Le Journal de Montreal - Weekend

SOPHIE CADIEUX MAÎTRISE L’ART DE JONGLER ENTRE SA VIE FAMILIALE ET SES PROJETS

- FRÉDÉRIQUE DE SIMONE

Télévision, théâtre, mise en scène, projets à l’étranger : Sophie Cadieux se réalise sur tous les plans. Ce printemps, l’actrice renoue avec son personnage d’Éliane Sirois dans la deuxième saison de Bête noire, une psychiatre touchée par une mère qui a commis un filicide. Mais malgré les projets qui s’enchaînent, ce rythme lui laisse toute la latitude nécessaire pour bien profiter de l’essentiel : la vie familiale.

Sophie, qu’est-ce qui attend votre personnage, Éliane Boisvert, dans cette deuxième saison de Bête noire ?

Nous sommes quatre ans plus tard. Éliane est maintenant mère d’un petit garçon. Cette saison-ci, elle n’est pas coroner, elle travaille à l’hôpital. Un jour, en prenant l’ascenseur, elle croise le regard de Pascale, 35 ans. Elle ressent une espèce de connexion avec elle et elle veut connaître son cas. On découvre que c’est une mère accusée d’avoir empoisonné ses enfants. Son garçon est décédé, mais sa fille et elle ont survécu. Éliane veut comprendre son geste, au-delà de la mère qui voudrait se venger sur ses enfants ou d’une amoureuse laissée pour compte. Elle retrouve Boisvert et Me Simon, une avocate reconnue pour défendre les cas désespérés. Ce trio va tenter d’éclaircir les raisons de cet acte. Lorsqu’on lit une nouvelle du genre, on émet spontanéme­nt un jugement, mais quand on gratte un peu, on constate qu’il y a beaucoup de zones grises. C’est toujours plus complexe qu’il n’y paraît.

En tant que mère, quels sentiments cela fait-il naître en vous ?

En lisant le scénario, j’ai pleuré. La descriptio­n de l’acte, devoir expliquer à une enfant le geste de sa mère, c’est troublant. Depuis la nuit des temps, le rôle d’une mère devrait être celui de la protectric­e, de la nourricièr­e. Ça m’a beaucoup troublée. Sans l’avoir vécu, je pouvais comprendre cette perte de contrôle. J’ai été très touchée par cette mère. C’est si facile de mettre les gens dans des cases… Éliane a un enfant de quatre ans, le même âge qu’avait la victime. Elle éprouve de la sympathie pour cette mère. Cette empathie que j’éprouve moi-même sert le personnage. Mon métier m’oblige à ne pas avoir de jugement.

Outre vos rôles à la télé, vous avez aussi du théâtre de prévu…

Oui. Fin mai, début juin, j’irai à Macao avec La fureur de ce que je pense, le spectacle sur Nelly Arcan. Je n’y suis jamais allée. C’est une belle invitation. Cette parole féminine très forte intéresse. Nous jouerons en français, avec des sous-titres. Je suis chez Duceppe dans Moi, dans les ruines rouges du siècle jusqu’à la fin mars. Je signe aussi, au Théâtre d’Aujourd’hui, la mise en scène de S’enjailler. C’est un mot originaire de la Côte d’Ivoire qui signifie avoir du plaisir. C’est l’histoire de quatre filles afro de scendantes, racisées, qui ont 20 ans et qui vivent à Montréal. […] L’autrice, Stephie Mazunya, voulait présenter des filles qui ont envie d’écouter du Beyoncé, d’être amoureuses, de rompre avec leurs parents.

Vous signez, avec cette pièce, votre combientiè­me mise en scène ?

Je dirais entre 5 et 10. Pour moi, le fait de mettre en scène, c’est l’actrice qui réfléchit. J’aime être avec des acteurs, penser à ce qu’on raconte, etc. J’adore être interprète, mais j’aime faire coexister ces deux facettes de ma carrière. Je suis toujours en quête d’inconnu et de nouveauté. Ça renouvelle mon amour du jeu.

Comment conjuguez-vous votre métier avec votre vie personnell­e ?

Parfois, les choses s’organisent de manière incroyable. À d’autres moments, c’est comme tenter de faire entrer un carré dans un rond : le casse-tête géométriqu­e ne fonctionne pas. Mais je suis privilégié­e, car j’arrive à passer beaucoup de temps avec ma famille. Par contre, il m’arrive de ne pas être là 16 heures par jour pendant un mois. J’ai un enfant qui se plaît bien dans ce rythme. Si j’avais eu un enfant avec une nature plus sensible à mon absence, j’aurais été à l’écoute. Mais il adore ça !

La deuxième saison de Bête noire sera diffusée dès le 3 avril à 21 h, à Séries Plus. Sophie Cadieux signe également la mise en scène de la pièce S’enjailler, présentée dès le 15 avril au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui.

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