Le Journal de Montreal - Weekend
UN COFFRE À OUTILS POUR ACCUEILLIR LES ÉMOTIONS
Que faire quand le petit fait sa crise à l’épicerie ? Quand la petite ne veut pas aller faire pipi dans les toilettes du centre commercial ? Comment accueillir quotidiennement les émotions des jeunes enfants et faire en sorte que tout le monde en sorte gagnant ? L’éducatrice spécialisée et fondatrice de la plateforme Ouikid, Mélanie Fortier, partage quantité de trucs et astuces dans son nouveau livre, Petits humains, grosses émotions.
Mélanie Fortier, éducatrice spécialisée et maman, rappelle qu’il est possible d’aider les petits de 0 à 6 ans à développer leurs compétences émotionnelles.
Elle fournit des explications claires. Elle propose de nombreuses activités, des trucs, des astuces et des stratégies, dans son livre, pour permettre aux parents d’accompagner leur enfant avec calme et bienveillance dans tous ses débordements, qu’ils soient joyeux ou difficiles.
Il faut être bien outillé pour naviguer avec aisance dans le tourbillon du quotidien des familles... et dans celui des émotions qui l’accompagnent.
DIFFICILE DE S’Y RETROUVER
Mélanie Fortier décrit une approche bienveillante et sécurisante pour l’éducation des enfants. « Avec la présence des médias sociaux, il y a tellement d’information qui circule que c’est un petit peu difficile de s’y retrouver. Il y a plusieurs styles de parentalité qui existent aussi », commente-t-elle en entrevue.
« C’est mon approche à moi que je mets de l’avant parce que c’est celle qui, à mon avis et selon l’avis de plusieurs spécialistes, respecte le plus le développement cognitif des enfants et leur rythme de croissance. C’est à 100 000 km de ce qu’on a connu quand on a grandi, donc c’est difficile, parfois : on est pris avec notre propre bagage et on tombe parfois sur l’autopilote. Parfois, une petite voix dans notre tête dit : “Peut-être que c’est pas ça, la façon idéale de faire ?” »
LES GROSSES ÉMOTIONS
Mélanie Fortier voulait aussi donner des clefs pour apprendre à naviguer dans les grosses émotions. « Quand on est rendu adulte, c’est tellement difficile de se réparer quand on vit de grosses émotions. C’est difficile d’apprendre, de réapprendre à accepter que c’est normal », dit-elle en donnant pour exemple une connaissance qui traversait avec difficulté la perte d’un animal de compagnie et qui s’autorisait difficilement à vivre les émotions qui vont avec elle.
Mélanie Fortier souhaite que les parents puissent apprendre à leurs enfants que c’est correct, d’avoir des émotions. C’est ce qu’elle explique dans son livre. « C’est normal d’avoir des émotions. Mais c’est pas parce qu’on a des émotions qu’il faut exploser, crier et tout casser dans la maison ! Il y a des choses qu’on peut faire pour se réguler, pour réagir de façon plus acceptable, mais qui va quand même nous faire du bien. »
« Les émotions ne sont pas là pour rien : elles sont là pour nous envoyer le message qu’il y a quelque chose qui cloche. Qu’il y a quelque chose qui soit ne cadre pas avec nos valeurs profondes, soit il y a un besoin qui n’a pas été répondu, ou une attente qui n’est pas répondue. C’est tout à fait normal de vivre ces émotions : c’est notre cerveau qui nous envoie des messages qui sont super importants à écouter. Pour nous protéger ou pour faire en sorte qu’on se sente mieux. »
PARENTS EN APPRENTISSAGE
Les parents ont-ils de la difficulté avec les émotions difficiles des enfants ? « Totalement ! On a tellement appris que ce n’était pas normal que quand on est confronté aux émotions de notre enfant, on se sent hyper démuni. On sait qu’on devrait accepter... mais c’est difficile parce que ça vient nous chercher. Des fois, c’est le miroir de nos propres émotions. »