Le Journal de Montreal - Weekend

OTTAWA-PERCÉ À VÉLO DANS L’ARRIÈRE-PAYS

- ANTOINE STAB Agence QMI

Le 23 avril, trois cyclistes vont traverser une partie du Québec, entre Ottawa et Percé, en vélo bikepackin­g ,dansle cadre de l’expédition Arundo. Ils parcourron­t 2200 km avec 30 000 m de dénivelé positif à travers l’arrière-pays, non pas sur des routes asphaltées le long du Saint-Laurent, mais à 82 % sur des chemins forestiers et de gravelle.

Un beau défi qu’entreprend­ront Charlène Dupasquier, écobiologi­ste, guide d’aventure et fondatrice de l’organisme communauta­ire Au Coeur de la Tornade visant l’accès à l’aventure en nature, son conjoint Tony Charest, propriétai­re de l’entreprise Zone Aventure et directeur de la SEBKA, et le réalisateu­r Richard Mardens.

Pour Charlène Dupasquier, cette aventure revêt une saveur toute particuliè­re. Elle est atteinte de spondylart­hrite axiale (SpA), une maladie auto-immune inflammato­ire chronique qui attaque la colonne vertébrale et les articulati­ons du bassin, provoquant des douleurs aiguës quotidienn­es et rendant les gestes les plus simples difficiles.

PÉDALER MALGRÉ LA DOULEUR

Au quotidien, chaque mouvement est synonyme de douleur, mais c’est aussi par-là que passe son salut.

« Le mouvement, même douloureux, est cependant la clé d’une possible rémission, explique-t-elle. L’inactivité est pire, car elle peut accentuer les effets de la maladie avec l’ankylose et le handicap. Cette aventure, je la fais pour poser un geste. La connexion avec la nature est un remède puissant ».

Cette expédition à travers les chemins du Québec s’apparente donc à un pèlerinage, une quête de résilience, un besoin de reconnecte­r avec le territoire.

« Cette maladie atteint aussi le moral. C’est une spirale de mal-être, autant physique que mental. Arundo signifie “roseau” en latin. Avant, j’agissais comme un chêne fort, mais qui peut se briser net. Aujourd’hui, j’essaye par cette aventure de devenir un roseau qui plie, mais ne rompt pas. »

Et c’est par le plein air que cela se concrétise pour elle.

« Ma vie, c’est de bouger dehors. Je suis une passionnée de plein air depuis toujours. Avant la maladie, je faisais beaucoup de longues randonnées. La spondylart­hrite m’a empêchée d’en faire pendant 3 ans. Le vélo est une bonne alternativ­e, une béquille de secours qui va me permettre de me reconnecte­r à ma passion. »

LOGISTIQUE

Les trois cyclistes se donnent environ un mois pour rallier Percé. En plus de la maladie, de possibles épisodes de douleurs – à être à 9 ou 10 sur 10 sur l’échelle de la douleur, à ne plus pouvoir bouger pendant 2 ou 3 jours – et de la logistique de la médication et de son transport, les trois cyclistes vont devoir composer avec le dégel et la fonte de la neige, rendant les chemins boueux et gorgés d’eau.

Charlène Dupasquier reste toutefois humble et philosophe.

« On veut s’extraire de la performanc­e pure, même si je suis la première à être inspirée par ça chez les autres. L’objectif, ce n’est pas l’arrivée, mais le chemin. Bouger, faire des kilomètres malgré la maladie, l’accepter, être en paix avec elle et avec soi-même. »

UN COUP DE PROJECTEUR SUR LA SPA

L’aventure de Charlène, Tony et Richard est ainsi l’occasion de parler de cette maladie (spondylart­hrite axiale,

SpA) qui touche plus de 500 000 personnes au Canada, souvent les personnes dans la force de l’âge. Elle est plus fréquente que la sclérose en plaques et la sclérose latérale amyotrophi­que (SLA).

Une campagne de sociofinan­cement a ainsi été lancée sur GoFundMe. Les fonds récoltés permettron­t, en plus d’aider à la réalisatio­n logistique de l’aventure, d’amasser de l’argent pour l’Associatio­n canadienne de spondylart­hrite (ACS). Sur l’objectif de 10 000 $, plus de 4000 $ ont pour le moment été amassés.

« Au moment du début de l’expédition, cette campagne va se transforme­r en levée de fonds pour l’ACS. L’intégralit­é de l’argent leur sera versé pour aider la recherche et au diagnostic de la maladie, qui est souvent très long, entre 3 et 7ans».

L’expédition ne sera que la première partie de cette quête. En plus de la présence quotidienn­e du réalisateu­r Richard Mardens, une équipe de production suivra les cyclistes pour capter des images dans le but de produire plusieurs documentai­res : un court et un long métrage.

« Mon objectif est aussi d’inspirer la communauté, de promouvoir la santé physique et mentale, confie-t-elle. Cela passera aussi par une série de conférence­s après l’aventure. Les cyclistes qui veulent pédaler peuvent aussi se joindre à nous. Cela sera avec grand plaisir ! »

Infos : arundo.ca

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Les trois cyclistes vont traverser une partie du Québec, entre Ottawa et Percé, en vélo bikepackin­g.
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Les membres de l’expédition pédaleront en majeure partie dans l’arrière-pays, sur des chemins forestiers et des routes de gravelle.
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Charlène Dupasquier
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Richard Mardens, réalisateu­r, expédition Arundo
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Tony Charest

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