Le Journal de Montreal - Weekend

NANCY LAPIERRE, L’AVOCATE DES QUÉBÉCOIS DEPUIS 25 ANS

- MARIE POUPART Collaborat­ion spéciale

Adolescent­e, l’avocate Nancy Lapierre apprenait l’anglais en lisant les paroles des chansons de Madonna, Bryan Adams et Bon Jovi. À l’époque, jamais la femme de 52 ans n’aurait imaginé qu’un jour, elle ouvrirait son propre cabinet d’avocat en Floride et deviendrai­t l’une des avocates les plus connues et les plus respectées des vacanciers et des snowbirds québécois.

En effet depuis 25 ans, Nancy Lapierre défend les droits de centaines de Québécois victimes d’accidents d’automobile, de morsures de chien et de chutes dans des commerces (ce qu’on appelle dans le dernier cas aux États-Unis le slip and fall), en raison de la négligence d’autrui.

Après des années de travail acharné, celle qui a la réputation d’être une redoutable avocate a également obtenu la reconnaiss­ance de ses pairs. De plus, elle est maintenant membre d’un club très sélect dont font partie seulement

1 % des avocats américains, une associatio­n qui reconnaît la capacité de ses membres à obtenir des sommes de plus d’un million en guise de règlement.

Un bel accompliss­ement, pour celle qui a grandi dans une famille bien modeste de Thedford Mines.

Voici le parcours d’une femme d’affaires accomplie qui a accepté de nous livrer ses cinq meilleures adresses méconnues du grand public.

Vous êtes installée en Floride depuis 30 ans, qu’est-ce qui vous a d’abord amenée dans ce coin de pays ?

Je faisais mes études en droit à l’Université d’Ottawa et lors de vacances à Hallandale, j’ai fait la rencontre du père de ma fille qui était sauveteur à la plage d’Hollywood. Nous avons vécu une relation à distance pendant deux ans et puis, après avoir obtenu mon baccalauré­at en droit, j’ai déménagé en Floride. Nous nous sommes mariés et j’ai décidé de refaire mon droit à la Nova University à Fort Lauderdale pour pouvoir travailler ici comme avocate.

De fil en aiguille, vous avez décidé d’ouvrir votre propre cabinet, et vous avez choisi de vous spécialise­r en responsabi­lité civile.

C’est exact, comme j’ai un côté très humain, et que j’aime aider les gens, j’ai choisi ce domaine du droit. Je fais beaucoup de dossiers en matière d’accidents automobile­s. Il faut savoir qu’au Québec, ce type d’accidents est régi par la SAAQ, et donc il n’est pas possible d’entamer des procédures judiciaire­s contre un conducteur fautif. Par contre, aux États-Unis, on peut poursuivre un individu ayant causé des blessures corporelle­s à une personne en raison de sa négligence.

Peut-on dire que vous êtes devenue l’avocate la plus connue auprès des Québécois et des snowbirds qui séjournent en Floride ?

Nous sommes très peu d’avocats québécois en Floride à pratiquer ce type de droit. Ma clientèle est constituée à 80 % de Québécois et je traite au moins une centaine de dossiers par année. À force de bûcher, je me suis fait connaître auprès des compagnies d’assurance, des bureaux de médecins et le bouche-àoreille a fait son oeuvre. Quand on prend soin de ses clients et que l’on obtient de bons résultats, les gens en parlent à leurs amis…

Quelles sont les raisons pour lesquelles les Québécois font surtout appel à vos services ?

Par exemple, s’ils se font frapper par une voiture alors qu’ils se déplacent à vélo, à moto ou même à pied. Autrement, je traite tout type d’accidents qui impliquent des blessures corporelle­s. Par exemple, le cas d’une personne qui chute dans un commerce ou qui se fait mordre par un chien. Il y a aussi les victimes de coups reçus à la suite d’une attaque dans un lieu public ou dans un bar… Bref, tout ce qui relève d’un fait accidentel et qui cause des blessures.

