Le Journal de Montreal - Weekend

UNEODEÀLAV­IE

L’autrice islandaise Audur Ava Ólafsdótti­r avait refusé tous les projets d’adaptation de ses livres avant que Léa Pool l’approche pour lui proposer de porter à l’écran son roman à succès Ör.

- MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecorme­dia.com

À la grande surprise de la réalisatri­ce d’origine suisse, la romancière a non seulement accepté rapidement, elle lui a donné carte blanche pour qu’elle puisse faire le film qu’elle avait en tête.

« Je lui ai dit ce que je voulais faire et elle m’a dit : “Vas-y, et n’hésite pas à me contacter si tu as des questions” », relate Léa Pool en entrevue au Journal.

Tourné en grande partie dans le village français de Cerbère, situé à la frontière de l’Espagne, le film, intitulé Hôtel Silence, raconte l’histoire de Jean (Sébastien Ricard), un Québécois en profonde dépression qui décide de partir en voyage dans un pays européen détruit par la guerre en songeant fortement à mettre fin à ses jours.

Mais sa rencontre avec ce peuple meurtri qui tente de se reconstrui­re après avoir vécu les horreurs de la guerre lui redonnera, contre toute attente, espoir en la vie.

« Quand j’ai expliqué à Audur Ava Ólafsdótti­r ce qui m’avait interpellé­e dans son livre, je lui ai dit qu’il y avait beaucoup de thèmes qu’on retrouvait aussi dans mes films », indique la réalisatri­ce de La passion d’Augustine et de La femme de l’hôtel.

« C’est vrai que dans presque tous mes films, il y a des personnage­s en déséquilib­re et en transition dans leur vie. J’aime les histoires qui se déroulent dans des hôtels et des gares parce qu’on y retrouve des personnage­s en transition et en crise et qui sont obligés de bouger dans leur vie. »

UNE LUEUR D’ESPOIR

Léa Pool a acquis les droits d’adaptation de Ör il y a plus de cinq ans, bien avant que des guerres éclatent en Ukraine et à Gaza. Comme l’a fait Audur Ava Ólafsdótti­r dans son roman, la réalisatri­ce de 73 ans a choisi de situer l’action de son film dans un pays jamais nommé.

« Des guerres, il y en a eu avant, il y en a maintenant et il y en aura après », rappelle Léa Pool.

« Dater [le récit] et nommer un pays en particulie­r n’aurait servi strictemen­t à rien par rapport à la propositio­n du film qui porte sur l’après-guerre et sur la reconstruc­tion des êtres humains [qui ont vécu les traumatism­es de ce conflit].

« C’est donc valable pour n’importe quelle guerre. Et puis le focus n’est pas sur la guerre. Il est sur la reconstruc­tion après une guerre. Je n’avais vraiment pas envie de faire un film sur la violence. On n’en peut plus, de la violence. On est inondés d’images de violence tous les jours.

« Hôtel Silence est une fable qui, j’espère, ramènera le spectateur à notre humanité. J’ai voulu montrer la beauté des choses, malgré la souffrance, pour retrouver de l’espoir et une certaine humanité. »

Sébastien Ricard ne cache pas que la souffrance du personnage de Jean était parfois lourde à porter. L’acteur de 51 ans dit toutefois avoir beaucoup appris de cette première expérience de tournage avec Léa Pool.

« C’est un rôle qui est beaucoup dans l’intériorit­é parce que Jean parle peu et écoute beaucoup. Mais Léa veillait au grain et m’a dirigé avec une grande subtilité. C’était vraiment un bonheur de faire cela avec elle », conclut-il.

Le film Hôtel Silence est à l’affiche.

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Léa Pool et Sébastien Ricard sur le plateau du film Hôtel Silence.
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Scène du film Hôtel Silence.
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