Le Journal de Montreal - Weekend

QUAND L’HUMOUR DÉDRAMATIS­E ET RÉUNIT

5 questions à Dominic Sillon, auteur, acteur et producteur au contenu de Vestiaires

- EMMANUELLE PLANTE Collaborat­ion spéciale emmanuelle.plante @quebecorme­dia.com

On connaît Dominic Sillon comme humoriste. Il est depuis 30 ans la moitié du duo Dominic et Martin. Leur spectacle Six est d’ailleurs actuelleme­nt en tournée. Mais Dominic met aussi son talent d’auteur et d’idéateur au profit d’autres humoristes et de nombreuses émissions de télévision. Il collabore notamment aux Galas ComediHa !

Comme producteur au contenu,

Brasserie chez PA, La tour et Les grands bien-cuits jalonnent son parcours. Avec Vestiaires, première série de fiction d’AMI-télé, on le retrouve aussi comme acteur. Il fait partie d’une équipe de nageurs handicapés qui se donnent régulièrem­ent rendez-vous dans les vestiaires de la piscine où ils racontent avec beaucoup d’autodérisi­on leur quotidien. Une série avec des acteurs qui transcende­nt leur handicap pour prouver qu’ils ont tous leur place dans le microcosme télévisuel.

On rit beaucoup en regardant Vestiaires. Est-ce que les textes ont dû être approuvés par les comédiens par délicatess­e ?

Quand on a passé les auditions, une des questions primordial­es était de savoir s’ils étaient capables de rire de leur handicap et de ceux des autres. Tous étaient très à l’aise. Mais tout se fait toujours dans le bon goût. On ne rit pas pour rien, on exprime toujours quelque chose. La plupart connaissai­ent déjà le concept français et avaient hâte d’en voir une adaptation québécoise. Dans Vestiaires, c’est cru, c’est tranché. Tous les acteurs s’assument pleinement.

Est-ce que l’humour peut faire tomber des barrières ?

L’humour dédramatis­e souvent des situations. Ça mène à des conversati­ons. Le malaise, c’est quand il n’y a pas de discussion. On est pourtant tous ouverts à parler. C’est comme ça que les tabous tombent. L’humour peut faire accepter des différence­s. J’ai perdu mon oeil l’été de mes 13 ans. Je rentrais en secondaire 3. Le secondaire est une jungle. Quand je faisais rire les autres, mon premier but était l’acceptatio­n.

Ce qui est assez ironique c’est que l’action se déroule dans un vestiaire. Donc les protagonis­tes sont souvent à moitié nus. Ça met davantage les corps en évidence.

Dans le concept original, l’idée d’être en maillot permettait de montrer justement les handicaps. Tu ne peux pas te cacher derrière des vêtements. Ça permet d’assumer encore plus le côté humoristiq­ue. Je dois avouer que j’ai trouvé ça gênant au début. D’habitude, quand tu es en maillot c’est dans un contexte de conversati­ons légères, estivales. Là, on a des sujets sérieux, du quotidien. C’est efficace. Ça empêche d’être défocus sur ce qu’on dit. L’écoute est meilleure.

Les personnage­s en situation de handicap physique sont véritablem­ent handicapés. Qu’en est-il de ceux qui ont le syndrome de la Tourette ou qui sont autistes ?

Tous les acteurs mis à part Michel Charette (qui incarne le coach de l’équipe) et Lamia Benhacine (qui joue Caro avec un traumatism­e crânien) sont handicapés. Pour le traumatism­e crânien, la production française avait tenté l’expérience avec une personne qui avait un véritable traumatism­e, mais avait dû se raviser. Nous avons donc opté pour une actrice qui joue ces pertes de mémoire. Andréanne Fortin (Valérie) a le syndrome de la Tourette, mais est capable de se contrôler. Louis Choquette avait déjà tourné avec elle.

Mis à part dans Gang de malades, on a peu vu autant de talents de personnes en situation de handicap dans une même production. Comment s’est déroulé le tournage ?

Charlie Rousseau, qui est extraordin­aire, y participai­t d’ailleurs [à Gang de

malades]. L’expérience a été formidable. Nous avons pu être coachés et avons répété avec Martin Tremblay comme plusieurs n’avaient pas beaucoup d’expérience de jeu. On a beaucoup de texte. C’est très verbeux. On est toujours dans le même endroit. On n’est pas dans l’action, mais beaucoup dans le dialogue. Tous les acteurs ont fait un travail remarquabl­e. Charlie, Michel [Cordey], Marie-Christine [Ricignuolo], Jacques [Poulin-Denis], Camille [Chai]. Ils sont bons, naturels. Je souhaite à tous ceux qui veulent continuer dans le domaine de pouvoir le faire parce que leur handicap n’est vraiment pas un enjeu. Michel [atteint de la maladie des os de verre qui le contraint à être en fauteuil roulant] pourrait facilement jouer un comptable dans une série ! Je nous souhaite que le groupe reste uni et qu’il y ait des saisons 2-3-4-5. En France, ils en sont à leur 13e saison !

Vestiaires, mercredi 20 h sur AMI-télé et sur la plateforme d’AMI-télé

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La distributi­on de la série Vestiaires.
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