives, maïs, cornichons, yogourt, ketchup et mayonnaise…), je reprends un autre vapör vers le nord. Au fil de ses parcs, restaurants et grandes maisons en bois aux façades colorées, je découvrirai avec enthousiaste le quartier branché et très vivant de Bebek.
COUCHER DE SOLEIL DEPUIS LA RIVE ASIATIQUE
Seule ville au monde à cheval sur deux continents, il serait dommage de ne pas aller poser les pieds sur l’autre rive. Méconnus, souvent boudés des touristes, les quartiers de la rive asiatique exhalent d’une authenticité fascinante, moderne ou conservatrice.
Depuis le débarcadère du district de Kadiköy bordé de pêcheurs, je traverse son centre plus effervescent et commercial pour me diriger vers le quartier voisin et plus paisible de Moda, à la fois résidentiel et jonché de cafés, glaciers, boulangeries et petites terrasses toutes les plus invitantes les unes que les autres.
Au hasard des rues, je découvre son joli tramway et m’attable pour déguster quelques manti, ces délicieux mini raviolis turcs nappées d’une sauce au yogourt et beurre, avant de me diriger vers le parc qui s’étale le long du front de mer avec sa vaste promenade et sa piste cyclable. De jeunes Stambouliotes y courent ou discutent tranquillement dans les rochers en attendant le coucher de soleil. Il règne une atmosphère fort différente, on sent la ville à l’héritage historique si riche résolument tournée vers l’avenir.