Le Journal de Montreal

1203 $ pour consulter la météo

Les frais d’itinérance peuvent coûter très cher, même à ceux qui croyaient les connaître

- STÉPHAN DUSSAULT Le Journal de Montréal stephan.dussault@quebecorme­dia.com PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL, PIERRE-PAUL POULIN

Le temps des Fêtes coûte déjà assez cher comme ça, mieux vaut ne pas se payer une belle surprise salée avec une facture astronomiq­ue de téléphone cellulaire au retour des vacances.

Quand Pierre Laurence parle de ses dernières vacances estivales en Corse, c’est à la facture corsée de téléphone cellulaire qu’il songe en premier. Pas moins de 1203 $, alors qu’il n’a à peu près pas utilisé son téléphone!

Et on ne parle pas ici d’une personne qui ne connaissai­t pas les frais d’itinérance.

«J’avais pris mes précaution­s en me procurant un deuxième téléphone cellulaire sur place. À peu près tout ce que je faisais était de consulter la météo une fois par jour sur mon iPhone», dit le professeur de l’Université du Québec à Montréal.

Petit oubli coûteux

Une météo qui ressemble aujourd’hui à une pluie de rancoeur, d’abord contre l’imprécisio­n des informatio­ns qu’on lui aurait transmises. Son fournisseu­r Bell l’a pourtant bien averti à son arrivée en Corse des frais plus élevés d’appel, de texto et de bande passante.

«Mais je n’avais pas compris qu’on me facturait toutes les données qui entraient dans mon téléphone, peu importe que je l’utilise ou non», dit-il.

Ce n’est qu’au retour à la maison qu’il apprendra que c’est la boîte de courriels, le logiciel de navigation ou les télécharge­ments automatiqu­es dont il n’a pas conscience qui lui ont coûté une petite fortune. Avec un tarif au mégaoctet de 3 $ à 30 $ selon les fournisseu­rs, le simple envoi d’une photo de voyage sur son compte Facebook pour coûter de 10 $ à 100 $.

«Ces histoires d’horreur, on en entend beaucoup. Beaucoup trop, en fait», dit Philippe Viel, porte-parole à l’Union des consommate­urs.

Or, désactiver le réseau mobile, se limiter au réseau Wi-Fi ou acheter une puce locale (la carte SIM) ne sont pas des stratégies appliquées par tous.

Le pire pays

Ce n’est donc pas étonnant de constater que 89 % des Canadiens disent payer trop cher pour l’utilisatio­n de leur téléphone à l’étranger. C’est ce que révèle un sondage commandé par le Centre pour la défense de l'intérêt public (CDIP) pour son rapport sur le sujet, publié ce mois-ci.

À l’instar de Pierre Laurence, un grand nombre d’utilisateu­rs canadiens ne connaissen­t pas bien les règles de leur fournisseu­r de service téléphoniq­ue. Alors, au lieu de se faire avoir, 60% des 2000 Canadiens sondés par le CDIP préfèrent fermer leur téléphone durant leur voyage à l’étranger ou le laisser carrément à la maison.

«Le Canada est le pire pays de la planète sur les frais d’itinérance » , peste Philippe Viel, qui dénonce l’absence d’une réglementa­tion plus musclée. «Les consommate­urs canadiens doivent être davantage protégés», conclut l’avocate Janet Lo, coauteure du rapport du CDIP.

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téléphone qu’il n’a à peu près pas utilisé lors d’un séjour en Corse.
√ Pierre Laurence, de Longueuil. Le professeur de l’UQAM a payé 1203 $ en août pour un téléphone qu’il n’a à peu près pas utilisé lors d’un séjour en Corse.
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JANET LO Avocate

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