Quand les radars photo jouent les pères Noël
Certaines villes du Québec gagneraient à imiter une petite ville de l’Alberta dont les radars photo distribueront non seulement des contraventions, mais aussi des cadeaux aux automobilistes. C’est du moins l’avis d’experts consultés.
Les conducteurs respectueux des limites de vitesse dans les rues de Canmore courront bientôt la chance de remporter 250 $ grâce aux radars photo de cette municipalité ( voir autre texte).
«Peut-être bien que ça vaut la peine de miser sur le jeu, sur les incitatifs positifs, sur le désir de recevoir un cadeau», lance d’emblée Florence Junca- Adenot, directrice du Forum Urba 2015 de l’UQAM et spécialiste des transports.
Les retombées pourraient être fort positives, croit-elle.
«Je suis spontanément favorable aux mesures incitatives comme celle- là. Je crois qu’elles sont plus efficaces que de punir, dit-elle. Les incitatifs sont susceptibles de toucher un spectre de gens bien plus large.»
Si rien de tel n’existe pour l’instant au Québec, ce serait réalisable.
Pour ce faire, explique Mme Junca-Adenot, il faudrait tout d’abord augmenter le nombre de radars photo dans les rues.
En effet, pour que la mesure porte ses fruits dans les villes du Québec, « il faudrait des radars photo en nombre suffisant dans les voies où il y a le plus de dépassements de vitesse et le plus d’accidents aussi», précise la professeure.
Elle souligne toutefois l’importance de bien mesurer les avantages réels de ce projet dans les mois suivant sa mise en place.
Éducatif
Si rien de tel n’existe pour l’instant dans la Belle Province, c’est qu’«on n’utilise jamais le côté positif», déplore Alfredo Munoz, président de SOS Ticket, qui se dit favorable à la mise en place d’un projet semblable au Québec.
Cet ancien policier voit dans le projet de Canmore une mesure originale et surprenante qui aura le mérite d’ouvrir le débat sur la vitesse au volant.
«C’est l’occasion de faire une bonne publicité pour la sécurité routière, d’éduquer les gens et de toucher ceux qu’on a de la difficulté à rejoindre d’habitude», fait-il valoir.
«Tout le monde en jaserait (si c’était appliqué au Québec) » , assure- t- il. C’est une forme de prévention et d’éducation en soi, croit-il.
D’autant plus qu’«on démontre ainsi aux citoyens qu’on s’inquiète réellement de la sécurité sur les routes et qu’on ne fait pas ça ( installer des radars photo) juste pour amasser de l’argent», souligne M. Munoz.
Pour lui, il s’agit là d’une simple question d’équilibre entre les mesures répressives telles que la remise de contravention et les incitatifs à respecter les règlements sur les routes.
« Que ça fonctionne ou pas ( ce programme), ça fait preuve d’intelligence et c’est parfois ce qui nous manque, regrettet-il. (Ce projet) est très bien. Ça fait preuve d’avant-gardisme. Ça fait preuve de créativité et d’imagination.»