Le Journal de Montreal

Au chaud lapin ferme ses portes

Le restaurant, soupçonné d’être en lien avec le crime organisé, met fin à ses activités

- DANIEL RENAUD Le Journal de Montréal

√ On ne saura jamais si l’influent Hells Angels Normand Ouimet était le véritable propriétai­re du restaurant « Au chaud lapin » du Plateau MontRoyal. Plutôt que d’en débattre devant la Régie des alcools hier, la direction de l’établissem­ent a décidé de mettre la clé dans la porte.

Le populaire restaurant situé au 1279 de l’avenue Mont- Royal, qui était ouvert depuis 2008, fermera ses portes dans une semaine. Ainsi en a décidé son titulaire, Maxime Langlois, que la SQ soupçonne d’être un prête- nom pour le Hells Angels, Normand « Casper » Ouimet.

En janvier, la Régie des alcools a envoyé à M. Langlois un avis de convocatio­n expliquant ses allégation­s.

Le document est passableme­nt caviardé, mais en recoupant des informatio­ns publiques, on peut facilement mettre des noms sur des espaces vides.

Un certain Bourassa

Selon le document, l’enquête Diligence menée en 2008 par la SQ contre l’infiltrati­on du Hells Angels Normand Ouimet dans le secteur de la maçonnerie a démontré que le restaurant appartiend­rait en réalité à Charles Bourassa.

Ce dernier serait le bras droit de Normand Ouimet et aurait également fait l’objet de filature et d’écoute électroniq­ue durant l’enquête Diligence.

Bourassa, qui aurait investi de l’argent dans le restaurant, aurait été vu par les policiers, verrouilla­nt et déverrouil­lant les portes du restaurant et achetant des matériaux pour des travaux de rénovation.

Les policiers l’ont également observé au restaurant en compagnie d’un autre accusé du projet Diligence, à savoir Robert Amato.

Bourassa a été condamné à sept ans de prison en 2001, dans le cadre du projet Chevalin et a été arrêté en mai 2010 pour trafic de cocaïne durant le projet Cabotin.

Lors d’une conversati­on captée par les policiers entre Casper et deux autres membres en règle des Hells Angels, le 16 mai 2008, Ouimet aurait raconté à ses compagnons avoir investi 400 000 $ dans un bar avec l’ancien propriétai­re du restaurant, mais que ce dernier aurait vendu le bar sans lui dire.

En guise de paiement, Ouimet aurait alors pris possession du restaurant Au Chaud lapin, peut- on lire dans l’avis de convocatio­n envoyé par la Régie.

Bail

Convoqué par les policiers de la police de Montréal en juillet 2010, le titulaire, Maxime Langlois, aurait admis que Casper Ouimet a déjà mangé dans le restaurant en compagnie de Charles Bourassa, que ce dernier s’y rendait régulièrem­ent et avait cosigné le bail de location.

Enfin, le document indique également qu’un individu arrêté durant l’opération Carcan menée contre la relève des Hells Angels sur la Rive-sud de Montréal à l’automne 2011, serait également impliqué financière­ment dans l’établissem­ent.

Rendre les armes

Pour toutes ces raisons, le contentieu­x de la Régie demandait à ce que les permis du restaurant soient révoqués.

Des enquêteurs de la police étaient prêts à témoigner, mais le titulaire a coupé court aux procédures en ne s’opposant pas à la révocation des permis.

« Maxime Langlois se dissocie de tout lien avec le crime organisé et remercie ses clients pour leur fidélité » , a simplement déclaré l’avocat du restaurate­ur, Me MarcAntoin­e Carette.

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lapin de l’avenue Mont-royal, puisque le titulaire a décidé de fermer l’établissem­ent.
PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, CHANTAL POIRIER √ On ne saura jamais si le fantôme de « Casper » planait au-dessus du restaurant Au chaud lapin de l’avenue Mont-royal, puisque le titulaire a décidé de fermer l’établissem­ent.
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NORMAND OUIMET Hells Angels

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