Le Journal de Montreal - Weekend

SUSPENSE BRÛLANT POUR POLAR RÉALISTE

- JOSÉE BOILEAU Collaborat­ion spéciale

Le titre est brutal : Cochons rôtis. D’autant qu’il renvoie à des meurtres horribles — des policiers brûlés vifs dans leur voiture de patrouille. Vic Verdier n’a pas l’habitude de faire dans la dentelle, et ce roman le prouve encore !

Vic Verdier, nom de plume du prolifique Simon-Pierre Pouliot, est aussi celui du protagonis­te de son récit. Ce Vic-là est un raccourci du prénom Vicenzo et il travaille comme enquêteur au Service de police de Montréal.

Il aspire toutefois à devenir sergent-détective. Hélas, contre toute attente, il échoue au concours alors que son amoureuse, Mélanie Miron, se classe au premier rang.

Quelque temps plus tard, celle-ci meurt au travail, prisonnièr­e de son véhicule en feu. Des images du crime circulent sur les réseaux sociaux, attirant des commentair­es odieux.

Vic Verdier est sous le choc, et aussi l’objet de soupçons. Le couple vivait des tensions depuis l’annonce des résultats du concours. Or, il apprend qu’un enquêteur a aidé Mélanie à préparer l’épreuve, tout comme il l’a fait avec un autre policier qui sera immolé à son tour.

Verdier entreprend donc de pousser sa propre enquête de ce côté, assisté de l’ex-copain de Mélanie. Cela conduira à des scènes fortes et à de surprenant­s retourneme­nts de situation !

Déjà il y a là du suspense. Mais le grand intérêt du récit tient à son réalisme. Le quotidien d’un poste de police, le vocabulair­e qui y est employé, les relations entre les agents, la difficile conciliati­on travail-amours ou travail-famille…, tout correspond à ce qui se passe sur le terrain.

L’auteur Verdier explique qu’il a déjà été marié à une policière et que tous deux parlaient souvent de son travail.

« J’ai appris les codes », dit-il. Cela va des surnoms que se donnent entre eux les policiers jusqu’aux expression­s courantes. Par exemple, être dans le blanc signifie qu’un policier n’est pas conscient du danger.

Les notes de bas de page sont riches d’explicatio­ns.

S’ajoutent par ailleurs les jeux d’influence et de pouvoirs qui sont propres aux grandes structures… et particuliè­rement développés dans le milieu policier, où la méfiance est indissocia­ble du métier ! C’est très bien exploité.

UN ASPECT PSYCHOLOGI­QUE

L’auteur greffe aussi à son histoire les commentair­es d’un personnage dont on n’entend jamais parler dans les polars : le psychologu­e à qui les policiers se confient après un drame. On se demande sur quel pied danser chaque fois qu’on le croise dans le récit !

Il faut dire que l’agent Verdier le fascine autant que nous. Celui-ci a quand même fait un baccalauré­at en littératur­e avant de devenir policier ; d’ailleurs, ses parents n’approuvent pas son choix. L’homme est donc complexe… mais en mesure d’écrire son histoire comme un polar, traitement imposé par le psy !

Il y a décidément bien des niveaux à ce roman, version remaniée et finale de sa première parution en 2015. Il est heureux qu’il soit à nouveau offert à la lecture puisqu’il aura une suite à l’automne 2024. De toutes les manières, Vic Verdier sévira encore !

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COCHONS RÔTIS Vic Verdier Éditions Alire 300 pages
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