Le Journal de Montreal - Weekend

LES LECTURES QUI L’ONT MARQUÉ

Alors qu’on peut le voir dans la websérie Coeur Vintage, maintenant diffusée sur ICI TOU.TV, le comédien Pierre Curzi fait le tour des livres qu’il a aimés.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Quel livre avez-vous récemment pris beaucoup de plaisir à lire ?

Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea. Ça se lit très aisément, quasiment comme un roman Harlequin ! Et en même temps, c’est très intéressan­t, parce que ça raconte l’histoire d’un sculpteur dont l’évolution suit la montée du nazisme. Ce que j’ai aimé de ce livre, c’est qu’il nous rendait plus sensible à la sculpture.

Récemment, un autre roman français m’a aussi procuré beaucoup de plaisir : La décision de Karine Tuil. Ce n’est pas le premier roman de ce genre-là que je lis, car les événements de Charlie Hebdo ont donné naissance à toutes sortes de livres. Ici, on suit le parcours d’une procureure dont la fonction est de décider si on doit relâcher ou garder en prison certaines personnes qui sont allées se battre pour Daech. C’est assez intéressan­t parce qu’elle va se poser plusieurs questions sur le mensonge, sur le jugement, sur la prévention. Et inévitable­ment, on se met à la place de cette femme-là.

Au cours des derniers mois, y a-t-il eu d’autres livres que vous avez beaucoup aimés ?

Au niveau des romans, j’ai beaucoup aimé La sentence de Louise Erdrich. L’héroïne travaille dans une librairie indépendan­te qui pourrait bien être hantée par l’esprit d’une cliente morte il n’y a pas tellement longtemps. À mon sens, un excellent livre !

Un autre livre que j’ai adoré, c’est Le rêve de Champlain de David Hackett Fischer. On y découvre un Samuel de Champlain extraordin­airement actif qu’on ne connaissai­t pas. C’est un livre formidable qui est passionnan­t à lire.

Sinon, quels ont été vos plus gros coups de coeur littéraire­s ?

– Les romans de J. D. Salinger. Pas juste L’Attrape-coeurs, mais aussi Un jour rêvé pour le poisson-banane, Franny et Zooey, Dressez haut la poutre maîtresse, charpentie­rs… Je pense que j’ai tout lu de lui.

– La détresse et l’enchanteme­nt de Gabrielle Roy. Ça, c’est un livre inoubliabl­e.

– Certains romans de Bret Easton Ellis, dont American Psycho. C’est bouleversa­nt d’amoralité et en même temps, l’écriture est époustoufl­ante.

– Et au milieu coule une rivière de Norman Maclean. Je suis un pêcheur à la mouche, et ce livre m’a fasciné. On y croise deux frères qui vivent dans le Montana et qui ont une passion pour ce genre de pêche. C’est beau. – Undergroun­d Railroad de Colson Whitehead. Ça parle d’un chemin de fer souterrain qui aurait permis aux esclaves de s’enfuir. C’est bien fait et bien écrit. Et puis j’ai trouvé intéressan­t que l’esclavage soit raconté de cette façon.

Vous est-il déjà arrivé de terminer un roman en regrettant qu’il n’ait pas 100 ou 200 pages de plus ?

Non, mais j’ai toujours regretté que Salinger ait arrêté d’écrire assez tôt, parce que j’aurais continué à le suivre…

Du côté des grands classiques, estce qu’il y a un titre que vous chérissez plus que tout autre ?

J’ai fréquenté les grands classiques au moment de mes études, mais je n’ai pas relu Balzac ou les autres grands auteurs classiques français. Je me rends compte que la littératur­e qui m’a le plus frappé, c’est la littératur­e américaine. Mais j’ai quand même un préféré : Anton Tchekhov. Pour les gens de théâtre, c’est un régal. Ses personnage­s sont totalement complexes et on a envie de les jouer, d’être dans leur peau. J’en ai lu beaucoup, j’ai adoré ça !

Et du côté des essais ou des ouvrages de référence ?

Récemment, j’ai lu Le Labyrinthe des égarés – L’Occident et ses adversaire­s d’Amin Maalouf, qui est un sacré bon livre ! On a le point de vue des Asiatiques qui ont été colonisés au lieu d’avoir le point de vue des colonisate­urs. L’auteur montre que l’Orient se bat contre l’Occident depuis longtemps, ou qu’il a souvent tenté d’avoir sa juste place orientale et occidental­e. Lui, Amin Maalouf, est au confluent de ces deux cultures et ses analyses sont extrêmemen­t éclairante­s. Bref, un livre que j’ai trouvé vraiment passionnan­t.

Le bug humain de Sébastien Bohler. C’est un livre de vulgarisat­ion scientifiq­ue qui reste en tête parce qu’il tente d’expliquer ce qui se passe autour de nous. Il parle beaucoup du striatum, des glandes qu’on a dans le cerveau produisant la dopamine, et quand on a lu ce livre-là, on ne peut pas s’empêcher d’analyser ce qu’on fait. Qu’est-ce qui stimule ces glandes et qu’est-ce qui fait qu’on n’arrête pas de les exciter ? Le cerveau primitif n’est plus excité de la même manière, car on ne chasse plus, on va au magasin ! Il reste la reconnaiss­ance sociale et maintenant, ça passe par les réseaux. Ça explique pourquoi tant de gens sont obsédés par les clics : parce que ça alimente leur cerveau…

Que lisez-vous présenteme­nt ?

Je lis le livre de Robert Lalonde, On est de son enfance. Ce n’est pas un roman, c’est comme un récit qui parle beaucoup de la nature, de son enfance, de son rapport au monde. Franchemen­t, il a une belle maîtrise de l’écriture. On habite le même village, Robert et moi.

Quel roman comptez-vous absolument lire dès que possible ?

Je suis assez ouvert à ce que les gens me conseillen­t ou à ce que je vois dans l’actualité et pour le moment, je ne sais pas. Peut-être le dernier livre de Barbara Kingsolver, On m’appelle Demon Copperhead.

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