Le Journal de Montreal - Weekend

UNE SUITE SURPRISE !

Personne ne s’attendait à ce que l’écrivain français Grégoire Delacourt écrive la suite de La liste de mes envies. Mais ce qu’on peut déjà dire, c’est que c’est un roman qui va faire envie à bien des gens !

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Publié en 2012, le roman La liste de mes envies a remporté un succès monumental : plus de 1,5 million d’exemplaire­s vendus, adapté au cinéma et au théâtre, traduit en 35 langues.

C’est que tout le monde a craqué pour Jocelyne Guerbette, la malheureus­e gagnante de l’EuroMillio­ns. Après avoir remporté un gros lot de 18 millions, cette mercière établie à Arras, dans le nord de la France, a en effet longuement hésité à encaisser son chèque. Déjà satisfaite de son quotidien aux côtés de Jo, son mari, elle ne souhaitait surtout pas voir sa vie changer. Car pour ce qu’elle en savait, l’argent n’avait jamais fait le bonheur de personne.

Et voilà que 12 ans plus tard, surprise ! Grégoire Delacourt nous offre une suite, La liste 2 mes envies.

« Je n’avais jamais vraiment pensé à en écrire une, précise-t-il au téléphone. Même qu’à l’époque je n’aurais pas voulu le faire parce que j’aurais eu peur qu’on me soupçonne de malice marketing, de faire ça pour l’argent. Mais après L’enfant réparé, qui était un livre difficile, douloureux, je me suis senti beaucoup mieux et j’ai eu envie de renouer avec ma part joyeuse, de revenir à quelque chose qui me ressemble, qui est heureux. Alors pour moi, il était évident que je devais repartir avec Jocelyne, parce que c’est elle qui m’a fait émerger en tant qu’écrivain et parce que sa vie n’est pas finie. »

FAIRE CONTRE MAUVAISE FORTUNE BON COEUR

Il y a une chose sur laquelle Grégoire Delacourt insiste : il n’est pas nécessaire d’avoir lu le premier tome pour lire ce nouvel opus. « Ça a été un beau défi, mais il était important pour moi que ce livre puisse se lire seul, qu’on n’ait pas à lire le premier pour comprendre ce qui se passe, dit-il.

C’est une nouvelle histoire, une histoire neuve de Jocelyne. Mais ce personnage a un passé, et il lui reste 15 millions à dépenser. Moi, je n’ai fait au fond que regarder ce qu’elle était devenue. »

Aujourd’hui, à 51 ans, Jocelyne est célibatair­e. Gagner autant d’argent lui a coûté très cher, et maintenant qu’elle est de retour à Arras, elle a bien l’intention de faire quelque chose de tous ses millions. En attendant de savoir quoi, elle assiste aux réunions des GA (les Gagnants anonymes !), où elle puise soutien et réconfort. Elle s’y fera même quelques amis !

« Ces réunions de GA ont été un ressort romanesque incroyable, s’exclame Grégoire Delacourt. Elles ouvrent le regard sur cette belle malédictio­n de gagner beaucoup d’argent, elles permettent de montrer que derrière tout ça, il y a une grande solitude parce qu’il y aura toujours quelque chose qu’on ne pourra pas s’acheter. »

Quant à Jocelyne, elle a plutôt le problème inverse : elle ne sait pas quoi acheter, pas quoi faire pour se débarrasse­r de ce fric dont elle n’a jamais voulu !

UNE FABLE SYMPATHIQU­E

Bien sûr, Jocelyne finira par avoir quelques idées. Au fil des jours, elle va par exemple payer les courses des clients qui vont faire leur marché, distribuer des bulletins d’EuroMillio­ns sur la place publique, organiser une journée d’essence gratuite pour tous, etc. Mais souvent, elle s’attirera comme ça toutes sortes d’ennuis.

« En France, on n’a pas le droit d’être généreux, pas le droit d’aider les gens, explique Grégoire Delacourt. Tout est contrôlé, comme si votre argent n’était pas à vous. J’étais content d’égratigner un petit peu cet aspect-là de notre législatio­n, car je trouve que c’est un frein au bonheur des autres. »

Du coup, Jocelyne aura réellement un mal de chien à claquer ses sous. Mais on ne va pas s’en plaindre puisque grâce à ça, l’humour et les situations cocasses seront souvent au rendez-vous.

« Je voulais vraiment renouer avec la bonne humeur, précise l’écrivain. Je crois que dans le livre, il y a de beaux moments. »

Sur ce point, on est tout à fait d’accord avec lui. Même que ça nous a donné l’envie de savoir si, un jour, il allait y avoir une Liste 3 de mes envies.

« Je vous dirai ça dans 10 ans, conclut Grégoire Delacourt. Pour l’instant ça ne me dit pas du tout. »

Alors patience…

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PHOTO FOURNIE PAR LES ÉDITIONS ALBIN MICHEL
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Grégoire Delacourt, Éditions Albin Michel, 256 pages
LA LISTE 2 MES ENVIES Grégoire Delacourt, Éditions Albin Michel, 256 pages
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