Le Journal de Montreal

Mon nom est Pilon Daniel Pilon

Une vie comme un film hollywoodi­en, des projets plein la tête et ce charisme tranquille qui le précède, du haut de ses 71 balais Daniel Pilon n’a rien perdu de sa superbe.

-

Il a été pressenti pour jouer le rôle de James Bond, a été dirigé par le réalisateu­r culte Luis Buñuel, a tourné avec Orson Wells et fait la bringue avec John Wayne et Clint Eastwood, en plus d’avoir marqué le cinéma d’ici. Non, le parcours de Daniel Pilon n’est pas banal. Né en 1940 à Montréal, une décennie avant le début du baby boom, le célèbre comédien s’est toujours senti l’âme d’un boumeur.

L’EXPO

C’est d’ailleurs pendant l’expo 67, alors qu’il y occupait des fonctions administra­tives, que le jeune Daniel a fait la rencontre du déjà très influent producteur de films, Harry Saltzman. « Puisque j’étais chargé de recevoir les invités VIP, donc responsabl­e de l’organisati­on de son séjour, Saltzman voulait me rencontrer. Le lendemain, il m’a rappelé pour me remercier et m’a invité à me joindre à ses convives à l’occasion d’un repas privé. C’est au cours de ce repas qu’il m’a demandé ce que je ferais après l’expo, se souvient le comédien qui n’est jamais passé inaperçu. Je lui ai dit que je ret ournerais peut- être aux études, mais qu’auparavant, je prendrais un mois de vacances, histoire de visiter l’europe où je n’avais jamais mis les pieds. » Et Saltzman de lui proposer de passer le voir à son bureau londonien. Pilon part sillonner la France, l’italie et la Suisse, où il vivra une pléiade d’aventures. Trois jours avant son retour, il téléphone à Saltzman qui l’attend toujours. Arrivé de Londres, un chauffeur en livrée accueille le Québécois à l’aéroport pour le conduire au bureau du producteur. Ce dernier lui propose de le prendre sous son aile, lui offrant une formation d’acteur et un contrat à parapher. Exit les études de médecine auxquelles il s’était inscrit pour faire plaisir à maman, bye bye la carrière de prof de philo qu’il envisageai­t après ses études en « humanités », adieu la coopératio­n internatio­nale qui l’a séduite le temps d’un voyage en Amérique du Sud pour une branche montréalai­se d’emmaüs (l’abbé Pierre), sa voie d’acteur est désormais tracée.

PRESSENTI POUR JOUER JAMES BOND

Avec seulement un film à son actif (Le viol d’une jeune fille douce, de Gilles Carle, tourné les soirs et les fins de semaine quand il ne bossait pas à l’expo), et à peine deux mois après avoir r encontré Saltzman, Daniel – désormais divorcé et père de deux enfants, qu’il ne voit pas – se retrouve à Almeria, en Espagne, pour tourner en compagnie Richard Harris, Michael Caine et Nigel Davenport ! « Ce que Saltzman voyait en moi, c’était le rôle de James Bond, lance Pilon. Il me l’a dit un jour. Mais Cubby Broccoli, qui était le coproducte­ur, ne partageait pas son avis. À 27 ans,

j’étais trop jeune pour reprendre ce rôle qu’abandonnai­t Sean Connery. C’est cette année- là, en 1968, qu’ils ont embauché George Lazenby, qui n’a joué qu’un seul Bond. Il n’était pas mauvais, mais en raison d’un cafouillag­e d’agent qui demandait trop d’argent, on lui a retiré le rôle. Ensuite, ils ont choisi Roger Moore que j’ai rencontré à plusieurs reprises, car j’ai travaillé avec sa fille Barbara ( Moore) sur un soap », se souvient-il. S’il n’a jamais personnifi­é le célèbre OO7, la carrière de Pilon a dès lors pris son envol. Il va vivre deux ans à Londres puis, à l’invitation de Gilles Carle qui a écrit un premier rôle spécifique­ment pour lui, il revient au Québec pour le tournage de Red. Peu de temps après son retour, il rencontre une chanteuse soprano et, en 1970, les nouveaux amoureux décident de vivre leur rêve et s’installent à Rome. Pendant cette période italienne qui durera six ans, Pilon participe à plusieurs longs métrages européens, entrecoupé­s de quelques sauts au Québec.

JOHN WAYNE

En 1974, sur le plateau londonien du film Brannigan, il se lie d’amitié avec Johnwayne qui lui lance : « Pourquoi ne viendrais-tu pas vivre à Los Angeles ? On va avoir du plaisir ensemble. Nous possédons une maison de production et nous aimerions que tu sois là. J’y suis allé et ils m’ont prêté une maison qui était située près de celles de Frank Sinatra et Bing Crosby, juste en face de la demeure de Roy Disney, le frère de Walt », se souvient celui qui faisait la fête avec Michael et Patrick, les fils du légendaire cowboy. Puis, dans l es années 80, s’amorce la période soap et ses cotes d’écoute de plus 20 millions de télé- spectateur­s : Ryan’s Hope, Days of Our Lives et Dallas. Il revient au Québec dans les années 1990 et tourne dans les séries Scoop et Sirens, en plus d’apparaître dans Suspicious Mind ( 1997) et The List ( 2000). En 2007, il incarne le sénateur Rutledge dans le film Shoot’em Up, aux côtés de la sublime Monica Bellucci. Il travaille depuis quelques mois avec des collaborat­eurs à une télésérie dans laquelle il se réserve les casquettes de rôle principal et de producteur, en plus de rédiger sa biographie. Tout cela entre des présidence­s d’honneur et des apparition­s publiques ici et là. Si, à 71 ans, Daniel Pilon n’est pas exactement un boumeur, i l ne cristallis­e pas moins, à lui seul, les rêves de gloire et de liberté de toute une génération lyrique.

 ??  ?? 1
1
 ??  ?? 3
3
 ??  ?? 2
2
 ??  ?? 5
5
 ??  ?? EN 1974, SUR LE PLATEAU LONDONIEN DU FILM BRANNIGAN, IL SE LIE D’AMITIÉ AVEC JOHN WAYNE QUI LUI LANCE : « POURQUOI NE VIENDRAIS- TU PAS VIVRE À LOS ANGELES ? ON VA AVOIR DU PLAISIR ENSEMBLE.
4
EN 1974, SUR LE PLATEAU LONDONIEN DU FILM BRANNIGAN, IL SE LIE D’AMITIÉ AVEC JOHN WAYNE QUI LUI LANCE : « POURQUOI NE VIENDRAIS- TU PAS VIVRE À LOS ANGELES ? ON VA AVOIR DU PLAISIR ENSEMBLE. 4
 ??  ?? 4
4

Newspapers in French

Newspapers from Canada