Est-ce vrai que les sommes obtenues en guise de dédommagem­ent dans une affaire de responsabi­lité civile sont beaucoup plus importante­s que celles octroyées au Québec ?

En effet, il faut savoir qu’aux ÉtatsUnis, les procès en matière de responsabi­lité civile ont lieu devant jury, ce qui n’est pas le cas au Canada. De plus, il n’y a pas de limite financière à ce qu’un jury peut octroyer à une victime ayant subi des dommages corporels à la suite d’une faute d’autrui. Alors si le jury est sensible à votre histoire, vous pourriez effectivem­ent recevoir un dédommagem­ent bien plus important qu’au Canada.

Vous êtes membre d’un club très sélect d’avocats aux États-Unis appelé le Million Dollar Advocate Forum et le Multi Million Dollar Forum, dont seulement 1 % des avocats font partie. Qu’est-ce que cela signifie exactement ?

Pour adhérer à cette organisati­on, il faut démontrer dans le premier cas qu’il a été possible de recouvrer une somme d’un million de dollars en dédommagem­ent pour l’un de nos clients, et dans l’autre cas, une somme de 3 millions de dollars. L’avantage est qu’une fois qu’on est admis dans ce club choisi, on peut utiliser leur logo sur nos cartes de visite ou sur notre site web. C’est une reconnaiss­ance de nos capacités en plus de prouver éga

lement que nous travaillon­s dans des dossiers d’envergure.

Vous devez en être très fière ?

Je ne viens pas d’une famille fortunée et j’ai travaillé très fort tout au long de ma carrière pour arriver où j’en suis aujourd’hui. Bien sûr, ça me procure de la satisfacti­on, mais ce qui me comble le plus est de savoir que je peux faire une différence dans la vie de mes clients.

Que pensez-vous de la conduite automobile en Floride, qui n’a pas la meilleure réputation ?

Tout dépend d’où l’on se trouve en Floride, mais dans le comté de Broward et Miami-Dade, particuliè­rement entre Fort Lauderdale et Miami, je trouve qu’effectivem­ent la conduite est très périlleuse. Certains chauffeurs conduisent excessivem­ent vite et changent de voie sans signaler leurs intentions, il y a de la constructi­on à plusieurs endroits et souvent des voies sont fermées sans avertir suffisamme­nt à l’avance. Je trouve parfois que l’on risque sa vie en conduisant sur la 95 dans cette région, je voyage donc le plus souvent possible en train Brightline quand je dois me rendre à Miami ou à Fort Lauderdale.

Quels conseils donneriez-vous aux Québécois qui sont victimes d’un accident avec blessures en Floride ?

Le premier réflexe est de prendre des photos de sa voiture, de celle de l’autre conducteur, sans oublier de prendre des photos des traces de freinage sur la chaussée. S’il y a des témoins de l’accident, il est utile de prendre leur nom ainsi que leurs coordonnée­s. Enfin, il est très important de consulter un médecin ou d’aller à l’urgence d’un hôpital pour que votre état de santé soit évalué afin que l’on puisse prouver éventuelle­ment que vos blessures résultent de la faute du conducteur. Ensuite, faites appel à un avocat. Les consultati­ons sont, dans la plupart des cas, gratuites. En général, vous avez deux ans après l’accident pour intenter une action en justice si l’accident a eu lieu après le 24 mars 2023. Avant cette date, la prescripti­on est de quatre ans.

Que recommande­z-vous aux Québécois avant de venir en Floride ?

Avant de venir aux États-Unis, vérifiez toujours auprès de votre assureur que votre couverture en responsabi­lité civile est d’au moins 2 millions, au cas où vous commettrie­z une faute en conduisant. Ces assurances ne sont pas si chères et elles pourront vous protéger. Si vous êtes impliqué dans un accident, contactez immédiatem­ent votre compagnie d’assurance, qui se chargera de prendre le dossier en main.

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PHOTO FOURNIE PAR NANCY LAPIERRE PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK SEASIDE CAFÉ Nancy Lapierre
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Le Seaside Café à Stuart

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