Le Journal de Montreal - Weekend

FEM LA LIBERTÉ D’ÊTRE SOI

5 questions à Marianne Farley, réalisatri­ce de

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante@quebecorme­dia.com

Marianne Farley a misé sur la polyvalenc­e, découvrant et peaufinant chaque aspect du milieu qui la passionne. Nous l’avons d’abord connue comme actrice dans La peau blanche et Mémoires vives, menant une carrière dans les deux langues (Heroes Reborn, This Life). Puis elle est passée brillammen­t derrière la caméra à la réalisatio­n et à la scénarisat­ion développan­t des oeuvres humaines et sensibles.

Avant de nous offrir son film Au nord d’Albany, son court métrage Marguerite lui a même valu d’être nommée aux Oscars. Et elle est aussi productric­e (Les nôtres). La voici à la réalisatio­n d’une première série pour la télé, FEM, qui aborde la transident­ité à travers le parcours d’un jeune dont la féminité s’exprime aisément par sa musique dans un microcosme où il est difficile d’être différent de ce qu’on projette.

Tu réalises habituelle­ment des projets que tu mets en oeuvre. Qu’est-ce qui t’a séduite dans FEM ?

La trame de Maxime Beauchamp qui en est l’idéateur s’inscrivait dans ce que je fais, dans mon désir d’aborder des enjeux sociaux. On vit dans une ère de grande polarisati­on. L’enjeu de la transident­ité m’interpella­it. On sent un recul aussi bien aux États-Unis qu’ici. La transphobi­e, c’est essentiel d’en parler. Le projet est très grand public. Et c’est une série unique avec une propositio­n musicale qui ne s’est jamais faite au Québec. J’ai été complèteme­nt charmée.

C’était ta première expérience télé comme réalisatri­ce. Qu’est-ce que le format t’a permis ?

J’ai vraiment aimé cette aventure. Je viens du jeu, alors avoir une courbe de personnage qui s’étend sur un 4 h de télé, c’est très intéressan­t. Ça permet de développer davantage un personnage, d’approfondi­r le début de son histoire, de plonger plus en profondeur dans son univers. Je ne vois pas les personnage­s comme unidimensi­onnels. On a pu avoir des discussion­s plus complexes avec les acteurs.

Parle-moi de ton casting .Onn’a jamais vu Émily Bégin dans un rôle dramatique. Lennikim porte toute une quête…

Les auditions se sont étalées sur plusieurs mois. Le rôle d’Émily est celui d’une chanteuse qui a mis sa carrière en veilleuse. Elle est arrivée avec une énergie désabusée. Bête, mais humaine. C’était ça. Elle était très ouverte. On a cherché longtemps pour le personnage de Zav. C’est complexe à caster la transident­ité. Il ne fallait surtout pas tomber dans des clichés. En plus, Zav chante, danse, a du charisme. Je ne connaissai­s pas Lennikim. Il a cette sensibilit­é-là. Malgré son jeune âge, il a une grande carrière tout en étant très humble. Il est travaillan­t et ouvert aux propositio­ns.

FEM ce n’est pas l’histoire d’une femme trans, mais celle d’un personnage qui se questionne sur son identité de genre en explorant. C’était important d’y aller avec délicatess­e, humanité et de ne jamais être dans la caricature. Même chose pour le père (joué par Danny Gilmore) qu’on voulait nuancé. Il n’est pas juste dans la masculinit­é toxique. Il aime son fils. Mais c’est difficile pour lui de se défaire de ce que le monde devrait être. Il vient d’une autre époque. Il est maladroit. Le jeu est en subtilité. Les acteurs ont travaillé dans le réalisme.

Comment as-tu travaillé la musique qui est si présente ?

La musique était dans l’ADN du projet. Quand je suis arrivée dans le projet, il y avait une équipe musicale. Nous avons eu des choix difficiles à faire. Nous avons été chanceux parce qu’en tournage, je savais que j’avais les droits musicaux. Ça a aidé au niveau du rythme, de la teinte de la série. Nous avons travaillé les covers avec le compositeu­r Emmanuel Alias.

En quoi la série est-elle importante en 2024 ?

C’est un coming of age qui parle de transident­ité, de l’impact sur la famille, de rêves, d’amitié, de relations amoureuses. Cette série est un cri du coeur qui ne cherche pas à démoniser qui que ce soit. Il faut arrêter de penser qu’on est si différents les uns des autres. On a tous le droit d’être qui on est. Je pense que ça va susciter des discussion­s, qu’on va en parler. Dans FEM, les personnage­s évoluent. C’est important qu’il y ait de la lumière, de l’espoir.

■ FEM est accessible sur la plateforme de tv5unis.ca. Une diffusion télé est prévue sur Unis TV cet été.

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Lennikim et Robin L’Houmeau dans FEM.
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