Le Journal de Montreal - Weekend
MONIKA PILON PLONGE EN SOLO
Créée en 1979 par Pauline Martin et reprise par la suite par Sylvie Léonard, la pièce
Bachelor va connaître une nouvelle vie avec Monika Pilon dans le rôle de Dolorès. La comédienne nous parle de ce défi d’être seule en scène dans une pièce comico-tragique.
L’idée de remonter ce texte de la fin des années 1970 a d’abord germé dans la tête de Michel Poirier, le directeur artistique des Productions Martin Leclerc.
« Il avait un peu oublié ce texte, mais il l’a réentendu dans une lecture, a expliqué Monika Pilon. Il a trouvé que ça restait encore actuel, mais ça lui prenait une comédienne pour le jouer. Il m’avait vue dans la série Le bonheur et il trouvait que le rôle m’irait bien. Il m’a appelée, j’ai lu le texte et j’ai embarqué dans l’aventure. »
Bachelor, c’est l’histoire de Dolorès, une étalagiste de chez Eaton qui, tout en s’épilant les jambes, raconte sa vie, ses amours, son désir de plaire, la pression des standards de beauté… D’abord léger et insouciant, son propos se décompose sous le poids des désillusions.
« Le texte reste très actuel, car ce sont des questionnements humains et féminins qui peuvent s’appliquer à toutes les générations, que ce soit la confiance en soi ou l’amour […]. Ce qui m’a le plus frappée, c’est que ces histoires pourraient arriver à une femme d’aujourd’hui. Avec le regard actuel et la vague #MeToo, ça vient aussi teinter ses propos.
Il y en a encore des femmes qui vivent ce genre d’histoire. »
On découvre un personnage de son temps qui nous raconte des anecdotes et, au fur et à mesure que la pièce avance, les anecdotes se densifient, et on a accès à sa personnalité intime, à ses questionnements et à sa vulnérabilité.
« Les questionnements restent les mêmes, parce qu’ils sont humains et de toutes les époques. […] Soit on se reconnaît à travers Dolorès, soit on a envie de lui dire de se réveiller et de s’ouvrir les yeux. »
CÔTÉ DRAMATIQUE
Monika est accompagnée dans cette production par Édith Cochrane, qui signe la mise en scène.
« Édith a une belle vision, elle sait ce qu’elle veut. Elle m’encadre beaucoup, alors, ça me sécurise ; je suis dans un certain confort. C’est quand même un plongeon en solo, mais je ne me sens pas toute seule. »
Monika s’est imposée à la télévision dans des rôles comiques. On se souvient, notamment, de son truculent personnage de Karol-Ann Lapoynte-St-Jacques, l’agente d’immeubles hors du commun dans la série Le bonheur.
« Le drame, c’est nouveau dans ma carrière, mais j’ai évidemment joué des scènes dramatiques à l’école. Je suis allée vers l’humour parce que c’était ce qui me venait naturellement, mais je suis contente d’exploiter mon côté plus dramatique, une vulnérabilité que je ne montre pas souvent à l’écran. »