Le Journal de Montreal

200 camions à l’heure

Les camionneur­s font la file pour aller déverser leurs cargaisons de neige

- MÉLANIE BERGERON Le Journal de Montréal melanie.bergeron@quebecorme­dia.com

«Le jour, on voit passer à peu près 200 camions à l’heure ici. La nuit, c’est l’enfer comment c’est occupé», lance un contremaît­re qui travaille à la carrière Saint-Michel, à Montréal.

Pas une minute à perdre pour des dizaines et des dizaines de camionneur­s qui procèdent au chargement de la neige dans les rues de Montréal.

« Hurry up, hurry up! » lance l’un d’entre eux en passant à la guérite de la carrière Saint-Michel où il vient pour la neuvième fois aujourd’hui.

Quant à Michel Witty, « c’est mon 10e voyage et je n’ai pas encore fini ma journée», indique-t-il.

Des semi- remorques provenant, entre autres, de Montréal- Nord, d’Outremont et du Plateau Mont-Royal débarquent par dizaines, et ce, en continu.

Les chauffeurs de camion peuvent décharger jusqu’à 20 cargaisons de neige par jour lorsqu’ils travaillen­t dans un arrondisse­ment à proximité du site de dépôt.

Un feu roulant

Le Journal est monté à bord d’un véhicule de chargement pour observer ce tra- vail de longue haleine.

Patrick Higgins est camionneur depuis sept ans. Derrière le volant de son mastodonte, il exécute les commandes de son collègue qui s’apprête à lui souffler 29 000 kg de neige.

«On se parle par walkie-talkie et c’est lui qui me dit d’avancer ou de ralentir ma vitesse pour que la neige s’en aille à la bonne place», explique-t-il.

Il suffit d’à peine deux ou trois minutes pour complèteme­nt remplir la benne de neige. Il n’en faut pas plus pour qu’un autre camionneur vienne prendre le relais.

Pendant ce temps, M. Higgins se dirige à la chute à Fullum, un dépôt à neige se trouvant à quelques kilomètres. Vers 13 h, il était déjà allé porter neuf camions pleins à ras bord.

Cônes de neige

« Aujourd’hui c’est tranquille, mais des fois, il faut attendre 5- 6 camions avant de pouvoir aller “domper” notre neige.»

Ce dépôt fonctionne selon le débit d’eau, ce qui rend parfois le déversemen­t des chargement­s un peu plus difficile. La neige tombant dans l’eau, elle s’en va directemen­t au plan de filtration.

«On ne peut pas tous décharger en même temps parce qu’il n’y aura pas un assez fort débit», souligne-t-il.

Lors du passage du Journal à la carrière Saint- Michel, des camionneur­s venus des quatre coins de la ville ont pris d’assaut les 13 quais individuel­s pour y laisser tomber l eur remplissag­e. Ces déchargeme­nts créent d’immenses cônes de neiges usées.

« Ça va me prendre une couple de secondes pour vider mon truck… Le temps de lever ma boîte et c’est fini » , raconte Luc Chouinard au moment même de déverser sa cargaison.

Pas encore de record

Même si Montréal a reçu quelque 120 cm de neige depuis la tempête historique de jeudi, ces statistiqu­es n’égalent pas encore le fameux hiver de 2007-2008, durant lequel on avait accueilli 180 centimètre­s.

Cet hiver- là, la carrière Saint- Michel, profonde de 81 m, était «pleine à craquer», selon un contremaît­re qui y travaille depuis 25 ans.

«Les camions ne pouvaient même plus se vider ici parce que la neige ne descendait plus au fond de la carrière…», relate-t-il. Un camion peut transporte­r jusqu’à 34 000 kg de neige. Lors de l’hiver 1992- 1993, Montréal n’avait reçu que 14 cm de neige pour tout le mois de décembre.

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PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, MÉLANIE BERGERON √ Des centaines de camions débordant de neige envahissen­t les dépôts pour nettoyer au plus vite les rues et les trottoirs de la métro pole.

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