Le Journal de Montreal - Weekend
QUAND TOUT VA DE TRAVERS POUR UNE VIOLONCELLISTE
Écrivaine au style unique, très près de l’art et de la nature, Francine Brunet propose ce printemps une histoire originale et très intrigante, qu’on ne peut mettre de côté.
L’étrange destin d’Ada Perch ,un roman original, se déroule dans le coin de La Tuque, en Mauricie. On y suit les mésaventures d’une violoncelliste célèbre qui pense être frappée par la guigne, à tel point qu’on la surnomme la scoumoune.
Ada Perch, une violoncelliste talentueuse, est brillante, connue et appréciée. Mais elle est à la dérive et se donne quelques mois pour réfléchir à son destin, qui semble être une suite d’événements malchanceux.
Ada, 42 ans, achète un chalet dans le coin de La Tuque, au bord d’un lac en forme de T, encaissé dans les collines couvertes d’épinettes. Tout en planchant sur l’écriture d’un polar, elle se promène en kayak, nage dans son lac, lutte contre les brûlots. Elle fait connaissance avec ses étranges voisins, tous aussi colorés les uns que les autres.
DE LA DANSE À LA MUSIQUE
Francine Brunet n’a pas fait carrière en musique… mais plutôt en danse.
« On fait tous de la musique chez nous », dit-elle en faisant référence à sa soeur, Manon, qui est chanteuse, et à ses frères, qui sont musiciens.
L’écrivaine souhaite, dans ce roman, s’impliquer plus intimement dans l’écriture. « Il y a deux narrations. L’une raconte ce qui arrive, l’autre raconte Ada, personnellement. Je suis allée chercher des affaires que j’ai déjà vécues en danse, mais je les ai transposées en musique. »
« Ada a toujours voulu écrire – comme moi – et a rapidement été étiquetée comme musicienne. C’est comme si elle ne pouvait se sortir de cette image. Comme si elle ne pouvait pas explorer autre chose. Et moi, en danse, c’est comme ça que je me sentais. »
Francine Brunet a fait du ballet à partir de l’âge de 7 ans et en a fait toute sa vie. « Très jeune, j’étais “la danseuse de ballet”. J’aimais ça… mais j’aurais aimé exploiter un autre champ artistique. Ce que je faisais en même temps, c’était d’écrire. Mais je ne me permettais pas de me pencher sur ça, tant que je faisais de la danse. Le jour où il a fallu que j’arrête, je me suis sentie libre d’écrire. C’est niaiseux… mais c’est de même ! »
LA NATURE INSPIRANTE
L’écrivaine fait honneur à la belle nature de la Haute-Mauricie dans son roman, aux lacs poissonneux, agréables à explorer en canot ou en kayak.
« Quand on est proche de la nature, ça donne une vision de loin, parce qu’on voit loin. Et en même temps… t’es toute seule ! C’est beaucoup plus grand que toi. Ça fait voyager beaucoup le dedans. C’est bien spécial, ce que ça peut faire. Ça invite à l’introspection. »
Sa vie dans la forêt lui apporte quantité de bienfaits… et quelques contraintes.
« On est à la merci de la nature. Quand il vente, on manque d’électricité parce qu’un arbre tombe sur les fils et ça fait sauter le disjoncteur. La forêt autour est très vieille. Je me sens privilégiée de rester ici, proche de la nature, avec autant de beauté. »
DES PERSONNAGES FORTS
Francine Brunet s’accorde une formidable liberté dans son écriture, où elle joue avec divers niveaux de langue.
« Tous les personnages ont quelque chose de moi. Et si c’est pas de moi, visible, c’est de moi, qui est un peu inconscient. Ada Perch aime faire de la musique, mais elle a envie d’écrire. Elle commence à se demander si son violoncelle ne lui porte pas malchance… »