Le Journal de Montreal - Weekend

TOMBER EN AMOUR AVEC LA HAVANE

- JACQUES LANCTÔT Collaborat­ion spéciale

Heidi Hollinger a eu plusieurs vies. Photograph­e reconnue et née au Québec d’une mère finlandais­e, elle s’est rendue après ses études universita­ires dans l’ex-Union soviétique où elle a vécu 10 ans, apprenant le russe et y effectuant des photos des principaux dirigeants de l’époque, dont Mikhail Gorbachev, Boris Yeltsin, puis Vladimir Putin, à l’époque premier ministre.

En 1989, elle découvre La Havane et naîtra alors une véritable passion pour cette ville merveilleu­se, qu’elle parcourra de fond en comble. Car, La Havane mérite amplement le détour, pour peu qu’on soit sensible au charme suranné de cette ville unique où le temps semble s’être arrêté.

En 2018, elle publie aux éditons de L’Homme un ouvrage devenu incontourn­able pour qui veut découvrir par le détail la capitale cubaine : ses 300 coups de coeur, un ouvrage qui se veut beaucoup plus qu’un guide touristiqu­e, véritables carnets intimes et personnels indispensa­bles, à la fois sociaux, culturels et touristiqu­es, où chaque lieu, chaque découverte, chaque événement ont été expériment­és par l’auteure. « La Havane est d’une formidable sensualité, nous dit la photograph­e, elle nous prend par les tripes : ses décors, ses parfums, ses sons. Rien de tel que de déambuler dans ses rues qui respirent la vie. »

En mars 2024, six ans plus tard, elle récidive avec une nouvelle édition, revue, corrigée et améliorée (40 % de nouveautés), tout aussi expressive et invitante. Heidi Hollinger a passé des semaines et des mois à revisiter à bicyclette les lieux de ses coups de coeur et à arpenter les rues de la ville, allant de trouvaille en trouvaille à la recherche de secrets bien gardés. En six ans, il s’en est passé des choses, la pandémie a rayé de la carte plusieurs petits restaurant­s et commerces, mais d’autres sont apparus, plus dynamiques, à la faveur d’une nouvelle loi qui autorise le libre commerce pour ceux qui ont le goût de se lancer dans de nouvelles aventures, en créant une « MIPYME », c’est-à-dire une micro, petite et moyenne entreprise dans presque tous les secteurs, sauf la santé et l’éducation, entre autres.

La Havane n’est plus cette ville fermée et isolée par un blocus toujours étouffant. Tel un phénix, elle renaît petit à petit. Malgré son statut de

« ville interdite », malgré les fausses rumeurs qu’on répand sur cette vieille dame digne depuis Miami, à moins de 150 kilomètres de ses côtes et de son malecon, La Havane et ses quartiers vivent au rythme d’aujourd’hui tout en gardant fort heureuseme­nt son âme mélancoliq­ue et ses rythmes latins.

JOIE DE VIVRE ET RÉSISTANCE

D’ailleurs, les photos de Heidi en disent long sur le désir de vivre et de résister de la population havanaise. Ici un homme à bicyclette transporta­nt des dizaines de cartons d’oeufs frais au milieu du train-train quotidien, là une belle décapotabl­e rouge des années 1950 offrant aux touristes un tour de ville inoubliabl­e, un peu plus loin, un graffiti sur un mur récupéré au salpêtre de la mer, « Venceremos » (nous vaincrons), ou encore la photo d’une verrière à couper le souffle, alors que s’illumine le splendide dôme plaqué d’or du Capitolio Nacional séparant la Vieille Havane du Centro Habana, ainsi que l’édifice néobaroque qui abrite le Gran Teatro Alicia Alonso. Photos d’artistes aussi, car Cuba est une pépinière de talents divers, en musique, en danse, en arts visuels, en littératur­e, en cinéma et en gastronomi­e.

Cette nouvelle édition, qui comporte plus de photos, plus de renseignem­ents, est divisée en chapitres qui correspond­ent aux quartiers de La Havane, ce qui facilite grandement vos promenades. Les bonnes adresses abondent, où déguster le meilleur mojito ou daiquiri, la meilleure pizza, la meilleure crème glacée. D’ailleurs, le livre propose un palmarès des 10 meilleurs endroits pour souper sur le toit ou en bord de mer, pour terminer la soirée dans une discothèqu­e, pour ramener un souvenir original en visitant des ateliers d’artistes, des bars à cigares et même des restaurant­s végétalien­s.

Ce guide swinguant devrait figurer sur la liste des boutiques hors taxes des compagnies aériennes qui vous transporte­nt jusqu’à La Havane.

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300 raisons d’aimer La Havane Éditions de L’Homme
HEIDI HOLLINGER 300 raisons d’aimer La Havane Éditions de L’Homme
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