Le Journal de Montreal - Weekend
5 REGARDS SUR LA 2E GUERRE MONDIALE
40 manteaux et un bouton Ivan Sciapeconi Éditions Albin Michel 256 pages
Une seule chose distingue Natan de la plupart des gamins de Charlottenburg : il est juif. Et quand son père sera arrêté en 1942 par les chemises brunes, une voisine convaincra sa mère de le lui confier. Avec une quarantaine d’autres enfants juifs, Natan sera conduit à Nonantola, une petite ville d’Italie située non loin de Modène. Il y sera heureux… jusqu’à ce que les troupes nazies débarquent dans le coin, en 1943. Basée sur une histoire vraie, la suite est bouleversante : pour protéger ces enfants, les habitants de Nonantola se serreront les coudes et ne reculeront devant rien. Un récit qui donne des frissons.
Le survivant Josef Lewkowicz Éditions Michel Lafon 320 pages
Point de roman ici, mais une biographie. Celle de Josef Lewkowicz, un homme d’origine polonaise aujourd’hui âgé de 96 ans dont la vie a tout simplement été incroyable. Déporté alors qu’il n’était encore qu’un adolescent, il a survécu non pas à un, à deux ou à trois camps de concentration nazis différents, mais à six. Parmi eux, Auschwitz et Birkenau. Évidemment, la question se pose : comment a-t-il pu réussir pareil exploit ? Mais il y a plus étonnant encore. À la Libération, Josef Lewkowicz s’est carrément transformé en traqueur de nazis. Et c’est grâce à lui qu’Amon Göth, alias le « boucher d’Hitler », a été jugé. Un témoignage aussi troublant que le fameux Au nom de tous les miens de Martin Gray.
La Grande A Giulia Caminito Édition Gallmeister 320 pages
Giadina, 13 ans, vit en Lombardie chez sa tante, une femme peu amène qui ne rate pas une occasion de lui donner de bons coups de battoir sur les fesses. Car même si les bombes des Alliés commencent à pleuvoir sur la région, sa mère Adi n’est pas là pour la protéger : elle est partie tenter sa chance en Érythrée, la toute première colonie italienne du continent africain. Alors pas étonnant que Giadina ne rêve que d’une chose : pouvoir un jour aller la rejoindre là-bas, dans la Grande A. Mais les fascistes de Mussolini étant sur le point de perdre la guerre, les retrouvailles seront un peu plus compliquées que prévu… Une façon agréable d’en savoir plus sur la décolonisation italienne.
Une sale Française Romain Slocombe Éditions du Seuil 272 pages
Alors que la Deuxième Guerre mondiale vient de se terminer, la police française de l’épuration et la DST mettent tout en oeuvre pour séparer les bons grains de l’ivraie. Ou, dans le cas présent, la bonne graine de l’ivraie. Car avec l’affaire Aline Beaucaire, les choses seront loin d’être simples. Femme de chambre dans un hôtel d’Allemagne, cette Alsacienne va en effet s’amouracher d’un pilote d’avion français aux relations très discutables et en 1942, elle acceptera de le suivre en zone libre. Mais cette Aline pourrait-elle aussi être Aline Bockert, une nazie de la pire espèce considérée comme extrêmement dangereuse ? Alternant confession manuscrite et documents de source policière, ce roman habilement construit nous tient en haleine jusqu’à la fin.
Mes pas dans leurs ombres Lionel Duroy Éditions Mialet Barrault 254 pages
La Deuxième Guerre mondiale est finie depuis longtemps, puisque ce roman débute en 2018. Cela dit, elle va très vite rattraper son héroïne, la Française Adèle Codreanu. Journaliste de métier, elle sera en effet envoyée en Roumanie, un pays que ses parents ont fui sous la dictature Ceausescu. Et une fois à Bucarest, elle va découvrir le journal de la comtesse Rosie Waldeck, qui relate la montée de l’antisémitisme et du nazisme en Roumanie à partir des années 1940. Ce sera pour Adèle le point de départ d’un sombre road trip au cours duquel elle cherchera à comprendre ce qui a amené les Roumains et leurs voisins à exterminer près de 400 000 Juifs durant la guerre. Une réalité qui, encore aujourd’hui, est là-bas occultée.