Le Journal de Montreal - Weekend
L’AUTEURE MARYSE CONDÉ N’EST PLUS
AFP | L’écrivaine française originaire de Guadeloupe Maryse Condé, décédée en début de semaine à l’âge de 90 ans, était l’une des grandes voix de la littérature francophone, qui a abordé dans une trentaine de livres l’Afrique, l’esclavage et les multiples identités noires.
Jusqu’à la fin de son adolescence, Maryse Condé disait ne pas réaliser qu’elle était noire. Elle n’avait jamais entendu parler de l’esclavage ni de l’Afrique. Sa mère, institutrice, interdisait le créole, au profit du français.
Ce n’est qu’à Paris, où elle ira au lycée, qu’elle comprend que la couleur a un sens.
Jeune adulte, elle rencontre un journaliste haïtien qui la quitte en apprenant sa grossesse. En quête de respectabilité, elle épouse trois ans plus tard Mamadou Condé, un apprenti comédien guinéen.
ÉTRANGÈRE EN AFRIQUE
L’Afrique devient la destination impérative dans cette quête de ses origines. Avec leur première fille et son garçon, ils s’installent dans la Guinée tout juste indépendante de Sékou Touré. Dans La Vie sans fards, autobiographie publiée en 2012, elle confie qu’« elle n’arrive pas à devenir Africaine ». Parle d’un « fossé entre les Antillais et les Africains ».
Son mariage est un échec, elle fuit au Ghana avec ses enfants puis au Sénégal, où elle se marie au début des années 80 avec un professeur britannique blanc. Richard Philcox sera son traducteur. Ce n’est qu’à l’âge de 42 ans qu’elle se met à écrire. En 1976, elle publie Hérémakhonon, puis Ségou, un best-seller sur l’empire bambara du XIXe siècle au Mali.
Quelques ouvrages plus tard, elle abandonne les reconstitutions historiques avec Traversée de la mangrove, Célanire cou-coupé ou Histoire de la femme cannibale.
À New York, où elle vit 20 ans, elle ouvre à l’Université Columbia un centre d’études francophones. Elle y enseigne une « littérature en français qui ne parle pas de la France ».